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Paris : les écologistes vent debout contre la tour Triangle

Le chantier pourrait être lancé dès la fin de l'année 2021. Le chantier de la tour Triangle pourrait être lancé dès la fin de l'année 2021. [© Herzog et de Meuron]

Alors que le chantier de la tour Triangle doit (enfin) être lancé «d'ici à la fin de l'année 2021», comme l'a annoncé ce lundi 1er novembre le groupe spécialisé dans l'immobilier commercial Unibail-Rodamco-Westfield, les élus écologistes parisiens demandent l'abandon de ce projet qualifié d'«aberration climatique».

«A l'heure où débute la COP26, à l'heure où il nous faut des mesures drastiques pour réduire notre empreinte écologique, quelle terrible nouvelle pour le climat et pour Paris. Honte à Axa de permettre la réalisation de ce projet de tour de bureaux énergivore», a ainsi regretté David Belliard. L'adjoint écologiste à la mairie de Paris chargé de la transformation de l'espace public et des mobilités, n'a en effet pas caché sa déception au moment où le projet de construction de cette tour de 42 étages qui culminera à 180 mètres de haut au cœur du parc des Expositions de la Porte de Versailles (15e) a été relancé in extremis notamment grâce à l'apport financier du groupe français spécialisé dans l'assurance.

Un projet qui «ne répond plus aux besoins des Parisiens»

«On voit bien que si on laisse les enjeux économiques et les grandes entreprises guider les choix d'infrastructure» et donc «notre politique», «ce sont toujours des projets qui iront à l'encontre du climat, à l'encontre de l'intérêt général, qui seront choisis», a-t-il renchéri. Un avis partagé par tous les élus du groupe écologiste au Conseil de Paris. «Cet immonde projet a été sauvé grâce à Axa. Vous savez l'assureur qui se vante de faire des investissements écologiques et responsables», a également déploré Emile Meunier, élu écologiste du 18e et président de la commission urbanisme au Conseil de Paris.

Pour rappel, les élus du groupe écologiste au Conseil de Paris – tout comme la droite d'ailleurs – ont toujours voté contre ce projet, pensé dès 2004 et lancé en 2008 sous la mandature de l'ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë. En 2014, le projet avait même été rejeté par les élus parisiens à 83 voix contre 78. «Même si le progrès technique est indéniable, la tour Triangle ne sera pas écolo», avait alors affirmé David Belliard, soulignant à l'époque que «ce genre de décisions ne devraient pas être prises sans concertation en amont avec les habitants de la ville».

D'ailleurs, associés à la section parisienne d'Europe Ecologie Les Verts, les élus écologistes du Conseil de Pairs réclament désormais à Anne Hidalgo «d’abandonner la construction de la Tour Triangle et d’organiser une concertation citoyenne quant à l’alternative à proposer», dans un communiqué diffusé ce mardi 2 novembre. Ce projet «ne répond plus aux besoins et attentes des Parisiens», alors même «que l’urgence sociale appelle à produire de nouveaux logements afin de permettre à tous d’accéder à des logements dignes et pérennes», écrivent ces élus, qui dénoncent «un projet économiquement anachronique et hors sol».

une «divergence de points de vue»

Du côté de l'équipe de la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, le son de cloche est un brin différent. Son premier adjoint, Emmanuel Grégoire, a en effet salué une «excellente nouvelle pour l'attractivité de Paris et de notre pays», ajoutant qu'il s'agissait d'un projet qui «répond aux plus exigeantes normes environnementales» et qui «s'intégrera parfaitement dans le tissu urbain parisien de la Porte de Versailles». Mais là aussi, le bas blesse. Pour Emile Meunier, il y a «une vraie divergence de points de vue [entre la majorité et les écologistes] de croire encore que l'attractivité est de capter à tout prix tous les emplois de la métropole».

Pour l'élu écologiste, «il y a déjà trop de bureaux à Paris». Jusqu'à «4 millions de m2 de bureaux sont vacants sur le territoire francilien», assurent les élus écologistes. «C'est une politique qui va dans le mur» souligne donc Emile Meunier, «de créer encore des bureaux, d'augmenter encore les déplacements banlieue-Paris et donc d'augmenter encore le prix du foncier». «Je peux comprendre que dans les années 2000, on était encore dans un fantasme économique de l'attractivité à tout prix, mais aujourd'hui, il faut penser Paris comme faisant partie d'un système plus large, intégré à la métropole du Grand Paris et à la France».

Et d'assurer, convaincu, que «l'économie aujourd'hui, c'est la recherche d'un équilibre, ce n'est pas capter toute la richesse au détriment des autres». L'élu appelle donc à la «mobilisation la plus large possible» pour tenter «d'interpeller les actionnaires d'Axa» et de «leur faire comprendre que dire "non" aux énergies fossiles d'ici à 2030 c'est bien, mais si c'est pour investir dans le béton et l'acier, ce n'est pas une solution». 

Et ce, sans compter qu'une enquête lancée par le parquet financier pour des «soupçons de favoritisme» est toujours en cours. Or, celle-ci pourrait, selon Emile Meunier, «possiblement déboucher sur une remise en cause du projet». «Dans le doute, ce serait terrible de commencer des travaux qu'on ne serait pas en mesure de finir», soulève celui qui s'est dit «écœuré» et prêt à «étudier un référé au tribunal administratif pour stopper les travaux» qui devraient commencer d'ici à quelques semaines.

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