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L'édito d'Eugénie Bastié : «Forces et faiblesses d’Éric Zemmour»

Dans son édito de ce mercredi 1er décembre, Eugénie Bastié, journaliste au Figaro, revient sur l'annonce de la candidature à l'élection présidentielle d'Éric Zemmour.

Après deux semaines de turbulences politico-médiatiques qui l’ont mis en difficulté, Eric Zemmour a franchi le pas. Trop tard ? Il est possible que le candidat ait trop attendu au casino, espérant que les gains montent dans les sondages en repoussant trop longtemps sa candidature, créant une forme de lassitude qu’il a tenté de combler par des coups d’éclats stériles.

Éric Zemmour a fait une déclaration de candidature conforme à ses penchants, très zemmourienne : littéraire, historique, bien écrite, nostalgique, goûtant au lyrisme et à la grandiloquence. Certains l’ont jugé passéiste, crépusculaire et mégalomane. Mais on peut aussi la juger tranchante, originale par rapport aux autres candidats. La «marque Zemmour» comme l’analyse le sondeur Raphael LLorca, s’appuie sur les codes Netflix d’une profonde modernité, qui au contraire ringardise ses opposants. Il est un des rares (peut être avec Emmanuel Macron en 2017) à proposer un grand récit (presque un roman) à l’heure où les offres politiques sont confuses et diffractées.

Sur le fond, Zemmour souffle sur un sentiment profond qui habite les Français, «la nostalgie», né du passage brutal de la France d’avant à la France d’après, comme le décrit très bien Fourquet dans son dernier livre.

Quels défis attendent Eric Zemmour ?

L’entrée en campagne fulgurante d’Éric Zemmour s’est fait sur la conflictualité. Il a réintroduit du conflit dans un univers politique verrouillé par le duel Le Pen-Macron, où certains sujets étaient tabous. Mais s’il a su chevaucher Polemos le dieu de la guerre, il n’a pas su encore élargir sa base et rassurer quant à sa capacité à rassembler les Français.

En témoigne la référence à l’appel du 18 juin, l’ambition d’Éric Zemmour est énorme. Son clip de candidature est sotériologique : il nous promet non pas de «réformer» mais de «sauver» la France. Cette promesse de «salut» est une rupture radicale, qui est réactionnaire au sens propre du terme : faire la révolution contraire, revenir au point d’avant la révolution. C’est un horizon utopique. Est-il possible ? Comment retourner à cette France d’avant que Zemmour, comme beaucoup de Français regrettent ? Ce sera tout l’enjeu de Zemmour de montrer que son lyrisme peut s’incarner dans des propositions concrètes et crédibles. Napoléon ça n’est pas que l’épopée, c’est aussi le Code Civil.

La création d’un grand récit, l’appui sur l’angoisse profonde de dépossession des Français et la bêtise de ses opposants politique (y compris certains médias) prompts à le diaboliser : tels sont les trois grandes forces d’Éric Zemmour.

La possibilité d’une concorde, le réalisme des propositions, la conquête des classes populaires, tels sont les trois défis dont l’avenir nous dira s’il peut les relever.

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