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Deux passeurs de migrants interpellés au Pays basque

Les enquêteurs de la Police aux frontières français sont en lien avec les Espagnols dans le cadre de leur lutte contre les réseaux de passeurs. [ERIC PIERMONT / AFP]

Ce sont deux affaires distinctes mais les méthodes sont similaires : moyennant finances, faire passer en France des migrants venus d'Afrique via le sud de l'Espagne et le col de Lizuniaga dans les Pyrénées-Atlantiques avant de les déposer à proximité d'un centre d'accueil pour migrants du Pays basque. Le premier suspect a été condamné à 5 mois de prison avec sursis.

C'est un passage très peu fréquenté, exception faite des individus qui souhaitent aller de l'Espagne à la France le plus discrètement possible. Le col de Lizuniaga, près de Sare dans les Pyrénées-Atlantiques, est celui qu'ont choisi deux individus pour faire passer plusieurs migrants dans l'Hexagone ces dernières semaines, selon les informations recueillies par CNEWS.

Depuis plusieurs mois, la pression migratoire est importante sur le sud de l'Espagne et le Pays basque est une des voies prisées par les candidats à l'exil à France. Les suspects ont flairé la bonne affaire. Sans se connaître puisqu'il s'agit de deux affaires distinctes, ils allaient rôder autour des lieux de rassemblements des migrants côté espagnol pour vendre leurs services de passeurs. C'est la conviction qu'ont acquise les enquêteurs de la Police aux frontières.

La zone est très prisée des migrants

Les policiers espagnols remarquent le 15 novembre dernier un véhicule immatriculé en France qui vient de récupérer quatre migrants. Ils engagent la filature et l'attitude du conducteur ne trompe pas : il a les réflexes des délinquants chevronnés, essayant à plusieurs reprises de déjouer leur surveillance. Ce qu'il parvient à faire.

Son signalement est donné aux enquêteurs de la Police aux frontières français, avec qui les Espagnols sont en lien toutes les semaines dans le cadre de leur lutte contre les réseaux de passeurs : «C'est un travail intensif, sur 180 km de frontières, explique à CNEWS une source proche du dossier. Et le Pays basque est très prisé par les migrants parce que de nombreuses associations qui leur viennent en aide y sont installées.»

L'individu, âgé de 19 ans, est un ancien mineur non accompagné, Malien, en situation régulière dans l'Hexagone. Les policiers français voient sur plusieurs jours son véhicule s'arrêter régulièrement à proximité du centre d'accueil de migrants de Bayonne, où il dépose discrètement plusieurs individus. Croisant notamment la téléphonie, la vidéosurveillance et le balisage de la voiture, les enquêteurs vont le 22 novembre constater que le suspect franchit le col de Lizuniaga avec quatre migrants à bord avant de l'arrêter en flagrant délit à Bayonne près du centre d'accueil.

Au total, les enquêteurs lui attribuent 12 passages qui lui ont, selon eux, permis de faire entrer en France 42 personnes en situation irrégulière, chaque passage étant payé 100 à 200 euros par personne. Des faits intégralement reconnus par le suspect en garde à vue. En perquisition, les policiers ont saisi 10 000 euros en espèces qui étaient cachés sous son lit alors que l'individu est sans profession. Jugé en comparution immédiate jeudi 25 novembre, il a été condamné à 5 mois de prison avec sursis.

 

L'autre suspect, personnage principal d'une autre enquête, a lui été présenté à un magistrat aujourd'hui, qui devait décider des suites judiciaires le concernant. Cet homme d'une cinquantaine d'années, sans antécédents similaires, a été interpellé ce mardi 30 novembre. Un renseignement est là aussi fourni aux enquêteurs français par les Espagnols sur un suspect aperçu près d'un point de regroupement de migrants côté espagnol.Il s'avère que l'individu est déjà dans le viseur des fonctionnaires français sans avoir pu être confondu jusqu'alors. Cette fois sera la bonne.

Il est arrêté au pied du col de Lizuniaga avec trois migrants dans son véhicule qui disent avoir payé 150 euros par personne pour passer la frontière montagneuse. Les policiers retrouvent d'ailleurs des échanges whatsapp jugés explicites sur les transactions. Des faits confortés par une comptabilité retrouvée en perquisition chez le suspect avec sur une feuille A4 le nom de 23 personnes et la somme de 350 euros en liquide. Parallèlement, la téléphonie révèle que l'individu s'est retrouvé sur les trois dernières semaines à neuf reprises au pied du fameux col alors qu'il habite à vingt kilomètres de là.

Les enquêteurs le suspectent d'avoir réalisé au total le passage de 36 migrants. Lui s'en défend, avançant pour sa défense son implication dans une association locale d'aide aux migrants. En garde à vue, il a refusé de répondre aux questions et s'est limité à déclarer qu'il faisait ça à titre associatif, sans demander d'argent, contrairement aux éléments d'enquête.

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