En direct
A suivre

Emmanuel Macron : Covid, gilets jaunes, réformes... que faut-il retenir de l'interview du président ?

Invité sur le plateau de TF1 ce mercredi 15 décembre, Emmanuel Macron devait, selon la chaîne, offrir «un moment de vérité» aux Français. Au cours de cet entretien intitulé «Où va la France ?», le président de la République est revenu sur les temps forts de son quinquennat, crise sanitaire et Gilets jaunes en tête.

La pandémie

La crise sanitaire a évidemment été le premier sujet traité ce soir par le président de la République. Face à la 5e vague que traverse actuellement la France, Emmanuel Macron a indiqué que la stratégie française reposerait toujours sur les trois mêmes piliers : la vaccination, le pass sanitaire et les gestes barrières.

Se félicitant des 700.000 vaccinations enregistrées en moyenne ces derniers jours, le chef d'Etat a tout de même exprimé son inquiétude car «très vraisemblablement, entre Noël et le nouvel an, il y aura beaucoup de cas de Covid avec une très forte pression sur l’hôpital».

Appelant chacun à prendre rendez-vous pour une dose de rappel, Emmanuel Macron a estimé qu'avec «90% des personnes éligibles vaccinées», nous sommes «quasiment à l'obligation vaccinale». Ce qui n'empêche pas de «continuer à convaincre ceux qui ne sont pas vaccinés», un peu plus de 5 millions de Français, de le faire.

Dans cet esprit, le président de la République estime par ailleurs la vaccination de tous les enfants de 5 à 11 ans souhaitable puisque «le virus tourne très vite» dans cette tranche d'âge. Face à l'arrivée de nouveaux variants Emmanuel Macron a en outre soulevé l'hypothèse d'un rappel récurrent nécessaire contre le Covid-19 si ce dernier devient «saisonnier». Cela fonctionnerait alors à la manière de ce qui se fait pour la grippe «qui revient chaque année dans une version un peu différente».

A ceux qui lui reprochent d'installer une société du contrôle, le chef d'Etat répond qu'il préfère parler de «société de vigilance ou de responsabilité». «Il faut à chaque fois trouver la bonne proportionnalité», résume-t-il, estimant que le «débat démocratique» n'a jamais été perdu et promettant que le pass sanitaire sera bel et bien «provisoire».

Refusant de reconnaître que la France s'est trouvée démunie, notamment face à un manque de masque au début de la pandémie, Emmanuel Macron a expliqué que cette situation s'était produite parce que «tous les pays du monde étaient touchés en même temps». «L'approvisionnement régulier n'était plus possible» et nous ne disposions pas de «stock de précaution» car nous n'avions jamais connu telle situation, a justifié le président.

Ainsi, le chef d'Etat estime que cette crise sanitaire a révélé deux faiblesses majeures : d'abord celle de la vulnérabilité de l'Humanité, et ensuite celle de «la dépendance», liée à la mondialisation. Aussi, si la sortie de crise ne peut être synonyme d'«autarcie» elle doit en tout cas passer par un «réarmement». «On doit réapprendre à être souverain, même si on importera toujours».

Le Quoi qu'il en coûte

Réaffirmant un tryptique «Libérer, protéger, unifier», Emmanuel Macron a défendu les mesures prises dans le cadre du «Quoi qu'il en coûte». Enumérant les prêts garantis par l'Etat, le chômage partiel ou encore le fonds de solidarité, le président a expliqué que l'objectif était d'«aider les entreprises pour qu'elles aident à leur tour les salariés».

Une stratégie payante selon lui puisqu'aujourd'hui «le taux de chômage est au plus bas depuis 15 ans» et «l'économie est plus forte par rapport à il y a cinq ans». Il a affirmé que la crise lui avait ouvert les yeux sur «les inégalités insupportables qui peuvent exister». Notamment concernant la situation des personnes occupant des emplois dits «de première ligne».

Reconnaissant que l'hôpital était déjà en crise avant la pandémie, Emmanuel Macron a admis un «problème de personnel» et la nécessité de «changer l'organisation de l'hôpital qui s'est trop bureaucratisé à travers les décennies». Défendant les investissements du Segur de la santé, qui a notamment entrainé une augmentation de salaire d'au moins 183 euros pour les soignants, le président a néanmoins reconnu ne pas avoir immédiatement mesuré «le sentiment d'urgence».

Les Gilets jaunes

Présenté comme la deuxième grande crise du quinquennat d'Emmanuel Macron le mouvement des gilets jaunes a été longuement abordé. «Quelque chose s'est passé à un moment, qui fait que la foule devient folle», lâche le chef d'Etat à ce sujet. Parlant de «la violence extrême dans nos rues», il est notamment revenu sur l'incendie de la préfecture du Puy-en-Velay et la dégradation de l'Arc de Triomphe.

«Nous avons vécu un moment où la violence est chez certains devenue légitime», déclare le président qui évoque là «une erreur funeste», celle de la «désagrégation des valeurs». Estimant que l'on n'a «pas droit au discours de haine et à la violence envers les dirigeants» dans une démocratie où «il y a des élections régulières», Emmanuel Macron a mis en cause les réseaux sociaux qui, par leur «anonymat», favorisent selon lui la libération de cette violence.

Le président français pense que la crise des gilets jaunes a été révélatrice de «peurs profondes dans notre société», celles d'une France «qui se sent invisible». Elle rassemble ces Français qui sont «caissières, caissiers, des auxiliaires de vie payés 800-900 euros par mois, des femmes isolées qui élèvent seules leur enfant», a-t-il énuméré. Cette France est celle qui «se sent empêchée» par des décisions vécues comme injustes, notamment l'augmentation des prix du carburant. C'est aussi celle «qui nous tient et nous fait vivre» et qui doit être inclue dans cette «révolution possible», selon Emmanuel Macron. 

Les réformes

A quelques mois de la fin de son mandat, le chef d'Etat estime avoir «bousculé des habitudes». Il évoque la création de «plus d'un million d'emplois», l'augmentation du nombre d'apprentis, les créations d'entreprises qui n'ont jamais été si nombreuses et une «révolution dans les textes», notamment en termes de fiscalité et de travail.

La réforme de l'assurance chômage, qui doit «rendre le travail plus incitatif», a notamment été évoquée comme l'une des réussites du quinquennat, mise en oeuvre malgré la crise sanitaire. Emmanuel Macron a également défendu une «vraie révolution de l'apprentissage depuis 2017». Appelant à «remettre l'éducation au coeur du projet de la nation» il a énuméré les actions menées en ce sens, telles que l'école obligatoire dès 3 ans, le dédoublement des classes en zones prioritaires ou encore la réforme du baccalauréat.

Le président de la République a également longuement abordé la réforme des retraites, bien que celle-ci n'aie pas pu être menée. Il la juge toujours «indispensable», même s'il ne la conduirait pas exactement de la même façon aujourd'hui. Puisque le «financement des retraites» est à présent un problème, il faudra «travailler plus longtemps» et «repenser le travail des seniors», assure le chef de l'Etat.

Les règles doivent également être simplifiées, avec notamment une «sortie des régimes spéciaux» pour aller vers un système qui «grosso modo» comptera «trois grands régimes». L'enjeu, au coeur de cette réforme, est de «produire plus», développe Emmanuel Macron. Il faut «tout faire pour avoir un taux d'emploi et d'activité plus important» afin de pouvoir «financer le modèle social».

La sécurité

Le sujet a d'abord été abordé en évoquant l'assassinat de Samuel Paty. Un moment de «sidération», selon Emmanuel Macron. Considérant que le pays a alors été «touché dans ce qu'il a de fort dans ses valeurs par la haine et le fanatisme», le président a souligné la «tristesse» mais aussi la nécessité de «continuer d'agir contre l'islamisme radical».

Un «combat à mener avec détermination mais sans haine», auquel le président estime avoir apporté une réponse avec la création d'un parquet spécialisé et le renforcement des équipes dédiées. Il évoque «une trentaine d'attentats déjoués» sur le sol français.

Plus largement, le chef d'Etat a décrit une «insécurité du quotidien insupportable», avec une délinquance moyenne en baisse mais des violences aux personnes en hausse. Se félicitant des 10.000 postes de policiers et gendarmes créés et du partenariat renforcé localement auprès des maires, il estime que «rééquiper le pays met un peu de temps».

L'immigration

«Nous n'avons pas bien intégré ces dernières décennies», a lâché Emmanuel Macron lors de cet interview. Saluant la part d'immigration qui «s'est intégrée par le travail» en faisant «des tâches que les Français ne voulaient plus faire», le président a néanmoins déploré une «ségrégation» dans des «quartiers où on mettait toutes les difficultés au même endroit».

Face à une immigration qui augmente en raison d'une «crise politique» et de «trafiquants mieux organisés», le chef de l'Etat veut «mieux protéger nos frontières grâce à une réforme de Schengen». Il parle de «gardes» plus nombreux aux frontières, mais aussi de la nécessité de «casser les réseaux» de passeurs.

Les «couacs» du quinquennat

Certains propos décriés du président de la République ont été passés en revue. Lorsqu'il invitait par exemple un jeune homme a «traverser la rue» pour trouver un emploi ou encore qu'il opposait «ceux qui ont reussi» à «ceux qui ne sont rien».

Invoquant une «volonté de transgresser, de bousculer, de ne pas céder à une certaine forme de conformisme», Emmanuel Macron a néanmoins regretté «des mots qui peuvent blesser». «On ne fait rien bouger si on n'est pas pétri d'un respect infini pour chacun», a-t-il conclu.

Emmanuel Macron a également fait réagir avec ses propos lors de l'Affaire Benalla, déclarant «s'ils veulent un responsable il est devant vous, qu'ils viennent me chercher». Avec le recul, le chef d'Etat estime qu'il s'agissait plutôt d'«une affaire d'été que d'une affaire d'Etat». «Alexandre Benalla n'a pas été protégé au-delà de ce qu'il devait être, a alors affirmé le président. Il a été condamné parce que traité comme tout justiciable».

L'élection présidentielle de 2022

Malgré les nombreuses questions des deux journalistes à ce sujet, Emmanuel Macron ne s'est pas déclaré candidat à sa succession. Promettant de travailler «jusqu'au dernier quart d'heure», le président indique pour l'instant ne pas souhaiter se détourner de ses responsabilités pour entrer en campagne.

Malgré tout, «quand on veut faire la révolution, on se projette, concède le chef d'Etat. Si la question est "est-ce que vous avez de l'ambition, est-ce que vous vous projetez au-delà du mois d'avril ?", d'évidence». Pour l'heure, Emmanuel Macron s'applique à «consolider en [son] for intérieur [sa] réflexion».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités