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Vers un nouveau scandale sanitaire avec les médicaments Lutényl et Lutéran ?

Une enquête a démontré qu’une femme utilisant le Lutényl ou le Lutéran pendant 6 mois avait 3,3 fois plus de risque de développer une tumeur des méninges qu’une personne lambda. [ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP]

Alors que des tests ont reconnu un risque accru de méningiome avec la prise du progestatif Andropur il y a 12 ans, deux autres molécules pour les femmes souffrant de problèmes gynécologiques ont été ciblées comme dangereuses l’an dernier.

En 2009, l’acétate de cyprotérone contenu dans le médicament Andropur a été reconnu comme à risque en raison de la probabilité accrue de développement d’un méningiome. Une notion d’avertissement avait été apposée sur la boîte de comprimés dès 2011 afin d’en avertir les consommatrices.

Grâce à une étude épidémiologique réalisée en 2020, et relayée par La Dépêche, deux autres molécules, l’acétate de nomégestrol et l’acétate de chlormadinone, respectivement présentes dans les médicaments voisins Lutényl et Lutéran, ont été répertoriées.

A ce sujet, l’enquête a démontré qu’une femme utilisant l’un des deux traitements mentionnés ci-dessus pendant 6 mois avait 3,3 fois plus de risque de développer une tumeur des méninges qu’une personne n’ayant pas pris ces médicaments. Ce risque d'exposition pourrait même être multiplié par 12 suivant la dose utilisée, l’âge de la patiente et la durée du traitement.

L’importance du bénéfice risque

De son côté, l’Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a indiqué que l’utilisation du Lutényl et du Lutéran devait être faite suivant l’évaluation du bénéfice risque. Elle a également rappelé que seul un cas de méningiome sur 1.000 patientes bénéficiant de ce traitement avait été comptabilisé.

L’ANSM a assuré que la prise de ces deux médicaments était déconseillée en cas de bénéfice risque défavorable, comme des irrégularités du cycle menstruel, des douleurs mammaires modérées, des symptômes en lien avec la ménopause et en cas d’usage contraceptif pour les femmes n’ayant pas de pathologie cardiaque.

En revanche, l’utilisation des deux molécules a été recommandée si le bénéfice risque est favorable, c’est-à-dire si la patiente est atteinte d’endométriose, de mastopathie sévère et d’hémorragie fonctionnelle. Pour cela, il a été recommandé de faire une IRM après un an de traitement afin de vérifier tout signe suspect de potentielle tumeur.

Une bataille judiciaire

Déjà présent comme avocat des victimes lors des procès Mediator et Dépakine, Me Charles Joseph-Oudin a pris la défense des victimes d’Androcur, du Lutényl et du Lutéran en lançant des procédures judiciaires dès avril 2019. En octobre de la même année, il avait obtenu le lancement de 35 expertises judiciaires au sujet des trois médicaments.

«Il y a eu un défaut d’information des patientes, alors que les laboratoires et les autorités de santé connaissaient les risques depuis le milieu des années 90 selon nous (...) Le rapport bénéfice risque est très faible et ne méritait pas d’en arriver là», a expliqué Me Joseph-Oudin dans des propos rapportés par La Dépêche.

L’une des 35 expertises, liée à pharmacologie générale, devra rendre ses conclusions ce mercredi 15 décembre. Elle pourrait permettre de comprendre les liens de causalité entre les progestatifs et les tumeurs déplorées par de nombreuses victimes.

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