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L'édito d'Eugénie Bastié : «Omicron servira-t-il Emmanuel Macron ?»

Dans son édito de ce mercredi 22 décembre, Eugénie Bastié, journaliste au Figaro, revient sur le cinquième vague du Covid-19, et son rôle possible dans l'élection présidentielle.

Las ! C’est la troisième élection que nous vivrons sous gestes barrières, après les municipales de 2020 et les régionales de 2021. Étant donné la panique à bord qui règne, ce qui nous attend est probablement une campagne où les techniques traditionnelles seront délaissées : adieu bains de foule, tractages sur les marchés, meetings imposants, contacts directs avec les électeurs.. bonjour campagne virtuelle, plateaux télés et réseaux sociaux. Vous me direz, est-ce que ça changera vraiment quelque chose ? Pas sûr.

Si le meeting récent d’Eric Zemmour a montré une démonstration de force physique qui a redressé quelque peu la barre de sa campagne, ça fait bien longtemps que la politique se joue essentiellement dans les médias. Nous sommes entrés depuis longtemps déjà dans l’ère de ce que Régis Debray appelle l’hypersphère, la médiatisation horizontale de la politique sans tous les outils traditionnels qu’étaient les partis, les salles combles, les fanions. Cette campagne virtuelle risque t-elle d’accentuer l’abstention ? Certainement.

On se souvient que les classes populaires qui ne se sont pas déplacés en juin dernier pour les municipales. Leur absence de mobilisation avait nui principalement au Rassemblement national. Est-ce à dire que le contexte de crise sanitaire bénéficie aux asortants, et donc pourrait in fine servir Emmanuel Macron en campagne ? «Les régionales ont tout simplement été gelées par la crise du Covid, confiait Macron à Guillaume Tabard du Figaro La totalité des sortants ont été reconduits, qu’ils soient de droite ou de gauche, ce qui prouve que les régionales n’ont pas eu un verdict partisan.» C’est sa lecture… Mais il est vrai que la démobilisation politique a été réelle, avace un taux de participation de seulement 35%.

Mais l’attribuer seulement au Covid serait sous-estimer les vraies raisons de l’abstention : le désintérêt des citoyens pour la chose publique, le sentiment d’impuissance. L’élection présidentielle, qui mobilise davantage les électeurs repose sur d’autres ressorts et peut mobiliser les abstentionnistes. Mais surtout, toute reprise réelle de l’épidémie peut remettre en question l’un des atouts majeurs d’Emmanuel Macron dans la campagne, sur lequel il avait beaucoup insisté dans ses dernières interventions : l’  «économie heureuse», c’est-à-dire le fait malgré la crise, les voyants économiques sont pour l’instant au vert.

D’où la mise en œuvre d’une forme de «quoi qu’il en coûte inversé», comme le remarque Arthur Berdah dans le Figaro : il ne s’agit plus d’arrêter l’économie pour sauver la santé, mais de pousser plus loin le pass sanitaire pour sauver à tout prix l’économie.

Le risque est aussi d’une forme de lassitude dont on ne sait pas quel débouché politique elle prendra : désir d’alternance pour tourner la page d’un quinquennat associé à une crise interminable ou reflexe légitimiste vers la continuité ? « On sait comment vote un pays en colère, (…) mais pas comment vote un pays fatigué" disait un conseiller de Macron dans le JDD.

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