En direct
A suivre

Féminicide de Mérignac : le patron de la police confirme les sanctions envers les agents mis en cause

Neuf mois après le meurtre de Chahinez par son compagnon à Mérignac (Gironde), six policiers sont passés ce mardi 4 janvier en conseil de discipline. Le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, a annoncé avoir confirmé les sanctions du conseil de discipline.

Ils devaient s'expliquer sur l'affaire et prouver qu'ils avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour protéger la mère de famille.

Dans le détail, deux brigadiers étaient convoqués à Bordeaux (Gironde) et quatre officiers et commissaires à Paris, dont le chef de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de Gironde. Ce dernier a reçu un avertissement, a indiqué une source syndicale à CNEWS. Le commissaire a écopé d'une suspension de trois jours avec sursis, et les sanctions des autres agents ne sont pas encore connues. Elles peuvent aller jusqu'à la révocation. 

Les six policiers sont accusés de «manquements administratifs», a expliqué Eric Marrocq, le secrétaire du syndicat de police Alliance. «L'étude du dossier en commission de discipline permettra de lever les doutes quant à leur impartialité et leur professionnalisme.» 

Survenu le 4 mai dernier, le féminicide de Chahinez Daoud a révélé une série de dysfonctionnements dans la police. Cette mère de trois enfants s'était rendue au commissariat de Mérignac, dans la banlieue de Bordeaux, après avoir été agressée une nouvelle fois par son mari Mounir B.

Celui-ci avait pourtant interdiction de l'approcher, ayant déjà été condamné pour violences conjugales sur Chahinez en 2020. Il purgeait une peine de prison avec sursis. La seconde plainte de Chahinez aurait donc pu le renvoyer derrière les barreaux, mais Mounir B. n'a pas été arrêté. Deux mois plus tard, il a attendu sa compagne devant chez elle, lui a tiré plusieurs fois dans les jambes avec une arme à feu, et l'a brûlée vive. Elle était âgée de 31 ans. 

Failles dans le système

Ce meurtre a soulevé une vague de colère. Le fait que Mounir B. ait pu continuer à profiter de sa liberté malgré sa récidive, sans contrôle de ses mouvements ou de sa possession d'armes, pose question. L'absence de mesure de sécurité accordée à la victime (téléphone grand danger, par exemple) a aussi été pointée. Un rapport de l'IGPN, «police des polices», publié en septembre a établi officiellement que des fautes avaient été commises par plusieurs policiers.

Plus tôt dans l'été, Le Canard Enchaîné avait révélé que l'agent ayant enregistré la plainte de Chahinez avant le drame avait lui-même été condamné pour violences conjugales. «Il existe un doute sérieux sur le soin avec lequel les grilles d'évaluation du danger ont été renseignées», a reconnu l'IGPN. 

Le policier en question est passé en conseil de discipline en septembre à Bordeaux. Selon des sources syndicales, la privation de son droit d'éligibilité l'a conduit à sa radiation de la police nationale. Les agents entendus ce 4 janvier ont quant à eux «bien reçu leurs convocations», a confirmé Eric Marrocq. «Ils ont accepté de comparaître. Ils vont essayer de passer tant bien que mal les fêtes et ont hâte de laver leur honneur.»

En 2021, 113 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon, selon le collectif NousToutes. Au 4 janvier, trois féminicides ont déjà été commis en 2022. «Recommencer ce décompte est insupportable, agissez», a tweeté le collectif. «Ces féminicides auraient pu être évités.»

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités