En direct
A suivre

«Un bicot comme ça, ça nage pas» : des policiers condamnés jusqu'à 6 mois de prison ferme

Dans cette affaire, six policiers ont été condamnés par le tribunal de Bobigny (93). Dans cette affaire, six policiers ont été condamnés par le tribunal de Bobigny (93). [© Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

Le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a condamné ce jeudi 6 janvier six policiers à des peines allant de six à douze mois de prison, dont six mois ferme pour certains, pour des violences et des injures racistes lors de l'interpellation d'un Égyptien en avril 2020.

Le policier, qui avait qualifié l'homme interpellé de «bicot» incapable de nager, a été condamné à six mois de prison avec sursis.

Quatre de ses collègues ont été condamnés à douze mois dont six mois ferme.

Le parquet de Bobigny n'a néanmoins pas retenu les violences dans ses réquisitions, seulement les insultes, et demandé des peines inférieures aux réquisitions.

Des commentaires racistes filmés

Les faits remontent à la fin du mois d'avril 2020. Sur une vidéo diffusée le dimanche 26 avril dans l'après-midi sur le compte Twitter du journaliste Taha Bouhafs, des policiers sont filmés après une interpellation houleuse, durant laquelle des commentaires racistes sont prononcés.

Une scène jugée «glaçante» par le journaliste, qui explique que l'interpellation en question s'est déroulée à L'Île-Saint-Denis (93), vers 2h du matin, dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 avril.

«Un bicot comme ça, ça nage pas», peut-on entendre sur cette séquence. «Ahah, ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied», lui répond un autre, laissant supposer que les agents ont sorti le suspect de l'eau de la Seine, toute proche.

Une vidéo «inacceptable» selon Eric Coquerel

A l'époque, le député LFI de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel avait dénoncé une vidéo décrite comme «inacceptable». «Je ne sais pas ce que ce dernier a fait, je sais par contre que le 17 octobre 1961, on a retrouvé sur ces mêmes berges les corps d'Algériens noyés par la police. Entendre aujourd'hui de tels propos et comportements racistes de la part de fonctionnaires de police est une honte et une grande inquiétude», avait-il fustigé.

«Avec le maire de L'Île-Saint-Denis Mohammed Gnabally, nous sommes en contact avec les autorités pour en savoir plus sur ces faits condamnables», avait-t-il ensuite fait savoir dans un communiqué. Après l'indignation des réseaux sociaux, l'IGPN, la police des polices, avait été saisie de l'affaire.

«Un policier a un devoir d'exemplarité», a fait valoir le procureur de Bobigny (93) Loïc Pageot, lors de l'ouverture du procès début novembre. «"Bicot" a une connotation particulière même soixante ans après les faits. Quand on repêche quelqu'un, ces mots gardent toute sa signification», avait-il souligné alors, rappelant à son tour la répression violente de manifestants algériens le 17 octobre 1961 à Paris.

Pour sa défense, le fonctionnaire qui a usé du terme «bicot» avait assuré qu'il s'agissait d'«une blague de mauvais goût». «J'avais besoin de décompresser et faire marrer la galerie», s'était ainsi excusé le policier de 26 ans, issu des effectifs de nuit de la Direction territoriale de la sécurité publique des Hauts-de-Seine, qui a dit «regretter cette blague».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités