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Paris : l'ouverture d'un centre d'accueil pour sans-abri déchaîne les passions dans le 20e

Prévue pour la rentrée 2022, l'installation au 73, rue Saint-Fargeau, dans le 20e arrondissement de Paris, d'un centre d'accueil pour sans-abri déchaîne les passions dans ce quartier, où les riverains ne voient pas ce projet d'un bon œil. Une pétition a été lancée, alors qu'une réunion publique a été organisée ce lundi 17 janvier.

«Absence totale de concertation», «projet dangereux pour le quartier», «passage en force de la mairie»... C'est en ces termes que les opposants au projet dénoncent l'installation d'un centre d'accueil de jour pour sans-abri – aussi appelé espace solidarité insertion (ESI) – géré par l'Armée du Salut, dans d'importants locaux autrefois occupés par la CPAM rue Saint-Fargeau (20e), au pied d'une copropriété privée.

Des copropriétaires remontés

S'ils assurent ne pas être contre les SDF, ces derniers déplorent, dans une pétition mise en ligne sur change.org et signée par près de 1.500 personnes, avoir «été mis devant le fait accompli», et font également part de leurs craintes concernant la vie de quartier, considérant qu'«aucune étude d'impact n'a été réalisée» alors qu'il existe, selon eux, des «risques inhérents à ce genre d’accueil tels que la violence, l'alcoolisme et la drogue».

Pire, selon une porte-parole de l'association Défendons Paris XX, «tout le monde s'est fait berner dans cette histoire, la mairie comme l'Armée du Salut», par le propriétaire des lieux, qui aurait laissé croire qu'il était possible d'accueillir du public extérieur dans ses locaux, «alors qu'il n'en est rien», selon elle. Une assemblée générale extraordinaire convoquée par le syndic de l'immeuble doit notamment avoir lieu à ce sujet le 27 janvier prochain.

«Des irrégularités de tous les côtés»

Tout a commencé le 6 décembre, lorsque les habitants de cette copropriété tombent sur un panneau d'autorisation de lancement des travaux signé par la préfecture les informant de l'ouverture d'un centre diurne pour personnes en grande nécessité. Un projet dont ils ignorent tout, puisque l'actuel propriétaire – qui a racheté les locaux à la CPAM et détient 60 SCI dans tout Paris – leur avait promis jusqu'alors que seuls des bureaux s'installeraient sur place. Tout s'enchaîne alors, les copropriétaires montent un collectif et se rapprochent d'un avocat.

Et ensemble, ils constatent «des irrégularités de tous les côtés», comme nous l'apprend le porte-parole de ce collectif. «Il aurait déjà fallu que le propriétaire demande l'autorisation à la copropriété de démarrer les travaux, or, la nouvelle destination de ces locaux [d'accueillir du public, ndlr] est en non-conformité avec le règlement de copropriété», explique-t-il, soulignant qu'il n'a aucun doute que les copropriétaires votent contre le démarrage des travaux lors de l'AG extraordinaire du 27 janvier.

«Autant, nous respectons tout à fait la mission et le rôle de l’Armée du Salut et nous sommes bien d’accord qu’il faut aider les personnes en grande nécessité, autant nous estimons que ce lieu est complètement inadapté et l’installation de ce centre y serait illégale», a-t-il ajouté, faisant savoir que si l'Armée du Salut attaque la copropriété en justice, le risque est que le projet soit retardé par le temps long de la justice. En attendant, la mobilisation continue pour ces riverains, qui prévoient de manifester ce samedi 22 janvier devant la mairie du 20e.

Eric Pliez, le maire du 20e, défend quant à lui son projet et rappelle son ambition de faire de la lutte contre l'exclusion l'une de ses priorités. Dans un communiqué adressé à ses administrés début janvier, ce dernier explique que «la ville de Paris compte 16 espaces solidarité insertion (ESI), répartis sur le territoires parisien» et que le 20e, «au regard de sa taille», est «sous-doté» en la matière, ne possédant qu'un seul ESI destiné aux femmes victimes de violences.

D'après ses dires, l'ouverture d'un second ESI dans le 20e – votée selon l'élu «à l'unanimité» lors du conseil d'arrondissement du 1er décembre 2021 – viendrait donc «répondre aux besoins importants de l'arrondissement». Quant aux inquiétudes des riverains, il assure que «l'expérience acquise depuis l'ouverture des premiers accueils de jour démontre que ces dispositifs ne provoquent ni nuisance, ni regroupement durable, dans les quartiers où ils sont implantés».

Interrogé à ce sujet, François-Marie Didier, élu Changer Paris dans le 20e, assure que «les habitants du 20e ne sont pas opposés aux SDF», mais «en ont marre d’être méprisés et qu’on leur donne des leçons d’humanisme alors que tous ces projets sont financés grâce à leurs impôts» et entend réclamer «la suspension du projet tant que les doutes juridique n'auront pas été levés» au prochain conseil municipal prévu le 24 janvier prochain. Selon lui, il existe en effet «de sérieuses questions juridiques qui entourent ce projet démontrant l‘amateurisme, une nouvelle fois, de cette municipalité parisienne».

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