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L’union des droites, voulue par Eric Zemmour, est-elle possible ?

Eric Zemmour, entouré de Philippe de Villiers (à gauche à l'image) et de Guillaume Peltier.[Bertrand GUAY / AFP]

Elle semble devenue son obsession et, peut-être, la condition de sa victoire. «L’union des droites», qu'Eric Zemmour ne cesse d'appeler de ses voeux durant cette campagne présidentielle, est-elle possible ?

Si cette notion a été remise sur le devant de la scène politique dans le sillage de la candidature de l’ancien polémiste - fervent défenseur de ce rassemblement avant même son entrée dans la course -, celle-ci n’est cependant pas propre à la période actuelle. Sous la IIIe République (1870-1940), déjà, certains cherchaient en effet à regrouper la droite légitimiste, moderniste (libérale) et bonapartiste, rappelle Victor Delage, responsable des études à la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol).

Placée dans le paysage politique actuel, cette union des droites réunirait alors «la frange plus conservatrice des Républicains jusqu’aux électeurs du Rassemblement national», décrit-il. Et pourquoi pas récupérer une part de l’électorat qui s’était tourné vers Emmanuel Macron, au moment de la chute de François Fillon en 2017.

En enregistrant les ralliements de Guillaume Peltier, ex-numéro 2 de LR, de Damien Rieu, Jérôme Rivière ou Gilbert Collard, anciens du RN, mais aussi le soutien du souverainiste Philippe de Villiers, Eric Zemmour a déjà commencé à esquisser du reste les contours du rassemblement qu’il réclame. Mais pourrait-il être suivi par les électeurs ?

Un électorat vaste, qui n'est pas d'accord sur tout

«Sur les questions culturelles et identitaires, on note une porosité de l’électorat traditionnel de droite, surtout concernant l’immigration et la sécurité», analyse Victor Delage. De quoi envisager, sur ce point, la possibilité d’un vote commun. «Par contre, sur l’économie et le libéralisme, ce sera beaucoup plus difficile», nuance-t-il. «La droite traditionnelle est plus ouverte à la mondialisation, mais pas l’extrême-droite». Et de conclure : «il existe des convergences, mais des divergences importantes perdurent».

Cette difficulté d’imaginer un vote identique de la part d’un électorat global allant des Républicains au Rassemblement national a également été mis en exergue par une étude OpinionWay pour le Cevipof, diffusée mardi 25 janvier. Il y apparait notamment que 77% des personnes pensant voter pour Valérie Pécresse sont pour donner plus de liberté aux entreprises, alors qu'ils sont 65% du côté d'Eric Zemmour et 57% pour Marine Le Pen. Les sympathisants LR sont aussi 69% à penser qu’il faut moins de fonctionnaires, alors qu'ils sont 62% parmi les troupes de Reconquête! et 49% dans les rangs du RN.

Cependant, lorsqu’il est demandé «si la France devrait se fermer davantage concernant l’immigration», l’électorat d’Eric Zemmour est d’accord à 91%, celui de Marine Le Pen à 86% et celui de Valérie Pécresse à 78%. A propos de l’autorité, de la lutte contre la délinquance et de l’insécurité quotidienne, les sympathisants, tous clans confondus, sont également sur la même longueur d’onde.

L’union des droites, pour qu’elle se concrétise un jour dans les urnes, nécessitera alors un vaste questionnement sur la direction idéologique à donner au mouvement.

Une union plutôt envisageable à long terme ?

Un processus qui parait impossible à réaliser d’ici à l’élection présidentielle mais au lendemain de celle-ci, l’idée pourrait s’imposer. «Le mouvement qu’Eric Zemmour est en train de lancer semble déjà être dans l’après», observe Victor Delage. «L'union des droites n'est plus un tabou pour beaucoup. Il va chercher à incarner cette nouvelle droite, notamment si Valérie Pécresse n’est pas au second tour, car l’avenir du parti Les Républicains, après trois échecs consécutifs, se posera».

Si le futur de l’union des droites devait s’écrire sur un temps plus long que celui de la campagne présidentielle, un nom devrait alors revenir avec force. Celui de Marion Maréchal. Réputée proche d’Eric Zemmour mais nièce de Marine Le Pen, la voir sortir de son silence pour soutenir un candidat surprendrait. En revanche, une fois le rendez-vous élyséen passé, la donne changerait. «C’est toujours délicat de se prononcer sur ce que va faire une personne, mais il est sûr qu’elle peut jouer un rôle essentiel dans cette reconstruction», analyse Victor Delage. «Elle prône aussi l’unification des droites, elle n’est pas incompatible avec Eric Zemmour».

Pour celui-ci, toujours distancé par ses concurrentes de droite dans les sondages malgré la dynamique positive des ralliements à sa cause, l’avoir dès à présent à ses côtés rebattrait en tout cas certainement les cartes.

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