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Antipass : le «convoi de la liberté» canadien peut-il mobiliser en France et bloquer Paris ?

Ils sont plus de 270.000 à s'être inscrits sur le groupe Facebook du «convoi de la liberté», reprenant le modèle du mouvement anti mesures sanitaires lancé au Canada. Un nombre grandissant de personnes affichant leur soutien à cette action, dont les contours semblent encore assez flous. Peut-elle vraiment mobiliser massivement ?

Plusieurs convois de covoitureurs ou de particuliers sont ainsi attendus à partir de ce vendredi 11 février au soir à Paris, en provenance de différents coins de l’Hexagone. La date du dimanche 13 février pour un rassemblement est également avancée. Aucun point de ralliement précis n’est connu pour le moment, ni ce qu’il doit se dérouler ensuite. Des opérations de blocage ont été avancées, possiblement du périphérique, même s’il est rappelé que chaque participant est libre de faire ce qu’il veut.

Sur les groupes, nombreux sont ceux à appeler au calme, à la convivialité. Reste que la disparité des participants et l’absence de réels organisateurs (à l’inverse du convoi canadien, dirigé par les routiers) font craindre des actes incontrôlés de la part de certains. Une source policière a ainsi indiqué à l’AFP la mise en place de «dispositifs de vigilance».

Alors que la capitale canadienne, Ottawa, est paralysée depuis le dimanche 6 février, le but ne semble pas de reproduire la même situation à Paris, mais de se faire entendre et remarquer, avant de rejoindre Bruxelles, siège de nombreuses institutions de l’Union européenne, le lundi 14 février.

Des revendications rappelant celles des gilets jaunes

Que réclament les participants français et leurs supporters ? Les mesures sanitaires prises pour lutter contre l’épidémie de coronavirus sont principalement ciblées, considérées comme liberticides (pass sanitaire en tête). Ce ne sont toutefois pas les seules revendications. Présenté comme coorganisateur et porte-parole du mouvement, Rémi Monde, en a exprimé d’autres, dans une vidéo datée du 30 janvier. Il affirmait ainsi : «nous en avons assez des augmentations du prix de l’énergie, nous en avons assez de l’augmentation du coût de la vie, nous en avons assez du recul du départ à la retraite». La démission des députés, sénateurs, ministres et d’Emmanuel Macron, ainsi que l’instauration d’un référendum d’initiative populaire, ont également été abordées.

De quoi rappeler le mouvement des gilets jaunes, du moins à ses débuts. Là se trouve une question cruciale pour ce «convoi de la liberté» : va-t-il faire renaître cette grogne de grande ampleur, qui a marqué les samedis de novembre 2018 au printemps suivant. Bon nombre des soutiens et des participants se revendiquent en effet gilets jaunes. Mais les profils sont très hétéroclites.

Une mobilisation faite de profils très différents

Se retrouvent en effet des personnes se disant électeurs du Rassemblement national, d’autres des Insoumis, des restaurateurs, des routiers (même si la profession s’en est rapidement détachée, les syndicats indiquant ne pas y prendre part)… Le mouvement antivax a très rapidement adhéré lui aussi. Il semblerait également que des membres de l’ultragauche et de l’ultradroite s’y trouvent, avec le relais sur les réseaux sociaux de groupes conspirationnistes pour appeler à la mobilisation (la mouvance QAnon, notamment, a repéré Le Monde). D’autres responsables politiques actifs parmi les antirestrictions (comme Florian Philippot) se sont aussi signalés en soutenant le convoi.

De quoi risquer une récupération, que refuse le porte-parole. Selon Rémi Monde, il s’agit d’un mouvement «apolitique, appartenant aux citoyens, tout simplement».

Reste désormais à observer si le «convoi des libertés» parviendra à mobiliser un nombre important de personnes sur le terrain (ou sur les routes, plus précisément), malgré ce mode d’action inhabituel et des accointances idéologiques très diffuses, auxquelles certains pourraient finalement craindre d’être liés.

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