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Paris : la «zone à trafic limité» reportée à 2024, la préfecture de police émet de «fortes réserves»

La «zone apaisée» sera mise en place en 2024. La «zone apaisée» sera mise en place en 2024. [© PHILIPPE LOPEZ / AFP]

Un temps prévue pour 2022, la «zone à trafic limité (ZTL)» doit encore être peaufinée. Rebaptisée «zone apaisée Paris-Centre-Saint-Germain», elle a finalement été reportée à 2024, a annoncé la municipalité ce jeudi 17 février. La préfecture de police (PP) de Paris émet de son côté de «fortes réserves».

«La future zone apaisée Paris-Centre-Saint-Germain sera mise en place début 2024, avant les Jeux olympiques», a annoncé ce jeudi Emmanuel Grégoire, le Premier adjoint à la mairie de Paris, qui a expliqué que cette zone «permettra de supprimer le trafic de transit» dans l'hypercentre de la capitale. C'est-à-dire, a-t-il ajouté, «pour tous les gens qui utilisent leur voiture pour traverser le centre de Paris sans s'y arrêter».

des ajustements à prévoir

Si le projet en tant que tel reste inchangé, l'exécutif se donne davantage de temps pour en peaufiner les détails, et surtout «plus de temps pour discuter avec la préfecture de police», a fait savoir David Belliard. Pour cela, l'adjoint à la mairie de Paris chargé des mobilités et de la transformation de l'espace public a prévu de «reporter la réalisation effective du projet courant 2024, plus probablement début 2024», avant d'évoquer tout de même «quelques ajustements».

Parmi eux, l'élu a notamment cité les VTC qui – contrairement à ce qui était prévu dans la version initiale du projet – auront le droit de venir chercher ou déposer un client dans la zone, «en contrepartie d’engagements sur l’usage de flottes vertes ainsi que sur des avancées sur les questions sociales». A noter que les taxis, quant à eux, auront le droit de circuler librement dans la zone, avec ou sans clients.

Autre nouveauté : la question du contrôle de bon respect de cette zone apaisée, qui n'avait jusqu'alors «pas été actée» selon David Belliard, a été tranchée. «Il aura lieu non pas à l'entrée de la zone, mais à la sortie», a-t-il fait savoir, à l'aide notamment «de justificatifs, tels que des tickets de caisse, des rendez-vous médicaux...» et sera réalisé par «les agents de la police municipale».

Enfin, la municipalité entend utiliser le temps restant pour réaliser une enquête publique, ainsi que plusieurs études d'impact, notamment – comme l'a souligné David Belliard – «sur l'éventuel report de trafic» sur les axes avoisinants. L'élu ayant également fait part de la «nécessité d’engager un dialogue avec la préfecture de police de Paris».

La préfecture émet de fortes réserves

Tel qu'envisagé, le projet de ZTL à Paris suppose une décision conjointe de la maire et du préfet de police. Un dialogue en effet indispensable, alors que l'institution a de son côté assuré qu'«à ce jour, le préfet de police [n'avait] pas été saisi d'un dossier précis comportant notamment les impacts de cette mesure sur les flux de véhicules et les reports de trafic tenant compte de l'ensemble des aménagements réalisés ou projetés».

Pire, la préfecture de police a même exprimé «de fortes réserves sur le projet tel qu'envisagé», alors que selon les propos tenus par l'institution dans un communiqué diffusé ce jeudi, «les caractéristiques actuelles du projet risquent de créer des difficultés pour la circulation des services de secours et de police en périphérie de la zone, et pourrait par ailleurs avoir un impact négatif pour l'activité économique de la capitale».

L'opposition reste vigilante

«La circulation, c’est comme la flotte : quand vous bouchez à un endroit, ça déborde de l’autre. On ne peut pas faire tout et n’importe quoi», lance de son côté Jean-Pierre Lecoq, le maire LR du 6e arrondissement de Paris, qui souligne que la fermeture de la rue de Rivoli a créé un report de circulation, sur les Grands Boulevards d'un côté et sur les quais hauts de l'autre.

Pour lui, le risque de cette zone apaisée est de créer un «nouvel anneau périphérique à l'intérieur de Paris». Se disant «prêt à dialoguer», celui qui est élu à la tête du 6e arrondissement depuis plus de 27 ans estime tout de même qu'il faudrait réfléchir à ce sujet «à l'échelle de la métropole» et du «Grand Paris», dans une zone qui correspond à l'«ancien département de la Seine».

Aurélien Véron, élu Changer Paris à Paris Centre, fait quant à lui un «triple reproche» à la municipalité sur ce projet. D'abord, celui de la «confusion» : «quels outils ? Quel budget ? Comment vont avoir lieu les contrôles ?», s'est-il interrogé. Il a également regretté que les conséquences économiques n'aient pas été prises en compte : selon lui, «si le blocage de la circulation est définitif, il y aura une vraie évolution de la vie économique du quartier», «asphyxiant la vie économique et sociale» de la zone.

Enfin, Aurélien Véron a évoqué «la mutation du centre de Paris», avec le risque que la zone devienne «un grand centre commercial et festif», «une Rue de la Soif où les touristes viendront manger une crêpe et boire une bière, où les petits artisans et les petites boutiques risquent d'être remplacés par les grandes marques et que les riverains continueront de fuir parce que ce n’est pas vivable».

Lui parle d'«amateurisme» et d'«impréparation» dans ce dossier, pour un projet qui est selon ses dires «une absurdité conceptuelle [...] qui va à l'encontre d'une ville capitale». «Ils ont mis un an à se rendre compte que c'était un sujet compliqué [...] Le seul point positif c'est qu'ils ont enfin un plan de travail», a-t-il conclu, «attendant de connaître les détails du projet et de voir comment il sera mis en place».

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