En direct
A suivre

Salaires, emploi, fiscalité... ce qu'il faut retenir du meeting de Fabien Roussel à Toulouse

Le candidat communiste à la Présidentielle souhaitait avec ce meeting toulousain élargir le spectre de ses potentiels électeurs. [BERTRAND GUAY / AFP]

«Le bonheur, c'est nous», affirmait Fabien Roussel devant ses partisans, dimanche 27 mars à Toulouse (Haute-Garonne). A l'occasion d'un nouveau meeting de campagne, le candidat communiste à la présidentielle, a à nouveau défendu son programme de «la France des jours heureux», promettant justice, respect et dignité.

A deux semaines du premier tour du 10 avril, ce nouveau rendez-vous de campagne était organisé à la Halle aux grains, salle de concert symphonique bien connue de la Ville rose pouvant accueillir quelque 2.200 personnes.

Pierre Lacaze, secrétaire départemental du Parti communiste de Haute-Garonne, avait par ailleurs indiqué son intention d'ajouter 500 places supplémentaires, autour d'écrans installés sur le parvis de la salle de concert.

L'équipe du candidat ne s'en était pas caché : ce rassemblement avait pour objectif de toucher un public plus large que le cercle habituel des militants et sympathisants. Une intention clairement affichée dès l'ouverture du meeting puisque Fabien Roussel a remercié les représentants de «toute la gauche», mais aussi «ceux , sans étiquette, sans parti, même pas de gauche et qui nous rejoignent», les gratifiant d'un «vous êtes ici chez vous».

«Vous êtes beaux»

Continuant sur sa lancée, le candidat a consacré une large partie de son discours à l'énumération de ces Français qui sont «le meilleur de la France». Infirmières, cheminots, «métallos», salariés des grandes surfaces, aides à domicile, agriculteurs, artisans, ingénieurs ou encore enseignants : tous les «travailleurs» ont été salués par Fabien Roussel.

«Je veux vous dire que vous êtes beaux, on ne vous le dit pas assez [...] Je vois vos visages, je sais vos exigences de dignité, de respect. Vous donnez sans compter, vous êtes les premiers à faire plus quand il le faut, à vous engager, vous êtes généreux, généreuses».

Faisant notamment référence à la pandémie, Fabien Roussel a remercié ces Français d'avoir tenu face aux épreuves» et «continué inlassablement à porter l'intérêt général», sans céder «à cette petite bande de technocrates méprisants qui ont troqué leur cerveau contre un tableau excel».

«Un mois de guerre, deux ans de pandémie, cinq ans de Macron, 30 ans de politique d'austérité et la France, malgré tout ça, elle tient bon». C'est «grâce à vous, a-t-il lancé à son public . Car vous êtes la colonne vertébrale qui lui permet de tenir debout».

«Il est temps d'écouter les salariés»

Selon Fabien Roussel, «les Macron, les Pécresse, les Zemmour, les Le Pen» sont peut être des candidats différents mais leur programme, lui, est «commun» : «Le patron du Medef parle, ils exécutent», accuse-t-il. De son côté, le candidat communiste estime qu'«il est temps d'écouter les salariés».

Voilà pourquoi Fabien Roussel veut «augmenter les salaires, pour toutes et pour tous, et faire l'égalité salariale entre les femmes et les hommes». Il plaide pour un Smic à «1.900€ brut, soit 1.500€ net. «Je compte en brut car je veux du salaire et des cotisations sociales, pour financer la Sécurité sociale», a développé le candidat. Il se distingue ainsi de «ceux qui [...] promettent des hausses de salaires tout en réduisant les cotisations sociales». «Avec eux, demain, la Sécu sera en faillite, ils vous feront payer vos frais de santé et les mutuelles augmenteront encore».

Etre à l'écoute du monde du travail, c'est aussi «éradiquer le chômage» et assurer «une retraite digne pour ceux qui ont travaillé toute leur vie». Pour Fabien Roussel cela revient non seulement à garantir «une retraite minimale à 1.200€», mais aussi à préserver «le droit à la retraite à 60 ans». «Parce que l'espérance de vie en bonne santé d'un ouvrier est aujourd'hui de 59 ans» et «parce qu'à 60 ans, des millions de salariés n'en peuvent déjà plus».

Reconnaître les ainés et soutenir la jeunesse

S'appuyant sur l'actualité, et notamment le récent scandale lié au traitement des résidents des Ehpad Orpea, Fabien Roussel a promis  «d’en finir» avec ces établissements «hors de prix plus prompts à gaver les actionnaires qu’à nourrir leurs pensionnaires». «Finis les Ehpad à but lucratif [...] Ils passeront sous coupe publique, dans un grand service public du grand âge».

En parallèle, le candidat du PCF souhaite «que nos enfants puissent échapper à la précarité et aux inquiétudes du quotidien». Fabien Roussel veut permettre aux jeunes Français d'«étudier sans se ruiner» mais aussi d'«accéder à un vrai travail, avec un vrai contrat et un bon salaire».

Cela commence par l'école, en danger selon lui car «les libéraux» veulent la «gérer comme une entreprise» en mettant les établissements en concurrence. «L'autonomie des établissements, cela veut dire que nous aurons demain des écoles riches pour les gosses de riches et des écoles pauvres pour tous les autres. C'est le nouveau séparatisme».

Lui prône plutôt un «allongement du temps passé à l'école», avec la fin des devoirs à la maison. Ils seront faits en classe, pour «mettre fin à cette inégalité insupportable qui fait que certains ont des parents qui peuvent aider leurs enfants et d'autres pas».

Se fixant l'objectif «zéro jeune au chômage» Fabien Roussel a aussi fustigé les plate-formes de livraison à domicile «Uber, Deliveroo» qui exploitent selon lui des «coursiers à vélo [...] prétendument auto-entrepreneurs» mais qui, en réalité, sont «payés à la tâche, payés au lance-pierre, sans Sécu, sans rien qui les protège». «Avec nous, ce sera terminé, prévient le candidat. Ces plate-formes qui exploitent la misère devront respecter le droit du travail».

La redistribution des richesses

Pour remplir ses exigences de «dignité» et de «respect», le candidat Roussel veut «dire stop à la vie chère». Evoquant «la montée des prix du gaz, de l'électricité et des carburants», il a notamment égratigné le groupe Total qui, selon lui, «gave ses actionnaires à hauteur de 7 milliards d'euros».

Pour financer son programme très social, Fabien Roussel affiche ainsi son intention d'«aller chercher» l'argent «là où il est». Pour «augmenter le budget de l'Etat», il s'agit selon lui d'«augmenter les impôts des plus riches et du capital», mais aussi de «produire autrement nos richesses» et «décider de comment les distribuer, les utiliser».

La «France des jours heureux» compte ainsi miser sur «le monde du travail et de la création» plutôt que sur «la finance». «La plus belle valeur de la France, c'est vous, assurait Fabien Roussel à son public. On ne reconstruira pas la France avec des Français déprimés, usés, en mauvaise santé [...] Des Français qui vont bien, c'est une France qui va bien [...] Nous sommes plus efficaces qu'eux car, nous, on investit dans l'Humain».

Ancrant son discours dans l'actualité, Fabien Roussel a promis de faire la chasse à l'évasion fiscale, faisant le parallèle avec les accusations d'optimisation fiscale visant le cabinet de conseil McKinsey. Soulignant les «2,4 milliards» d'euros donné à «ces cabinets privés pour effectuer le travail que l'administration aurait pu réaliser» le candidat a assuré que cela représentait «120 nouvelles écoles» ou «26 nouvelles maternités».

Affirmant vouloir mettre un terme à ce genre d'agissement, le candidat a plaidé pour la mise en place du «prélèvement à la source des bénéfices des multinationales». Il prévoit en outre de décerner la Légion d'Honneur aux lanceurs d'alerte qui dénoncent ces fraudes.

Une République «une et indivisible»

S'inquiétant du «délitement de la République», Fabien Roussel a enfin déploré «la décomposition de la nation française», illustrée selon lui par la situation en Corse.

Qualifiant le meurtre d'Yvan Colonna de «honte», le candidat du PCF a toutefois estimé qu'Emmanuel Macron y ajoute «le déshonneur en envisageant l'autonomie pour la Corse». Un mot dont personne ne comprend vraiment le sens selon lui, puisque «chacun y met ce qu'il veut».

«Le préfet Erignac est mort de trois balles dans le dos parce qu'il servait la République et, 25 ans après, c'est la réponse de la République ? [...] Je ne crois pas que l'horizon de la France soit de devenir un agrégat de régions autonomes, où le droit du travail serait à géométrie variable, où le SMIC varierait d’une région à l’autre, où l’école changerait d’une région à l’autre».

S'auto-proclamant défenseur d'une République «une et indivisible», Fabien Roussel a appelé ses auditeurs à devenir des «militants du bonheur» pour la France des jours heureux. Tous ses auditeurs.

«J'en connais des Français qui ont voté un jour à gauche, un jour à droite, un jour pour personne. Je veux vous dire qu'il n'y a pas de bons et de mauvais électeurs. Il y a simplement des Françaises et des Français qui font leur choix en conscience. Je veux vous dire aussi que ma porte est grande ouverte [...] Nous allons gagner, c'est immanquable[...] la question, c'est quand.»

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités