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McKinsey : contrats juteux avec l'Etat, soupçons d'optimisation fiscale, perquisition... Tout savoir sur l'affaire

Emmanuel Macron est accusé par l'opposition d'avoir eu massivement recours au secteur privé durant son quinquennat. [THOMAS SAMSON / AFP]

A deux semaines du premier tour, le recours du gouvernement au cabinet de conseil McKinsey & Company avait agité la campagne. Soupçonnée de blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée, la société a fait l'objet d'une perquisition ce mardi 24 mai.

C'est quoi, McKinsey ?

McKinsey & Company est un cabinet de conseil, c'est-à-dire une société rémunérée par des entreprises ou des administrations pour remplir des missions spécifiques ou fournir une analyse sur un sujet donné.

Basé à New York, McKinsey & Company est présent dans 65 pays du monde et employait 470 conseillers dans sa filiale française en 2019. 

En février 2021, une enquête du Monde révélait les liens anciens qui unissent McKinsey et Emmanuel Macron. Plusieurs membres de ce cabinet auraient notamment assisté le chef de l'Etat durant sa campagne présidentielle de 2017.

Pourquoi le gouvernement a-t-il eu recours à ce cabinet ?

McKinsey a accompagné le gouvernement tout au long de la crise sanitaire. 12,33 millions d’euros ont été dépensés pour ses services sur la période. McKinsey a particulièrement été mis à contribution pour mettre en place la stratégie vaccinale, critiquée à ses débuts pour sa lenteur.

Le gouvernement a aussi eu recours au cabinet pour remédier à des difficultés informatiques liées à la réforme des APL. Un travail rémunéré 4 millions d'euros.

Le cabinet s'est vu confier des missions plus obscures, dont une étude de cas sur les «évolutions du métier d'enseignant» pour laquelle il a obtenu un contrat de 500.000 euros.

Interrogé à ce sujet au Sénat par Eliane Assassi, rapporteure d'une commission d’enquête sénatoriale sur l’influence des cabinets de conseil, le directeur associé de McKinsey France Karim Tadjeddine n'avait pas su dire à quoi avait abouti ce travail. Une séquence qui avait créé la polémique.

Qu'est-il reproché à McKinsey ?

Outre la question des montants des contrats passés avec McKinsey et leur manque de transparence, le rapport rendu par les sénateurs le 17 mars dernier pointait les pratiques fiscales de la filiale française du cabinet.

«Le cabinet McKinsey est bien assujetti à l’impôt sur les sociétés en France mais ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans, alors que son chiffre d’affaires sur le territoire national atteint 329 millions d’euros en 2020, dont environ 5 % dans le secteur public, et qu’il y emploie environ 600 salariés», indiquait le rapport. Des accusations rejetées par le cabinet.

Alors que Karim Tadjeddine avait déclaré devant la commission d'enquête que son employeur s'acquittait bien de l'impôt sur les sociétés en France, le Sénat avait saisi la justice pour «faux témoignage».

Après «des vérifications», le Parquet national financier (PNF) a ouvert le 31 mars une enquête sur le volet fiscal, confiée au Service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF), un service créé en 2019 et placé sous la tutelle de Bercy. Ce mardi 24 mai, le PNF a confirmé qu'une perquisition était en cours au siège français de McKinsey dans le cadre de cette enquête pour «blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée».

McKinsey est-il le seul cabinet utilisé par le gouvernement ?

Eurogroup, Capgemini, Ernst & Young, Accenture... La liste des cabinets utilisés par le gouvernement est longue. Dans son rapport, la commission d'enquête sénatoriale dénonce le «phénomène tentaculaire» des cabinets privés de conseil qui exerceraient une «influence croissante sur les politiques publiques». 

Selon les chiffres du rapport, les contrats de l'Etat avec ces cabinets ont «plus que doublé» entre 2018 et 2021, atteignant un record de plus d'un milliard d'euros en 2021.

Si Emmanuel Macron n'est pas le premier président à avoir recours au privé, cette pratique semble donc s'être accentuée sous son quinquennat, notamment depuis la crise sanitaire.

Comment réagit le gouvernement ?

A deux semaines du premier tour, le sujet était politiquement sensible pour l'exécutif. A droite comme à gauche, l'opposition avait dénoncé un «scandale» voire un «scandale d'Etat».

«S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal. On a l'impression qu'il y a des combines, c'est faux», avait lancé Emmanuel Macron sur le plateau France 3. «Aucun contrat n'est passé dans la République sans qu'il respecte la règle des marchés publics», avait-il martelé.

Bruno Le Maire avait de son côté jugé «légitime» de faire appel à des cabinets pour des «missions ponctuelles». «Un Etat qui fonctionne bien, c’est un Etat recentré sur ses missions essentielles. Qu’on fasse appel à des spécialistes sur certains sujets, ça me paraît aussi un principe de bonne gestion», avait-t-il justifié.

Concernant les accusations d'optimisation fiscale, le ministre de l'Economie avait affirmé que McKinsey «paiera ce qu'il doit aux contribuables et à l’Etat français».

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