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Vendeurs à la sauvette, voleurs à la tire, détritus... Le Champ-de-Mars est-il «livré aux incivilités de toutes sortes» ?

Vendeurs à la sauvette, arnaqueurs aux jeux de «hasard», voleurs à la tire, détritus et rats... Les riverains du Champ-de-Mars (7e) ne cessent de crier leur exaspération face à l'insécurité et à la dégradation subie par cet espace vert au pied de la Tour Eiffel.

Chacun y va de son anecdote. Entre cette habitante de l'avenue Emile Deschanel qui craint pour sa sécurité quand elle rentre chez elle, cette autre qui a pitié des touristes qui tombent systématiquement dans le piège des joueurs de «bonneteau» ou encore ce dernier qui pointe également les problèmes de saleté liés au tourisme de masse.

«Depuis le confinement, la délinquance s'y est accrue avec notamment la présence marquée de caïds du bonneteau», souligne de son côté l'association des Amis du Champ-de-Mars, qui énumère les «multitudes de baraquements», les «kyrielles de vendeurs à la sauvette» et les «arnaqueurs aux jeux de hasard» et qui rappelle que le site «est, de fait, le seul grand jardin parisien à rester ouvert la nuit».

Mais comment imaginer fermer ce site particulièrement touristique qui va de l'Ecole Militaire au Pont d'Iéna, alors même que la tour Eiffel – qui accueille près de 7 millions de touristes par an – est ouverte 9h du matin jusqu'à 23h le soir (heure de la dernière entrée) ? Sans compter les badauds qui se promènent là nuit et jour sans rentrer dans l'enceinte en verre installée autour de la Dame de fer, au lendemain des attentats.

Vers une fermeture du Champ-de-Mars la nuit ?

Mi-avril déjà, la maire du 7e arrondissement de Paris Rachida Dati réclamait à la municipalité parisienne que le Champ-de-Mars bénéficie d'«un statut de protection patrimoniale en vue de le sanctuariser». «Délaissé, surexploité à des fins événementielles, livré aux incivilités de toutes sortes, ce jardin se dégrade de jour en jour», avait notamment regretté l'édile.

Jugeant «indispensable de sauvegarder l'héritage historique de ce site et de le protéger par un dispositif juridique national», l'ancienne Garde des Sceaux préconise en effet aujourd'hui «la création d'un PSMV [Plan de sauvegarde et de mise en valeur, ndlr] pour le périmètre du Champ de Mars et ses abords».

Le seul moyen d'après ses dires pour offrir «la meilleure garantie de protection contre la dégradation accélérée dont ce jardin est frappé» et qui s'inscrirait ainsi «en cohérence avec l'histoire du 7e, dont une partie est déjà régie par un PSMV».

Une demande de protection préalablement formulée auprès de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, à laquelle elle aurait – selon Rachida Dati – répondu favorablement. Mais dont la mise en place nécessite tout de même l'accord de la municipalité parisienne.

En attendant, la maire du 7e arrondissement a fait part de son souhait de voir le Champ-de-Mars fermé la nuit «pour des raisons de sécurité évidentes et pour des raisons écologiques». Interrogée à ce sujet par Le Parisien le 15 avril, elle a en effet expliqué que les pelouses étaient «très dégradées en raison de leur surexploitation, notamment commerciale».

Un Champ-de-Mars à repenser dans tous les cas

«La Mairie de Paris veut transformer ce site classé en lieu d’événements commerciaux permanents au détriment des riverains et en dépit de mes alertes», fait-elle savoir encore sur Twitter, avançant que seul l’Etat pouvait «encore arrêter ce projet» et affirmant avoir «déposé un recours administratif» aux côtés des maires des 15e et 16e arrondissements Philippe Goujon et Francis Szpiner.

Car le problème ne s'arrête pas à l'insécurité des lieux, qui «résulte» selon l'association des Amis du Champ-de-Mars «du laisser-faire qui caractérise le Champ-de-Mars depuis quelques années». Mais serait plutôt la conséquence d'un manque de consensus autour d'un projet porteur qui aurait permis de le valoriser mais qui, par manque d'action politique commune, s'est naturellement dégradé.

De fait, la décision de laisser le Grand Palais éphémère – qui remplace jusqu'en 2024 le Grand Palais aujourd'hui en travaux –organiser des événements autour de son enceinte fait grincer des dents les riverains, qui déplorent à coups de photos et de vidéos postées sur les réseaux sociaux la détérioration du site.

Et si la municipalité parisienne entend bien reprendre les choses en main, avec son projet de «grand site tour Eiffel» notamment – dont les travaux devraient commencer «au second semestre 2022» – il n'en demeure pas moins qu'il ne concerne que la partie sud du site et est particulièrement décrié, qualifié par exemple de «bêtisier écologique» par l'association des Amis du Champ-de-Mars.

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