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L'édito d'Agnès Verdier-Molinié : «La retraite à 65 ans sera actée dans les 100 jours !»

Dans son édito de ce vendredi 20 mai, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, se penche sur le calendrier de la réforme des retraites, promise par Emmanuel Macron.

Les syndicalistes sont déjà vent debout. Même la CFDT qui annonce par la voix de Laurent Berger : «nous ne discuterons pas des retraites pendant l’été. Et si le gouvernement se pointe en septembre avec ses 65 ans pour tout le monde, on s’y opposera dans la rue avec les autres organisations».

D’autres s’appuient sur les rapports du COR (Conseil d'orientation des retraites) pour dire qu’il n’y a pas tant de déficits que cela. Sauf qu’il y a urgence pour nos finances publiques et qu’il faudrait adopter le report de l’âge dans les 100 premiers jours après les législatives soit avant fin septembre justement  !

Sinon, la réforme ne se fera pas ou alors a minima. Souvenons-nous de la réforme systémique qui devait permettre à chacun d’avoir pour un euro cotisé le même droit à pension et qui au fil des mois est devenue une réforme à deux vitesses : vraie réforme pour les salariés du privé et fausse réforme pour les salariés du public qui pourraient bénéficier de la clause du grand-père ou autre clause à l’italienne qui en gros garantissaient que pour un euro de cotisation, les salariés du public continuent d’avoir plus de droits à pension que les autres.

Bref, si fin septembre, cette réforme n’est pas actée, on va recommencer à palabrer pendant des mois et à faire des coups de canifs dans le contrat et les économies ne seront pas au rendez-vous ! Alors, le quinquennat serait un échec à la fois en matière de pouvoir d’achat (il faudra augmenter les cotisations retraite voire les impôts), de rétablissement des comptes publics mais aussi de compétitivité de la France.

La crise de la dette se rapproche de nous à grands pas. Dans notre richesse nationale le poids des pensions pèse plus qu’ailleurs en Europe. Avec presque 15% du PIB en dépenses de pensions nous sommes très loin devant la moyenne de l’Union européenne qui est à 12,4% ou l’Allemagne et les Pays-Bas qui sont à 12%. Ne nous étonnons pas non plus d’avoir des déficits publics gigantesques tous les ans à plus de 100 milliards.

Autour de nous, les européens ont fixé un âge de la retraite au-delà de 65 ans. Et certains pays, comme la Belgique et l’Allemagne, ont même adopté des réformes qui prévoient de passer à terme à 67 ans.

Parce que nous commençons à travailler plus tard, et que nous partons plus tôt à la retraite, nous travaillons beaucoup moins en France que dans les autres pays d’Europe. En 2018, si l’on compare la moyenne des heures travaillées par la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Autriche, la Suède et le Royaume-Uni, c’est plus de 7 milliards d’heures de travail qui manquent. Il est plus que temps d’agir et sans procrastiner

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