Annoncé sortant, Éric Dupond-Moretti a finalement été maintenu au poste de garde des Sceaux dans le gouvernement d'Elisabeth Borne. Une décision qui a aussitôt été décriée dans le monde judiciaire.
Ce vendredi 20 mai a été rythmé par l’annonce du nouveau gouvernement d’Élisabeth Borne. Et Eric Dupond-Moretti a créé la surprise en conservant son poste de ministre de la Justice.
Ce, malgré sa mise en examen pour «prise illégale d'intérêts». En mai 2022, le ministère public de la Cour de justice de la République (CJR) annonçait d'ailleurs avoir requis un procès à son encontre, estimant qu'il existait des «charges suffisantes».
Outre ses démêlés judiciaires, Éric Dupond-Moretti fait face depuis de nombreux mois à la grogne des magistrats et de greffiers, qui dénonçent des conditions de travail déplorables dues à un manque de moyens et de personnel. En témoigne une tribune parue dans Le Monde et signée par les deux tiers des 9.000 juges français, qui y dénonçaient leur épuisement et la «perte de sens de ceux qui rendent la justice au quotidien».
Une «vraie surprise»
Sur l'antenne de CNEWS, Georges Fenech, ancien magistrat et ancien député, a estimé que le maintien d'Eric Dupond-Moretti était «la vraie surprise» de ce gouvernement.
«C’est une première sous la Vème République qu’un ministre de la Justice en exercice, est mis en examen et qu’il est renouvelé ensuite alors qu’il devra comparaître devant une juridiction», a-t-il notamment souligné.
Georges Fenech, sur le maintien d’Eric Dupond-Moretti à la Justice: «C’est une première sous la Vème République qu’un ministre de la Justice en exercice, est mis en examen et qu’il est renouvelé ensuite alors qu’il devra comparaître devant une juridiction», dans #Punchline pic.twitter.com/QfXXZ0wcYs
— CNEWS (@CNEWS) May 20, 2022
Plusieurs syndicats et institutions de la Justice ont manifesté leur déception à l'annonce de sa reconduction.
Le Syndicat de la Magistrature (SM, classé à gauche) a également déploré la reconduction de l’ancien avocat dans le nouveau gouvernement, affirmant qu’elle serait un pas de plus vers la rupture du dialogue entre professionnels de la Justice et politiques. «Nous ne savons pas comment le maintien d’Eric Dupond-Moretti à la tête du ministère permettra la reprise du dialogue, totalement rompu, avec les professionnels», a déclaré à l'AFP Kim Reuflet, la présidente du syndicat.
«Une mauvaise nouvelle pour la justice», a réagi de son côté sur Twitter l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire).
Reconduction du garde des sceaux : une mauvaise nouvelle pour la #justice.
L'#USMagistrats prend acte de la reconduction du garde des sceaux et s'en inquiète. L'USM rappelle qu'il est actuellement mis en examen devant la cour de Justice.#JusticeMalade— Union syndicale des magistrats USM (@USM_magistrats) May 20, 2022
De son côté, Eric Dupond-Moretti s'est voulu rassurant. «Je mesure l’honneur qui est le mien de pouvoir continuer d’œuvrer pour la Justice de notre pays. Je serai le ministre du dialogue, de la concertation et de l’action», a-t-il écrit sur Twitter.
Je remercie le Président de la République et la Première ministre qui me renouvellent ce jour leur confiance. Je mesure l’honneur qui est le mien de pouvoir continuer d’œuvrer pour la Justice de notre pays. Je serai le ministre du dialogue, de la concertation et de l’action.
— Eric Dupond-Moretti (@E_DupondM) May 20, 2022