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Emmanuel Macron : un premier mois de second quinquennat très discret

Le président se fait très discret depuis sa réélection. [CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP]

Depuis sa réélection il y a un mois, Emmanuel Macron n’est presque jamais apparu sur le terrain ou dans les médias. Entre stratégie politique et contrainte due au changement de gouvernement, comment expliquer cette absence inhabituelle ?

Cela fait un mois qu’Emmanuel Macron a été réélu président de la République. Depuis, à l’exception d’un déplacement à Cergy (Val-d’Oise) trois jours après sa victoire, le chef de l’Etat s’est montré extrêmement discret sur le plan médiatique. Une situation qui pourrait s’inscrire dans une stratégie politique, alors que les législatives approchent, mais qui semble aussi avoir été imposée par les difficultés rencontrées concernant le gouvernement.

Comme il a pu profiter du déclenchement de la guerre en Ukraine pour mener une campagne présidentielle express, Emmanuel Macron aurait-il choisi de recommencer pour les législatives, en se faisant discret sous couvert de réfléchir à son futur Premier ministre ? «Ce long feuilleton a permis d’anesthésier la campagne pour les élections législatives», analyse Bruno Cautrès, politologue et chercheur CNRS au Cevipof. «En nommant rapidement un gouvernement, cela aurait donné du grain à moudre aux oppositions, aurait permis de le critiquer».

Une absence qui a profité à la gauche

Désormais, cette bataille des législatives ne s’articulant pas autour du débat d’idées mais plutôt de la possibilité de donner une majorité au président ou de lui imposer une cohabitation, «l’exécutif va reprendre la main», anticipe le spécialiste.

Celui-ci pointe toutefois une conséquence de l’absence du camp présidentiel dans cette campagne. Sans qu’il soit possible d’affirmer que cela ait été voulu ou non : «le seul point politique de cette période a été l’opération de Jean-Luc Mélenchon sur la gauche, qui lui a permis de transformer une défaite à la présidentielle en victoire politique. Il a clairement gagné la bataille de communication de l’après présidentielle».

Des problèmes pour former le gouvernement ?

Autre qu’une stratégie électorale, la discrétion médiatique d’Emmanuel Macron alors qu’il venait fraichement d’être auréolé d’une victoire majeure peut aussi s’expliquer par de véritables difficultés à trouver sa future équipe gouvernementale. «Je n’imagine pas que le chef de l’Etat, par une stratégie complètement huilée, a décidé de sortir des radars alors qu’il venait d’être réélu», pointe ainsi Bruno Cautrès.

Partant de là, la possibilité d’un silence contraint du président, car en difficulté en coulisse, est réelle. S’il peut servir à ménager le suspense, à montrer que le temps a été pris et les choix réfléchis, «c’est aussi peut-être le produit d’une série d’accidents, ce n’est pas que voulu», avance ainsi le politologue. Par exemple, «les aller-retour entre Catherine Vautrin et Elisabeth Borne pour le poste de Première ministre étaient de vraies hésitations politiques qu’avait Emmanuel Macron», estime-t-il. 

Ces difficultés à constituer un gouvernement semblent avoir été confirmées par le peu de changements effectués par rapport au précédent. Qu’il s’agisse des personnes annoncées ou de son architecture globale, via les intitulés des ministères, peu de modifications marquantes ont eu lieu. Cette longue attente, pour un résultat finalement sans surprise, pourrait donc s’avérer être une situation non voulue par le chef de l’Etat.

La Première ministre désormais nommée est son gouvernement annoncé, Emmanuel Macron pourrait cependant rester encore un peu dans l’ombre, avance Bruno Cautrès. De façon à laisser la place, pour ancrer ce nouvel exécutif dans l’opinion publique. «Il y a eu jeudi dernier une scène intéressante, où on a vu Elisabeth Borne aller aux Mureaux mais sans que rien ne soit annoncé» explique-t-il. «Ça lui a permis de commencer à couvrir l’espace, à avoir une longue séquence de communication dont elle a pu pleinement bénéficier. Il faut aussi le temps d’installer son personnage». Et cela sans que le président ne prenne la place.

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