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«Emmanuel Macron n'a pas réussi à implanter son parti localement, il en paye le prix», analyse Bruno Jeanbart d'OpinionWay

Selon Bruno Jeanbart, Emmanuel Macron est confronté à dilemme : s'impliquer dans le second tour ou laisser les rênes à Elisabeth Borne ? [LUDOVIC MARIN / AFP]

Ce dimanche, la majorité présidentielle a recueilli 25,75% des voix dans toute la France et arrive légèrement devant la coalition de gauche Nupes (25,66%) qui peut difficilement espérer une majorité en sièges à l'Assemblée. Analyse des résultats de la soirée et des enjeux du second tour avec Bruno Jeanbart, politologue et vice-président de l'institut de sondage OpinionWay.

Avec 26,1% des voix au niveau national, la Nupes devance légèrement la majorité présidentielle (25,4%), qui devrait conserver une majorité en nombre de sièges à l'Assemblée nationale. Qui sont les perdants et les gagnants de la soirée ?

Ce soir, le perdant est la majorité présidentielle qui n'a pas réussi à faire aussi bien qu'en avril dernier, ce qui est en général le cas depuis que les législatives suivent l'élection présidentielle.

C'est un score plus que décevant. La coalition Ensemble (LREM, MoDem, Horizons) n'est pas sûre d'avoir la majorité absolue à l'Assemblée nationale, ce qui serait une première depuis l'instauration du quinquennat.

C'est aussi un échec car des personnalités emblématiques du macronisme sont battues, comme Jean-Michel Blanquer. D'autres ministres pourraient être battus au second tour dimanche prochain.

Pour autant, peut-on dire que la Nupes sort gagnante du premier tour ? 

La Nupes fait un score élevé mais qui reste inférieur au score additionné des quatre candidats de gauche au premier tour de la présidentielle (environ 30%). Il y a donc une déperdition, avec probablement de l'abstention et des votes en faveur de candidats divers gauche.

Ce soir, la gauche unie envoie un grand nombre de candidats au second tour. La question qui se pose maintenant, c'est sa capacité à trouver des réserves de voix pour l'emporter dimanche prochain. Il faudra attendre le second tour pour le savoir.

Mais globalement, l'alliance entre différents partis de gauche a fonctionné ?

Oui, la stratégie d'alliance a été extrêmement efficace dans un scrutin où, compte tenu de l'abstention, il y a très peu de chances d'être qualifié en n'étant pas dans les deux premiers (il faut avoir 12,5% des inscrits, NDLR). Maintenant, il faut attendre le second tour pour voir si cette coalition peut constituer une base pour l'avenir ou pas.

Le Rassemblement national n'est-il pas finalement le vrai gagnant ce soir ?

On peut le dire, oui. C'est un score historique pour le parti dans des législatives. C'est la première fois que la décote entre le score à la présidentielle et celui aux législatives est si faible. C'est aussi l'espoir d'avoir presque trois fois plus de députés avec la possibilité enfin d'avoir un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale.

Comment expliquer ce succès ?

Le RN n'a pas subi l'abstention contrairement à ce qui se produit habituellement lors des élections législatives. Ils n'ont pas été mis en difficulté par Reconquête qui n'a pas réussi à faire le poids dans de nombreuses circonscriptions.

Avec environ 12,5% des voix, Les Républicains ont-ils limité la casse ?

Oui, l'ancrage local a fait la différence. Les sortants font de très bons scores, les autres candidats ont des résultats bien plus faibles. Globalement, la droite a tenu devant cet affrontement entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Le «vote utile» qui aurait pu la menacer n'a pas eu lieu.

Comment voyez-vous la semaine d'entre-deux-tours ? Quelle stratégie adopter pour Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron ?

Jean-Luc Mélenchon doit rassurer pour que la trop grande puissance d'une gauche dominée par la France insoumise n'effraie pas les électeurs. Emmanuel Macron est lui confronté à un dilemme : doit-il s'investir ou non ? S'il s'investit et qu'il n'obtient pas la majorité absolue, son échec n'en sera que plus fort. Mais s'il ne s'investit pas, sa majorité sera-t-elle capable d'obtenir le score espéré ? Le macronisme, c'est avant tout Emmanuel Macron. C'est sa limite. Le président n'a pas réussi à implanter son parti dans les élections locales, il en paye le prix ce soir.

Le scrutin est à nouveau marqué par l'abstention, qui atteint plus de 53% et bat des records...

C'était attendu et c'est alarmant, même si l'augmentation de l'abstention au premier tour est moins forte entre 2017 et 2022 (+2 points) qu'entre 2012 et 2017 (+9 points). Avoir une abstention toujours plus forte est bien le signe qu'il y a un problème avec cette élection qui arrive juste après la présidentielle et dont les électeurs ne voient pas vraiment l'intérêt. L'abstention devrait à nouveau augmenter au second tour car une grande partie des électeurs auront vu leur candidat être éliminé.

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