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Législatives 2022 : quelle stratégie pour la majorité et la Nupes avant le second tour ?

Elisabeth Borne et Jean-Luc Mélenchon s'affrontent à distance, à quelques jours du second tour. [Ludovic MARIN / Stéphane DE SAKUTIN / AFP]

Au coude-à-coude au soir du premier tour des législatives, les troupes d'Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon n'ont que quelques jours pour faire pencher la balance en leur faveur.

21.000. C'est le nombre de voix qui séparent l'alliance de gauche Nupes (LFI, PS, EELV, PCF) et la majorité présidentielle lors du premier tour, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

En parvenant à faire jeu égal avec la coalition présidentielle Ensemble (LREM, MoDem, Horizons), Jean-Luc Mélenchon peut espérer priver Emmanuel Macron de sa majorité absolue. En revanche, le rêve d'une majorité de gauche à l'Assemblée, contraignant le chef de l'Etat à nommer le leader Insoumis à Matignon, s'éloigne, à en croire les projections réalisées par les différents instituts de sondage.

«Ce sont les pourcentages qui comptent. Les projections, c'est pour calmer le bourgeois», a balayé Jean-Luc Mélenchon dimanche soir. Convaincu de pouvoir inverser la vapeur, il se lance à la conquête des abstentionnistes des électeurs RN, seule véritable réserve de voix pour la Nupes.

Mélenchon fait la chasse aux abstentionnistes

«Nous n'avons rien à voir avec le Rassemblement national. Par contre, ça nous intéresse que des gens qui s'égarent dans ce vote soient finalement convaincus de faire un autre choix», a souligné Adrien Quatennens sur franceinfo mardi. «Je dis à toutes celles et ceux, d'où qu'ils viennent et qui ne veulent pas cinq ans de plus de la maltraitance sociale et de l'irresponsabilité écologique d'Emmanuel Macron, [...] il y a un seul bulletin de vote qui permet de bâtir une autre majorité et de battre Emmanuel Macron. C'est le vote Nupes», a-t-il lancé.

Les Insoumis s'acharnent aussi à mobiliser les jeunes, prompts à voter à gauche mais très largement absents des bureaux de vote dimanche dernier. «Bouge-toi mon pote ! Bouge-toi un peu ! Fais quelque chose à part pleurnicher ou rester à la maison à rien faire. Qu'est-ce que vous voulez ? Le retour des réacs ?», a lancé, agacé, Jean-Luc Mélenchon au micro de Quotidien mercredi.

Confronté à un procès en extrémisme intenté par la majorité présidentielle, Jean-Luc Mélenchon doit également rassurer. L'objectif : «que la trop grande puissance d'une gauche dominée par la France insoumise n'effraie pas les électeurs», analysait le politologue Bruno Jeanbart auprès de CNEWS dimanche.

Atout de la Nupes au premier tour, la personnalité de Jean-Luc Mélenchon pourrait au contraire devenir un repoussoir au second. La majorité présidentielle n'a d'ailleurs pas manqué de brandir le leader Insoumis comme un épouvantail.

Après le tout sauf LE pen, le tout sauf Mélenchon

Quitte à mettre dos-à-dos Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, les macronistes ont condamné d'un même bloc les «extrêmes», laissant supposer qu'ils n'appelleraient pas à voter pour un candidat Nupes dans l'un des 62 duels opposant la coalition de gauche au RN.

Devant le tollé, la première ministre Elisabeth Borne a tenu à préciser : «Pas une voix au RN en général, mais pas d’appel à voter pour le candidat Nupes s’il ne respecte pas les valeurs républicaines».

Il n'empêche que l'ennemi numéro 1 d'Emmanuel Macron a changé. Il ne s'appelle plus Marine Le Pen, mais bien Jean-Luc Mélenchon. «La souveraineté nationale, ce n’est pas la rupture avec l’Europe, la fascination pour les régimes autoritaires et l’alignement sur la Russie», a déclaré dimanche Elisabeth Borne, concentrant ses attaques contre celui qui a appelé les Français à l'«élire Premier ministre». 

EmMANUEL MACRON, LE GRAND ABSENT ?

En raison de reports de voix favorables, les candidats macronistes devraient remporter dimanche une majorité de seconds tours. «Ils ont l’opportunité d’avoir, selon les duels, des réserves à gauche quand ils sont opposés à la droite et à l’extrême droite, et des réserves à droite quand ils sont opposés à la gauche», résumait sur Franceinfo Stéphane Zumsteeg, directeur du département politique-opinion d’Ipsos.

Alors qu'il vient d'enregistrer le plus mauvais résultat d’un président aux législatives sous la Ve République, Emmanuel Macron brille par son absence sur la scène nationale. Son implication dans la campagne s'est limitée à une déclaration improvisée avant son départ pour la Roumanie mardi.

Pour Bruno Jeanbart, Emmanuel Macron est confronté à un dilemme. «S'il s'investit dans la campagne et qu'il n'obtient pas la majorité absolue, son échec n'en sera que plus fort. Mais s'il ne s'investit pas, sa majorité sera-t-elle capable d'obtenir seule le score espéré ?»

La question se pose, tant le poids politique de la nouvelle Première ministre demeure faible. Réponse dimanche, à 20h.

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