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Législatives 2022 : qui sont les présidents de groupe à l'Assemblée ?

La composition de l'Assemblée nationale, sans majorité absolue pour le parti présidentiel, promet de vifs débats.[JOEL SAGET / AFP]

Ils sont les nouveaux chefs de file des différents groupes de députés de l'Assemblée nationale. Quelle que soit leur couleur politique, ils vont devoir mener leur formation au sein d'un hémicycle dont la composition promet de vifs débats.

Aurore Bergé, Renaissance

Diplômée de Sciences Po, Aurore Bergé a eu un parcours de communicante dans le privé, pour les agences Spintank et Hopscotch notamment. Engagée très jeune à droite, elle a démarré sa vie militante en 2002, lors de la formation de l'UMP.

En 2016, elle a intégré la garde rapprochée d'Alain Juppé lors de la primaire, avant de rejoindre celle d'Emmanuel Macron, en février 2017. La même année, Aurore Bergé a été élue députée dans la 10e circonscription des Yvelines.

Agée de 35 ans, elle défend une vision stricte de la laïcité, quitte à créer la polémique dans son propre camp. En octobre 2019, par exemple, elle s'était dite prête à voter une proposition de loi d'Eric Ciotti (LR) sur l'interdiction du voile pour les accompagnantes scolaires.

Au sein de l'hémicycle elle a défendu l'allongement du délai légal de l'IVG, voté à la fin de la précédente législature, et s'est impliquée sur les questions culturelles, notamment l'audiovisuel public. Un sujet qui la touche en tant que fille de comédiens : son père est la voix française de Sylvester Stallone.

A son arrivée au Palais Bourbon, lundi, Aurore Bergé a souligné que «personne n'a intérêt ni envie que le pays soit bloqué». La majorité devra selon elle «chercher du compromis et du consensus mais c'est aussi la responsabilité des oppositions» d'éviter «l'obstruction qui ralentirait les débats».

Mathilde Panot, La France insoumise (LFI)

La présidence du groupe LFI à l'Assemblée nationale ne sera pas une nouveauté pour Mathilde Panot. La jeune femme de 33 ans a été réélue à ce poste qu'elle occupe depuis octobre 2021. La fonction change toutefois de dimension au sein de la nouvelle Assemblée, puisque le nombre de députés insoumis est passé de 17 à quelque 75.

Diplômée de Sciences po et fille d'enseignants, Mathilde Panot a été la dirigeante de l'association Voisins Malin à Grigny (Essonne), qui vise à développer une solidarité de quartier entre les habitants. Elle a été entraînée en politique par l'ancien bras droit de Jean-Luc Mélenchon, François Delapierre.

En 2017, elle a coordonné les groupes d'appui lors de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. Elle a notamment initié les caravanes pour l'égalité des droits, avant de se faire élire au Palais Bourbon. Mathilde Panot est députée de la 10e circonscription du Val-de-Marne.

L'élue espérait entrer au gouvernement en cas de victoire des insoumis aux législatives dimanche dernier. Au lieu de cela, elle va gérer le plus important groupe à gauche au sein de l'hémicycle. Une tâche ardue pour laquelle le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, lui fait confiance : il vante ses qualités de militante, d'organisatrice et assure que «rien ne lui fait peur».

Marine Le Pen, Rassemblement National (RN)

«Surprise» par le nombre de députés RN élus au second tour des législatives, 89, un record, Marine Le Pen a décidé de se concentrer «sur la présidence de ce très grand groupe». 

Promettant d'appeler ses députés «à l'excellence», la cheffe de file du RN a estimé que les six élus qui siégeaient jusqu'à présent à l'Assemblée n'étaient pas très assidus. «Nous devons être meilleurs, plus travailleurs, plus performants, plus efficaces», a-t-elle déclaré.

Son groupe ne sera, selon elle, pas «exclusivement RN». Il aura «vocation à accueillir» des députés élus «grâce aux électeurs du RN» et qui l'avaient soutenue au second tour de la présidentielle. Marine Le Pen a notamment cité Emmanuelle Ménard dans l'Hérault ou Nicolas Dupont-Aignan, dans l'Essonne.

La députée de la 11e circonscription du Pas-de-Calais assure que son groupe se positionnera «dès (son) arrivée à l'Assemblée nationale sur des sujets fondamentaux» comme «la lutte contre l'islamisme» et le référendum d'initiative citoyenne (RIC). Elle entend par ailleurs «mettre en oeuvre le blocage de toutes les réformes (...) nocives, au premier rang desquelles la retraite à 65 ans».

Olivier Marleix, Les Républicains (LR)

Olivier Marleix aura la lourde tâche de garder la droite audible malgré son affaiblissement dans une Assemblée où les débats s'annoncent musclés. Cette mission a été confiée au député d'Eure-et-Loir par 40 voix contre 20 pour l'autre candidat, Julien Dive, et un vote blanc.

Olivier Marleix succède ainsi à Virginie Duby-Muller, qui assurait l'intérim depuis le départ précipité de Damien Abad vers la macronie et sa nomination comme ministre des Solidarités.

Agé de 51 ans, le nouveau président du groupe LR est le fils de l'ancien ministre Alain Marleix, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy. Représentant de l'aile conservatrice des Républicains, l'élu d'Eure-et-Loir avait parrainé Laurent Wauquiez en 2017 dans la course à la tête du parti, puis Michel Barnier dans la primaire de 2021.

Il a affiché sa volonté de mener une «opposition d'intérêt général» et a prévenu : «on n'attendra pas les projets du gouvernement, on travaillera sur notre vision». Par exemple, sur le pouvoir d'achat, s'attacher à «la France qui travaille» plutôt qu'être dans une «logique de rationnement qui ne concerne que quelques Français».

Boris Vallaud, Parti Socialiste (PS)

Déjà porte-parole du PS, Boris Vallaud endosse désormais la fonction de président du groupe à l'Assemblée. Le successeur de Valérie Rabault l'a emporté par 26 voix contre 4 face à Guillaume Garot, unique autre candidat après le retrait de Jérôme Guedj.

Boris Vallaud, 46 ans, est né à Beyrouth. Fils de l'historien Pierre Vallaud, il est marié à l'ancienne ministre socialiste de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Rêvant plus jeune d'être cuisinier, il s'est pourtant orienté vers une maîtrise de Droit public, Sciences po, avant d'intégrer la même promotion qu'Emmanuel Macron au sein de l'ENA.

Ce député des Landes a travaillé auprès d'Arnaud Montebourg au conseil général de Saône-et-Loire puis à Bercy de 2012 à 2014, durant le quinquennat de François Hollande. Boris Vallaud est ensuite devenu secrétaire général adjoint de l'Elysée puis conseiller du chef de l'Etat socialiste.

Spécialiste des questions techniques de financement de la Sécurité sociale, ce haut fonctionnaire intervient souvent sur ces thématiques depuis son arrivée dans l'Hémicycle, en 2017. Il a également bataillé contre la réforme de l'assurance chômage, la ratification du traité de libre-échange Ceta ou les mesures sur l'immigration.

Julien Bayou et Cyrielle Chatelain, Europe écologie-Les Verts (EELV)

Les députés écologistes, comme à leur habitude, ont opté pour une coprésidence. Elle n'est cependant valable que «de fait» puisque l'article 19 du règlement de l'Assemblée nationale ne prévoit qu'un nom par présidence de groupe. EELV espère voir cette règle modifiée.

Julien Bayou et Cyrielle Chatelain ont en tout cas l'intention de coordonner le groupe ensemble. Agé de 42 ans et élu à Paris, le premier est un ancien militant pour le droit au logement et contre l'évasion fiscale. Julien Bayou est le secrétaire national d'EELV depuis novembre 2019.

De son côté, Cyrielle Chatelain, 34 ans, est députée de l'Isère. Peu connue du grand public, elle est titulaire d'un master en entrepreneuriat en économie sociale et solidaire et a travaillé dans une fédération d'associations d'insertion par le logement. Elle a également oeuvré à la métropole de Grenoble.

Venue au Palais Bourbon ce jeudi, elle s'est dite «très heureuse» et a promis des propositions «pour le climat et l'urgence sociale».

Julien Bayou a de son côté jugé «légitime» que les alliés de LFI au sein de la coalition de gauche Nupes obtiennent la présidence de la commission des Finances. Très convoité, ce poste est toujours dévolu à un député issu de l'opposition.

Jean-Paul Matteï, MoDem

Les députés du MoDem ont choisi un proche de François Bayrou pour prendre la tête de leur groupe, fort de 48 membres. Jean-Paul Matteï, 68 ans, a été élu par 36 voix contre 9 pour son seul concurrent, Nicolas Turquois.

En tant que président du groupe, il met en avant son «grand sens de la médiation, de la conciliation» et se donne pour mission de «parvenir à trouver des consensus sur des textes majeurs pour faire avancer le pays».

Fermement ancré au centre-droit, Jean-Paul Matteï a été encarté chez les jeunes Giscardiens en 1974. Avant d'être élu député, ce proche de François Bayrou présidait le réseau des notaires conseils d'entrepreneurs, regroupant plus de 250 études très impliquées auprès des PME et PMI.

Il a en outre présidé le Conseil de l'Immobilier de l'Etat et est membre de la prestigieuse commission des Finances.

D'origine corse et issu d'une famille de militaires, Jean-Paul Matteï est père de deux enfants et grand-père à quatre reprises. Le député de la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques a toujours vécu dans le Béarn. Il a d'ailleurs été élu en 1989 conseiller municipal de Ger, une commune de 2.000 habitants dont il a ensuite été le maire de 2001 à 2017.

André Chassaigne, Parti Communiste français (PCF)

D'après Fabien Roussel, numéro un du PCF, André Chassaigne est «celui qui connaît le mieux le fonctionnement de cette maison (l'Assemblée nationale, ndlr)». C'est sans doute pour cela que les députés communistes l'ont reconduit à la présidence du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, qu'il occupe depuis 2012.

Comme les autres alliés de l'alliance de gauche Nupes, André Chassaigne a rejeté l'idée d'un groupe unique, proposée par Jean-Luc Mélenchon lundi. Il estime que «quatre groupes au sein de l'Assemblée seront plus forts qu'un seul» et que «la seule boussole» doit être «l'intérêt pour le peuple de gauche».

Cet ancien professeur de Lettre et d'Histoire-géo, ex-principal de collège, souhaite que le groupe GDR, avec ses «deux composantes - celle des députés communistes et celle des députés des Outre-mer-», s'exprime «au sein de la gauche unie à l'Assemblée nationale, en toute indépendance, et dans le respect de la singularité politique de chacun de ses membres».

Laurent Marcangeli, Horizons

L'engagement politique de Laurent Marcangeli date de l'adolescence, avec une passion pour Jacques Chirac et le général de Gaulle dès 14 ans, et son adhésion au parti de droite RPR à 16 ans.

Sa carrière politique a officiellement commencé en 2008, en tant que conseiller municipal d'Ajaccio. Il est aujourd'hui maire de cette ville mais devrait céder prochainement sa place, en raison de la loi sur le cumul des mandats. Elu conseiller général en 2011 il est devenu, un an plus tard, le plus jeune député de Corse, à 31 ans, sous les couleurs de l'UMP.

Après avoir soutenu Alain Juppé à la primaire présidentielle des Républicains de 2016, il a décidé de quitter sa famille politique en 2018. Laurent Marcangeli n'adhérait pas à la ligne de Laurent Wauquiez, à l'époque nouveau chef du parti.

En octobre 2021, le maire d'Ajaccio a finalement rejoint Horizons, le parti de l'ex-Premier ministre Edouard Philippe, dont il est un proche. Il a notamment soutenu Emmanuel Macron lors de l'élection présidentielle de 2022.

Agé de 41 ans, Laurent Marcangeli est avocat de profession. Député de Corse-du-sud, il est marié et père de deux enfants.

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