En direct
A suivre

Assemblée nationale : comment le RN veut se montrer comme une opposition «constructive»

Les élus du Rassemblement national veulent se montrer constructifs au Parlement. [Alain JOCARD / AFP]

Cheffe du groupe RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen revendique depuis les législatives vouloir représenter une opposition «constructive» au gouvernement. Avec son parti, elle a commencé à en montrer les premiers aspects.

Face au bruit et la fureur que souhaite incarner La France insoumise au Parlement, le Rassemblement national semble avoir décidé d’une stratégie à l’exacte opposée. Malgré 89 députés obtenus lors des législatives, ce qui en fait le plus grand groupe après celui de Renaissance (ex-LREM), les élus RN se montrent particulièrement discrets depuis leur élection, dans le sillage de Marine Le Pen.

Photos en tenues soignées sur les marches du palais Bourbon, déclarations apaisées dans la presse... La consigne a été passée pour montrer le sérieux dont veulent se couvrir les élus RN. Avec un objectif, devenir une force d’opposition «constructive».

«Lorsqu’un texte est bon pour les Français, nous le voterons»

Dans une interview donnée au Figaro et publiée ce mercredi, Marine Le Pen a ainsi décrit la stratégie du groupe RN : «nous ferons dans l’Hémicycle ce que nous avons déjà fait ces cinq dernières années : lorsqu’un texte est bon pour les Français, nous le voterons. (…). Quand le texte est améliorable, nous l’amenderons. Quand il est toxique ou mauvais, nous nous y opposerons sans aucun complexe ni difficulté».

L’ex-présidente du RN, réélue cheffe du groupe à l’Assemblée, a jugé «stupide et contre-productif pour les Français» de s’opposer au gouvernement par principe. «Cela voudrait dire que nous voterions contre les aides au pouvoir d’achat, contre la déconjugalisation de l’allocation aux adultes handicapés que nous réclamons, contre l’augmentation du budget de l’armée… Nous ne pouvons faire cela».

Jouer le jeu des institutions, mais aucun blanc-seing pour le gouvernement

Certains ont vu lors de l’élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale, qui s’est déroulée en deux tours, faute de majorité absolue au premier, un symbole de ce RN qui se veut constructif. En effet, Sébastien Chenu, candidat du groupe pour le perchoir, s’est retiré après le premier vote, annonçant que les élus RN ne prendraient pas part au second tour de scrutin. De quoi baisser le plafond nécessaire pour atteindre la majorité absolue et permettre à la candidate macroniste d’être élue dans la foulée, sans attendre un troisième tour.

La France insoumise, à l’image du député Adrien Quatennens, a donc sauté sur l’occasion pour affirmer que «Le Pen est toujours au rendez-vous pour aider Macron». Ce à quoi Laurent Jacobelli, son homologue du RN, a répondu sur l’Opinion que «nous avions dit dès le début que nous allions jouer le jeu des institutions, pas de blocage. Il était clair après le premier tour que Yaël Braun-Pivet allait l’emporter (…). L’idée est de fluidifier cette institution, c’est ce que nous avons contribué à faire». Avant de poursuivre, en s’en prenant à son adversaire d’extrême gauche : «M. Quatennens doit arrêter de chercher des noises à tout le monde : si nous nous étions maintenus, Yaël Braun-Pivet aurait été présidente deux heures après. C’est du cirque. Mais on a bien compris que LFI voulait faire de l’Assemblée une caisse de résonance à ses délires».

Une façon de montrer par les faits l’idée que se fait le RN de cette opposition «constructive». «Il n’y avait absolument pas de signification politique à ce retrait, c’était purement pratique», a néanmoins tenu à appuyer Laurent Jacobelli, comme pour bien rappeler qu’il ne s’agirait pas de laisser le camp macroniste fonctionner selon son bon-vouloir dans l’Hémicycle.

Une volonté rappelée par Marine Le Pen : «ce ne sont pas aux oppositions de se caler sur le projet de la majorité. Mais à la majorité d’amender son projet pour permettre d’obtenir éventuellement, de manière ponctuelle, le soutien de l’opposition».

UNE LIGNE TENABLE SUR LA DURÉE ?

Reste que cette envie d’être constructif tout en étant dur avec le gouvernement ne semble possible que si la dirigeante parvient à maintenir cette ligne de conduite parmi ses troupes. Le risque, avec 89 députés, est en effet d’en voir un ou plusieurs chercher à se démarquer, par conviction ou par calcul.

Comme en témoignent les nombreuses réactions qui ont suivi le discours mardi du doyen de l’Assemblée nationale, José Gonzalez, qui a évoqué l’Algérie française, les mots et agissements des élus du RN seront très surveillés. Dès lors, le moindre dérapage ou la moindre action sortant de la stratégie avancée auront pour conséquence de détériorer, voire casser, cette image «constructive» que veut se donner le Rassemblement national.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités