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Jihadisme : la France rapatrie 35 enfants et 16 mères, dont la figure de Daesh Emilie König, du nord-est syrien

La France a procédé, ce mardi 5 juillet, au rapatriement de 35 mineurs et 16 mères, dont Emilie König, une figure de la mouvance jihadiste française, présents dans des camps de prisonniers jihadistes en Syrie depuis la chute de Daesh. Alors que les mères ont été directement remises aux autorités judiciaires compétentes, les enfants, eux, feront l’objet d’un suivi médical.

C'est officiel. Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a indiqué, dans un communiqué publié ce mardi 5 juillet, que «la France a procédé ce jour au retour sur le territoire national de 35 enfants mineurs français qui se trouvaient dans le camp du nord-est de la Syrie».

Ces 35 enfants s'ajoutent aux 126 dont les parents avaient rejoint des territoires repris à Daesh déjà rapatriés en France depuis 2016.

Cette opération a également inclus le retour de 16 mères qui ont été directement remises aux autorités judiciaires compétentes. «Les 16 femmes qui sont arrivées ce jour sont âgées de 22 à 39 ans. Elles ont toutes la nationalité française sauf deux d’entre elles qui ont en revanche des enfants français. 8 ont été placées en garde-à-vue en exécution d’un mandat de recherche. Huit font l’objet d’un mandat d’arrêt», a expliqué le ministère de la Justice.

Parmi ces femmes rapatriées se trouve Emilie König, une figure de la mouvance jihadiste française. Placée par l’ONU sur la liste noire des combattants les plus dangereux, elle se trouvait depuis 2017 dans un camp syrien, géré par les troupes kurdes. Elle avait quitté la France pour la Syrie en 2012.

Dès 2010, portant le niqab, elle avait été repérée près de la mosquée de Lorient, où elle tentait de distribuer des tracts appelant au jihad. Au printemps 2012, convoquée au tribunal, elle avait refusé de retirer son niqab et provoqué une altercation avec un vigile, qu'elle avait filmée et postée sur Youtube.

Un mineur placé en garde à vue

De leur côté, les mineurs, eux, ont été remis aux services chargés de l’aide à l’enfance. Ils «feront l’objet d’un suivi médical», précise le quai d’Orsay dans le communiqué.

«Un seul des mineurs de retour lors de la présente opération fait l’objet d’une garde-à-vue s’agissant d’un jeune homme qui sera majeur dans les jours qui viennent et à l’encontre duquel il existe des éléments susceptibles de caractériser sa participation à une association de malfaiteurs terroriste», a détaillé, à son tour, le ministère de la Justice.

Le collectif des familles unies (CDFU), qui regroupe des familles de Français partis en zone irako-syrienne, a réagi à cette nouvelle à travers un communiqué. En effet, le collectif espère que «ce rapatriement signe la fin de cette abjecte politique du «cas par cas» qui revient à trier des enfants, à séparer les fratries et à arracher des enfants à leurs mères abandonnées dans le camp», peut-on lire dans le communiqué.

«C’est la première fois que la France rapatrie des enfants avec leurs mères des camps de prisonniers syriens, et cette première opération doit sonner le glas d’une politique inhumaine qui dure depuis des années», a-t-il ajouté.

Rapatrier tous les enfants français

Actuellement, il reste 150 enfants et leurs mères dans le camp de Roj, dans le nord-est syrien, selon Me Marie Dosé, conseil de familles sur place, interrogée par l'AFP. «Encore une fois, des enfants français restent dans le camp et regardent leurs petits copains, français cette fois, rentrer dans notre pays. L’urgence est désormais de rapatrier tous les enfants avec leurs mères dès cet été. Nous demandons aux autorités d’affirmer publiquement que tous les enfants seront rapatriés rapidement», a exigé le CDFU.

La présidente de l'Unicef en France, le fonds des Nations unies pour l'enfance, a salué ce rapatriement : «Nous saluons ce retour et continuons de demander au président de la République de rapatrier tous les enfants français et leur mère», a écrit Adeline Hazan sur Twitter. Le rapatriement des enfants est une demande formulée depuis longtemps par l'Unicef, qui ne cesse de souligner les dangers qui pèsent sur eux, comme les risques d'être blessés dans des combats ou d'être recrutés de force dans des organisations terroristes.

En février dernier, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères de l’époque, avait prévu une exfiltration des mineurs isolés, des orphelins, et de «ceux dont la mère accepte le départ». «Il faudrait qu’il y ait au moment où la situation sera stabilisée en Syrie (…) une juridiction qui soit identifiée pour assurer cela, autrement il n’y a pas de sortie», avait affirmé le ministre.

 

Selon nos informations, il reste aujourd'hui environ 255 enfants et une centaine de femmes dans les camps syriens.

Alors que la Commission nationale consultative des droits encourageait régulièrement les autorités françaises à rapatrier ses ressortissants mineurs, des avocats, des parlementaires ou encore des ONG appelaient également à une réinsertion en France. Par ailleurs, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik alarmait en janvier Emmanuel Macron sur le danger de laisser ces personnes en Syrie.

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