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L'édito d'Agnès Verdier-Molinié : «Électricité, vers un black-out l'hiver prochain ?»

Dans son édito de ce vendredi 21 juillet, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, se penche sur la crise énergétique.

La réalité c’est que l’hiver risque d’être très rude pour nous tous car nous risquons des coupures d’électricité dans les mois d’hiver quand les grands froids seront là.  Si ce sont des coupures de seulement un quart d’heure ou une demi-heure, on aura de la chance, c’est que l’hiver ne sera pas trop rude.

Le 14 juillet, le chef de l’État a annoncé préparer un plan de sobriété. La commission européenne annonce aussi son plan de sobriété sur le gaz et souhaite pouvoir imposer une baisse de 15%, ce que rejettent les Etats membres. Mais, il ne nous est pas clairement dit qu’on se dirige vers un rationnement, des baisses de puissance et des coupures – ce serait mieux qu’on nous le dise pour pouvoir anticiper. 

A la demande des autorités, les entreprises sont contactées pour éteindre leurs enseignes et réduire leurs heures d’ouverture mais pas seulement. On leur demande aussi d’accepter contre rémunération pour certaines l’arrêt instantané de leur activité. De très nombreuses entreprises sont en train de s’équiper de générateurs. Les enseignes de la grande distribution se sont déjà accordées sur un plan commun de «sobriété énergétique» pour réduire leur consommation de 43%.

Des scénarios de crise sont rédigés, mais non accessibles aux citoyens pour ne pas les inquiéter. Et les ménages sont les plus gros consommateurs d’électricité, avec 33% de la consommation intérieure française selon RTE. Viennent derrière le tertiaire (28%) et l’industrie (24%).

Et les réacteurs nucléaires ?

Sur les 56 réacteurs nucléaires restants, 27 sont actuellement à l’arrêt, principalement pour des révisions périodiques, rechargements en combustible, opérations de grand carénage, et pour des problèmes de corrosion. Un gros travail est en cours pour essayer de rouvrir certains réacteurs en septembre. Combien pourront redémarrer ? Difficile à dire.

Si toutes les centrales nucléaires françaises produisaient de l'électricité normalement, ces questions sur l'approvisionnement pour les Français et leurs entreprises ne se poseraient pratiquement pas. Notre production nucléaire a baissé de 20% depuis le début des années 2000. Au passage, quel scandale d’avoir fermé Fessenheim ! Au total, l’équivalent d’une douzaine de réacteurs nucléaires ont été volontairement débranchés depuis 20 ans.

Il est donc prévu d'importer de l’électricité importée produite à l’étranger à partir de gaz, de charbon et de lignite. Le projet de loi pouvoir d’achat permet même de réquisitionner les centrales à gaz, de relancer le fonctionnement et la production des centrales à charbon de St Avold et Cordemais, l’équivalent de Fessenheim en puissance ! Mais cela risque de ne pas suffire.

RTE dispose d’ores-et-déjà de toutes les latitudes juridiques en la matière et pour les ménages, les coupures sont limitées à deux heures, entre 8h et 13h le matin et entre 17h30 et 20h30 le soir. Il est en vérité plus que temps d’en informer les Français, sans faire croire qu’en éteignant la lumière du couloir ou en débranchant la machine à café, le problème sera résolu.

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