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Débroussaillage, changement d’arbres, incitations fiscales… Le Sénat propose 70 mesures pour la prévention des feux de forêts

Le rapport du Sénat propose plusieurs pistes à suivre pour contrer la multiplication des feux de forêt. [NICOLAS TUCAT / AFP]

En réaction à la multiplication des feux de forêt cet été et pour éviter que des milliers d’hectares ne s’embrasent à nouveau dans les prochaines années, les sénateurs ont proposé début août 70 propositions pour lutter contre ces incendies.

Il faut éviter l'embrasement de la forêt, menacée par le réchauffement climatique. Le Sénat a ainsi remis un rapport la semaine dernière, listant 70 propositions autour de cette thématique.

Le rapport préconise d'abord de revenir sur les 500 suppressions de postes prévues d'ici à 2025 à l'Office national des forêts (ONF) et, à l’inverse, d'étendre leur périmètre d’intervention. L’institution, en difficulté, est en charge des 11 millions d'hectares de forêts publiques françaises.

Renforcer le débroussaillage

Rappelant la grande efficacité du débroussaillage pour prévenir les feux, réduire leur intensité et préserver les habitations, les sénateurs ont constaté que cette obligation légale pour environ 3 millions de propriétaires privés est trop peu appliquée. «Souvent moins de 30%» d’entre eux le font. Pour y remédier, plusieurs leviers sont mis en avant. Il est question d’un plan de sensibilisation, de sanctions pénales renforcées, d’incitations fiscales ou d’une augmentation de la franchise d'assurance en cas de non-respect de la règle.

Le rapport préconise aussi de valoriser le rôle des activités pastorales et agricoles qui, en «créant des discontinuités de végétation, jouent le rôle de pare-feu».

Les élus déplorent par ailleurs l'insuffisance des moyens aériens et réclament une augmentation des fonds annuels alloués aux services départementaux d’incendie et de secours (les SDIS).

repenser le reboisement

Face à une gestion jugée insuffisante de la forêt privée, qui représente trois quarts de la forêt française, les sénateurs proposent «d'abaisser le seuil d'obligation» de gestion durable pour la forêt privée à 20 hectares, contre 25 à ce jour.

Enfin, après un incendie, les sénateurs souhaitent que l'aide de l'Etat pour reboiser soit conditionnée «à des choix d'essences et de gestion adaptés au risque incendie (par exemple en maintenant des pares-feux, en expérimentant des corridors de feuillus ou une moindre densité de peuplement)».

Le président du conseil d'administration de l'ONF, Jean-Yves Caullet, avait indiqué le jour de la sortie du rapport qu’«aucune gestion forestière, aussi contestable soit elle, n'est pire que l'incendie». Lors d’une audition à l’Assemblée, il a affirmé que «nous ne sommes pas démunis : 5% des incendies sont responsables de 90% des dégâts (et) 95% des incendies sont d'origines humaines».

Un risque de feux qui va s'amplifier

Le document des sénateurs pointe que, malgré une stratégie de surveillance et d'intervention rapide qui a permis de diviser par cinq les surfaces annuelles brûlées sur la période 2015-2020 par rapport aux années 1980, «la France doit toutefois se préparer à une évolution défavorable du risque, structurellement causée par le réchauffement climatique et l'augmentation de la biomasse forestière».

Un risque qui devrait se manifester par une intensification des feux, en fréquence et en virulence, par l'extension géographique de la menace vers le nord du pays (comme en Bretagne) et par l'élargissement de la période de danger, désormais annuelle et non plus limitée à l'été.

«Les risques des feux de forêt doivent être désormais intégrés dans les politiques publiques au même titre que ceux d'inondations ou industriels», a expliqué à l'AFP l'un des rapporteurs, Pascal Martin. «Aucun département n'est plus aujourd'hui à l'abri. Et la saison est loin d’être terminée», a rappelé cet ancien colonel des sapeurs-pompiers.

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