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Paris : interdire les trottinettes en free-floating «est une option», selon la municipalité parisienne

Les 3 opérateurs de trottinettes en libre-service ont été invités à proposer des solutions d'amélioration. Les 3 opérateurs de trottinettes en libre-service ont été invités à proposer des solutions d'amélioration. [© Thomas SAMSON / AFP]

Convoqués ce jeudi 29 septembre par la municipalité parisienne pour parler de l'avenir des trottinettes électriques en free-floating dans la capitale, les 3 opérateurs sous contrat – Dott, Lime et Tier – ont quelques semaines à peine pour rectifier le tir et proposer des solutions d'amélioration, sous peine d'être bannis de l'espace public.

Le ton est donné. Si l'interdiction pure et simple des trottinettes électriques en free-floating n'a pas été décidée ce jeudi 29 septembre, David Belliard, l'adjoint à la mairie de Paris chargé des mobilités et de la transformation de l'espace public a été très clair pour autant, assurant que cette option «était sur la table», si un certain nombre d'améliorations n'étaient pas apportées par les 3 opérateurs d'ici à un mois.

«Un constat mitigé, voire plutôt négatif»

«Aujourd'hui, nous faisons un constat mitigé, voire plutôt négatif des services de trottinettes électriques en free-floating, sur des questions de sécurité, de partage de l'espace public, environnementales. On a un rapport coût-bénéfice dont je ne suis pas sûr qu'il soit positif», s'est ainsi exprimé l'élu écologiste à l'issue de la réunion avec Dott, Lime et Tier, les 3 seuls opérateurs autorisés à Paris depuis octobre 2020.

Parmi les points qui fâchent l'adjoint, la circulation des trottinettes sur les trottoirs, le non-respect de la limitation de la vitesse à 10 km/h dans un certain nombre de quartiers, le non-respect des zones de stationnement ou encore le fait que les trottinettes sont parfois jetées en amas dans les ZPR (Zones partagées de remisage). Un bilan négatif dressé par l'élu, qui se dit contre le free-floating «à titre personnel» et qui attend des opérateurs des avancées concrètes.

Ces derniers ont donc un mois pour réagir, avant un éventuel ultimatum. «David Belliard et Emmanuel Grégoire [premier adjoint à la mairie de Paris] nous ont fait passer un message de fermeté en nous demandant de revenir d'ici à un mois avec des propositions d'innovation dans les 3 domaines que sont l'occupation de l'espace public, la sécurité et l'impact environnemental», témoigne un porte-parole de Lime, qui assure que le groupe a été «très réceptif» aux demandes de la mairie.

«Il faut qu'on bosse dessus»

Et de poursuivre : «On a reçu la liste des demandes. Il faut qu'on bosse dessus». Pour autant, lui estime que «les opérateurs ont déjà fait beaucoup de choses, notamment sur la sécurité», comme la mise en place d'un «test de réactivité» obligatoire pour déverouiller une trottinette la nuit, et vérifier ainsi si la personne qui s'apprête à emprunter l'engin est sous l'influence d'alcool ou de produits stupéfiants. D'ici au mois de janvier prochain, Lime souhaite également lancer «un dispositif qui permet de détecter si la trottinette roule sur le trottoir». Si c'est le cas, la vitesse du deux-roues est abaissée à 8 km/h et un signal sonore retentit.

Se serrant les coudes pour garder ce marché si juteux, les 3 opérateurs – Dott, Lime et Tier – n'hésitent d'ailleurs pas à faire front ensemble, comme ce mardi où ils ont diffusé un communiqué commun dans lequel ils affirment «que la trottinette électrique fait désormais partie intégrante des solutions de mobilité au quotidien». Pour cela, ils s'appuient sur une enquête Ipsos, commandée par leurs soins, qui évoque que 80 % des Parisiens estiment que la présence des trottinettes en free-floating est cohérente avec les efforts engagés par l'équipe municipale de limiter la circulation routière et de favoriser l'usage des mobilités douces».

Reste à savoir s'ils réussiront à convaincre l'exécutif parisien de leur capacité à changer les choses avant le renouvellement du contrat, qui arrive à son échéance en mars prochain. Si tel n'est pas le cas, ils pourraient perdre l'un des plus gros voire le plus gros marché mondial pour eux, alors que Paris apparaît comme une ville modèle en matière de mobilités. «Pour Lime, c'est la ville principale, avec d'extraordinaires infrastructures pour les entreprises de micro-mobilité», estime le porte-parole du groupe américain.

Du côté des élus écologistes parisiens, l'avis est tranché : plus rien ne justifie le renouvellement des conventions avec Lime Dott et Tier à Paris. «Ils font de belles conférences de presse pour présenter leurs innovations mais on ne parle toujours pas de la gestion catastrophique du parc et de l’accidentologie liée aux trottinettes en nette progression à Paris», déplore à ce sujet Frédéric Badina, élu écologiste dans le 18e et membre de la commission espace public et sécurité au Conseil de Paris.

Et les chiffres sont sans équivoque : entre 2021 et 2022, il y a eu une «hausse de 52,2 %» du nombre d'accidents provoqués par des engins de déplacement personnel dits «EDP» (c'est-à-dire les trottinettes, gyropodes, monoroues, overboards), selon les chiffres communiqués par la préfecture de police de Paris. Sur les 6 premiers mois de l’année 2022, la PP a ainsi répertorié 236 accidents, contre 155 accidents en comparaison sur les 6 premiers mois de l'année 2021.

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