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L214 et Isabelle Adjani dénoncent «l'élevage sordide» du leader européen de fromages de chèvre fermiers

Selon L214, environ 2.000 chèvres sont entassées dans cet élevage, sans accès à un pâturage. [©L214]

L'association L214 collabore avec l'actrice Isabelle Adjani pour dénoncer les mauvais traitements subis par des chèvres dans un élevage de Saône-et-Loire.

«Refuser de voir, parfois, c'est laisser faire», selon Isabelle Adjani. Dans une vidéo publiée par L214, l'actrice prend position contre l'élevage de chèvres de l'entreprise Chevenet, «leader européen» de fromages de chèvre fermiers, situé à Saint-Maurice-de-Satonnay, en Saône-et-Loire. Elle y dénonce les mauvais traitements infligés aux animaux dans cet établissement contre lequel l'association a déposé plainte.

L'enquête de L214 a commencé après que deux salariés de cet élevage ont contacté les militants pour témoigner de l'horreur observée dans cette entreprise. Il est question de chèvres et de chevreaux «morts laissés en plein milieu des autres», d'environ 2.000 animaux enfermés sans accès à un pâturage, mais aussi de coups de bâtons.

L214 explique que l'entreprise Chevenet produit plus de 4 millions de fromages chaque année. Pour cela, les chèvres sont «désaisonnées», c'est-à-dire artificiellement forcées à mettre bas à deux périodes différentes, en août et janvier, alors que leur cycle naturel de reproduction n'implique qu'une mise bas annuelle, à l'automne.

Celles qui ont des difficultés reproductives sont envoyées à l'abattoir, les autres sont éloignées de leurs petits tout de suite après la mise bas. Les chevreaux mâles sont vendus à l'engraissement tandis que les femelles, nourries avec du lait en poudre, sont vouées à renouveler le cheptel. Des dizaines de chevreaux meurent chaque jour, selon L214.

Le lait des chèvres est collecté deux fois par jour, dans la salle de traite où les animaux sont conduits grâce à un portail électrifié. Chaque chèvre donne jusqu'à 3,5 litres de lait quotidiennement. Une sélection génétique est opérée pour augmenter le rendement.

Des pratiques commerciales trompeuses

L'entreprise Chevenet produit des fromages, dont deux sont sous AOP : le Mâconnais et le Charolais. «Ces fromages se retrouvent sur les tables de grands restaurants étoilés, dans les rayons des supermarchés, sous les marques Grandjean, Le Chevrier des Crays et Chevenet, indique Isabelle Adjani. Ce n'est pas un fromage qui peut justifier tant de souffrance».

Mercredi 26 octobre, L214 a déposé une plainte contre l'élevage auprès du tribunal de Mâcon, pour mauvais traitement et pour pratiques commerciales trompeuses. Elle estime que les «conditions de vie misérables» des animaux sont «en décalage évident avec la communication de l'entreprise».

L'association reproche à cette dernière d'utiliser les notions de «terroir», de «respect des animaux» et de «production traditionnelle» comme arguments de vente, «le tout représenté par des photos de chèvres en plein air».

L214 a également fait appel aux services vétérinaires et à la direction générale de la Répression des fraudes de la préfecture de Saône-et-Loire. En réaction, les enseignes Carrefour, Monoprix, Grand Frais, Auchan et Système U ont annoncé qu'elles suspendaient les approvisionnements des fromages concernés.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, l'entreprise Chevenet a dénoncé une «manipulation des images obtenues à travers des montages et une mise en scène qui ne reflète pas la réalité». Elle assure que les vidéos détenues par L214 ont été tournées pendant les épisodes de canicule de cet été, qui «peuvent être fatales pour les animaux, comme pour les hommes».

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