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Justice : une circulaire incite à classer sans suite des milliers d'affaires

Selon les informations du JDD, une circulaire interministérielle datant du 31 mai 2021 demande aux procureurs de baisser le nombre de procédures bloquées dans les commissariats et les gendarmeries.

Une faille dans la justice française ? Selon le JDD, une circulaire interministérielle (Justice et Intérieur) datant du 31 mai 2021 inciterait les magistrats à baisser le nombre de procédures où aucune enquête n'aurait été menée.

C'est l'avocate Caty Richard qui a rapporté l'information au journal du dimanche. Il y a quatre ans, une de ses clientes a porté plainte pour abus de faiblesse. Une plainte qui vient tout juste d’être classée sans suite. Le motif de ce classement sans suite l'a surpris : «Vu la dépêche interministérielle en date du 31 mai 2021 visant à apurer les stocks de procédures non traitées dans les services de police et de gendarmerie», a-t-elle pu lire. 

«Moi, j’étais très en colère, et puis dans un second temps, j’étais soulagée parce qu’il était écrit officiellement ce que l’on savait depuis longtemps. On a des classements sans suite qui ne sont pas normaux», a rapporté l'avocate pénaliste.

Une justice qui ne répond plus ?

Plaintes trop anciennes, faits considérés comme pas assez graves, auteurs inconnus. Autant de motifs qui pourraient donc pousser au classement sans suite. «Il n’y aura pas de suite judiciaire à des agressions, à des vols, à des cambriolages, on va les classer. On a une justice qui ne répond plus», a estimé de son côté l’ancien président de l’Association professionnelle des magistrats, Georges Fenech. Une justice qui ne répond plus et un manque criant de moyens, résume l’avocate pénaliste Caty Richard.

«Il faut enquêter, il faut qu’il y ait plus de suivi des plaintes. Il ne faut pas que l’on dise que quand les plaintes, elles datent un peu, il faut les classer sans suite», a-t-elle ajouté. Cette dernière a saisi le procureur général et elle espère ainsi obtenir gain de cause et voir l’enquête relancée. Pour l’instant, la septuagénaire est obligée de côtoyer le membre de sa famille contre qui elle a porté plainte.

«Cette dépêche est humiliante et infantilisante. On nous demande de classer ce que les enquêteurs ne traitent plus. Classer alors qu’il y a des victimes, ça n’est pas pour ça que je suis devenu procureur. Les gens déposent plainte sans savoir que derrière, il y a un système organisé où la justice ne passe pas», a aussi déclaré un parquetier local dans le JDD.

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