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RATP : Valérie Pécresse et Anne Hidalgo divisées au sujet de l'ouverture à la concurrence du réseau de bus

Valérie Pécresse et Anne Hidalgo ne sont pas d'accord au sujet de l'ouverture à la concurrence du réseau de bus parisien. Valérie Pécresse et Anne Hidalgo ne sont pas d'accord au sujet de l'ouverture à la concurrence du réseau de bus parisien. [© Ludovic MARIN / POOL / AFP]

La présidente de la région et d'Ile-de-France Mobilités Valérie Pécresse et la maire de Paris Anne Hidalgo ne sont pas d'accord, et le font savoir. Si la première défend son projet d'ouvrir à la concurrence le réseau de bus de Paris et de petite couronne, la seconde assure ne pas croire à la privatisation des services publics, et craint que le projet ne porte atteinte à l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Qui aura le dernier mot ? Si c'est bien la compétence de Valérie Pécresse, en tant que cheffe de la région et d'Ile-de-France Mobilités (IDFM), de décider ou non de l'ouverture à la concurrence du réseau de bus à Paris et en proche couronne, prévue pour le 1er janvier 2025, il est peu dire qu'elle doit faire face à une forte contestation. A la tête de celle-ci, la maire de Paris Anne Hidalgo, qui demande depuis plusieurs semaines que le projet soit abandonné ou au moins décalé après les JO de Paris 2024.

Mardi 9 janvier, l'élue socialiste a rappelé lors de ses vœux, qu'accompagnée d'autres maires de la métropole, elle continuerait «à demander la fin de la privatisation du réseau des lignes de bus de la RATP». «D'abord, elle est incompatible avec les Jeux de Paris. Mais en outre, je n'ai jamais cru à la privatisation des services publics, notamment de transports, parce que c'est toujours synonyme de dégradation du service au public. Ajouter de l'anxiété à la fatigue ne fait pas bon ménage», s'est-elle ainsi exprimée.

Et dans cette affaire, et une fois n'est pas coutume, l'édile parisienne a le soutien du gouvernement sur la question. Le ministre délégué aux Transports Clément Beaune ayant en effet annoncé que le projet pourrait être retardé après les JO. «L'ouverture à la concurrence est un outil. S'il est pertinent dans le cadre du calendrier actuel, alors il faut l'utiliser à la date prévue. S'il est pertinent à une date ultérieure, il faut l'activer plus tard», avait expliqué le ministre le 5 janvier dernier, interrogé par La Croix.

Valérie Pécresse maintient le cap

Des prises de position qui n'ont pas fait vaciller Valérie Pécresse, qui continue de défendre son projet. «J'entends dire qu'il faudrait, contrairement à ce qu'exige la loi et à ce qui se fait partout ailleurs en France, reporter sine die la mise en concurrence des bus à Paris pour éviter tout mouvement social lors des Jeux Olympiques [...] je rappelle d'abord que la concurrence est bénéfique pour les voyageurs. Partout où elle est mise en place, elle s'accompagne d'une meilleure offre, plus innovante et à un meilleur prix», a-t-elle lancé mardi soir, lors de ses vœux.

Rappelant que l'ouverture à la concurrence dans le monde des transports est «la règle en région et à l'international», Valérie Pécresse a promis qu'une délégation de service public ouverte à la concurrence, «cela permet d'éviter qu'une entreprise en situation de monopole puisse prendre en otage les voyageurs, et dégrader la qualité de service», faisant clairement référence à la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui la RATP, qui peine à remplir ses objectifs. En pas le faire serait «injuste pour les voyageurs», a-t-elle assuré.

Et de prendre pour exemple l'ouverture à la concurrence déjà mise en place pour le réseau de bus de grande couronne. Depuis la rentrée, «les réseaux de bus défaillants sont ceux en situation de monopole [...] en grande couronne, nous sommes désormais autour de 1 % de service non fait, alors que sur les réseaux RATP, 1 bus sur 5 ne quitte pas le dépôt alors qu'il le devrait. La pénurie de conducteurs et les difficultés de circulation dans Paris n'excuse pas tout».

Une forte contestation

En attendant, la contestation gronde en Ile-de-France. Réunis sous le nom de Stop Galère - Transports IDF, les élus de l'opposition assurent que Valérie Pécresse «s'obstine et s'isole». Dans un communiqué diffusé ce mercredi 11 janvier, ils estiment que l'ouverture à la concurrence «précipite l'effondrement des transports et cause de vives inquiétudes parmi les salariés comme au sein même des directions des opérateurs de transport».

«Alors que le gouvernement propose de reporter et que le front anti-privatisation se renforce de jour en jour, la Présidente d'Ile-de-France Mobilités, dans une tentative désespérée de refermer le débat, refuse donc toute contre-expertise et débat contradictoire. Mais elle n'y parviendra pas !», écrivent-ils encore, sûrs qu'elle «ignore sciemment les conséquences de la privatisation sur la qualité de service rendue aux usagers, sur les agents des transports et sur l'endettement d'Ile-de-France Mobilités, en très mauvaise posture budgétaire».

Ensemble, ils réclament ainsi au gouvernement «d'engager au plus vite des discussions pour surseoir à la privatisation des transports publics d'Ile-de-France» et demandent à la Première Ministre Elisabeth Borne – qui n'est autre que l'ancienne patronne de la RATP – d'être reçus en audience «pour qu'un dialogue censé et apaisé puisse s'engager sur la question cruciale pour l'avenir de l'Ile-de-France de la sauvegarde des transports en commun».

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