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Retraites : Édouard Philippe, Barbara Pompili, François Bayrou… Ces membres de la majorité qui critiquent la réforme

De gauche à droite, Édouard Philippe, Barbara Pompili et François Bayrou ont émis des réserves sur le projet de loi de réforme des retraites proposé par le gouvernement. [Ludovic MARIN / Sameer Al-DOUMY / AFP]

Trois jours après la présentation en Conseil des ministres du projet de loi de réforme des retraites, plusieurs personnalités issues de la majorité ont émis quelques réserves sur le texte proposé par le gouvernement. Certains d’entre eux, à l’image de Barbara Pompili, pourraient même refuser de le voter en l’état.

Imbroglio au sein de la majorité. Depuis sa présentation officielle, la réforme des retraites proposée par le gouvernement concentre les critiques de l’opposition. Mais au sein même de la majorité, certaines personnalités politiques, notamment François Bayrou, Édouard Philippe ou encore Barbara Pompili, ont affiché leur scepticisme au regard du texte avancé par l’exécutif.

Alors qu’il ne dispose que d’une majorité relative, le gouvernement va devoir trouver des solutions pour rassembler ses troupes afin de faire passer son projet de loi, qui ne dispose pas non plus des faveurs du Conseil d'État, dont l'avis rendu lors de son premier examen a été «très défavorable».

Des réserves sur l'aile droite

Du côté de l’aile droite des alliés de la majorité, pourtant favorable à une réforme, des réserves ont été rapidement formulées quant à la viabilité économique du projet. C’est notamment le cas du parti Horizons, dirigé par Édouard Philippe, qui a annoncé son scepticisme par rapport au texte présenté par le gouvernement, et posé certaines conditions pour soutenir le projet de loi.

S’il est convaincu de la nécessité de réformer le système des retraites (qu’il prône depuis plusieurs années, avec une tentative infructueuse de réforme en 2019), l’ancien Premier ministre estime toutefois que le président de la République n’est pas allé suffisamment loin, notamment concernant le report de l’âge légal de départ, et souhaite que cette réforme «garantisse le retour à l’équilibre», ce dont il doute encore.

«Si l'on va vers un système qui équilibre à terme les retraites, qui contient des mesures de justice, très bien. Si la mesure que le gouvernement propose a le même effet sur l'équilibre qu'un report à 65 ans, très bien. Horizons soutiendra tout ce qui va dans le sens de plus de travail pour garantir plus de prospérité et plus de solidarité. La réforme est nécessaire et mieux vaut la faire vite que lentement», a-t-il réagi.

Le maire du Havre considère toutefois qu'en s'attaquant à ce sujet plus tôt, le gouvernement aurait pu proposer de travailler encore un peu plus longtemps. Les parlementaires de son parti, à l'Assemblée et au Sénat, proposeront des enrichissements au texte en ce sens. Plusieurs élus du groupe Horizons ne cachent d'ailleurs pas leurs hésitations à soutenir le texte de l’exécutif en l’état. Surtout après les nombreuses et fortes manifestations du jeudi 19 janvier.

C’est, notamment, le cas de Thierry Benoît (Ille-et-Vilaine), Yannick Favennec (Mayenne) et Jean-Charles Larsonneur (Finistère). Leur message est clair : sans des modifications de fond, leur soutien à la réforme n’est pas du tout garanti. «Vous nous citez tous les trois, mais en réunion interne ce mardi matin, d’autres collègues ont également fait part de critiques», a affirmé Yannick Favennec.

L'aile gauche demande des ajustements

Sur l’aile gauche des alliés de la majorité, la position de Barbara Pompili est tout aussi claire, mais pour des raisons différentes. L’ex-ministre de la transition écologique assure qu’elle «ne pourra pas voter la réforme à ce stade». Et pour cause, la députée de la Somme, à la tête du parti En commun, a estimé que le report de l’âge légal de départ à la retraite pourrait entraîner «des injustices sociales» qui devraient, a minima, nécessiter «des mesures réparatrices très ambitieuses».

Dans ce contexte, un petit groupe de députées emmenées par Barbara Pompili, Cécile Rilhac et Stella Dupont, travaille actuellement à des amendements concernant la fin des exonérations de cotisation pour les entreprises qui n’emploient pas suffisamment de seniors, ainsi que l'annulation du fameux «44 ans», en permettant «aux personnes bénéficiant du dispositif de carrière longue de cotiser autant de temps que le droit commun, soit 43 annuités». Autre sujet brûlant, ces parlementaires examinent «la faisabilité d’un amendement portant sur la taxation des dividendes afin de chercher d’autres financements». Un tabou pour le gouvernement.

François Bayrou veut proposer «de meilleurs équilibres»

Enfin, les critiques pleuvent également du côté du centre, à l’instar de François Bayrou, président du MoDem et fidèle allié de la majorité présidentielle, qui a estimé que le projet de loi était «améliorable» et qu’il fallait «proposer de meilleurs équilibres, notamment sur la situation des femmes». Selon le leader centriste, le gouvernement devrait profiter des débats à l’Assemblée nationale pour trouver des solutions aux différents problèmes soulevés par les oppositions.

Les députés centristes avaient par exemple envisagé de proposer un allongement de la durée légale du travail à 35,5 heures pour financer une partie des retraites, avant d’abandonner finalement cette idée. Lors du débat parlementaire, les députés MoDem comptent d’ailleurs déposer une vingtaine d’amendements, notamment pour revoir le calcul des congés maternité et maladies, instaurer une clause de revoyure ou encore faciliter l’emploi des seniors.

Des soutiens, ou le 49.3 ? 

Finalement, le gouvernement, qui ne dispose que d’une majorité relative, se retrouve quelque peu esseulé et confronté à une opposition qui grandit de jour en jour. Pourtant, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne comptent absolument sur les voix de l’ensemble des troupes de Renaissance et des autres partis satellites. Sans cela, l’exécutif serait obligé d’utiliser l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote, ce qui ferait les choux gras de l’opposition et renforcerait la contestation auprès des Français. 

De son côté, le Conseil d’État, la plus haute juridiction du pays, a été saisi le 3 janvier dernier, et a rendu un avis très sévère sur le projet de réforme défendu. Le Conseil d'Etat dit n'avoir pas eu le temps nécessaire pour étudier sereinement les textes de loi et critique également les projections financières et les engagements pris par l'exécutif. 

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