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Suicide de Lucas : que risquent les 4 jeunes de 13 ans jugés pour harcèlement ?

Les quatre collégiens responsables de la mort du jeune Lucas, 13 ans, qui s'est suicidé le 7 janvier dernier à Golbey (Vosges) sur fond de harcèlement lié à son homosexualité, seront jugés au printemps par un juge pour enfants. Ils encourent jusqu'à 5 ans de prison pour mineurs, et 75.000 euros d'amende.

Un terrible drame. Face à un mur de caméras et de micros, la voix à plusieurs reprises altérée par l'émotion, Séverine a répondu pendant un bon quart d'heure aux questions des journalistes, massés dans le cabinet de son avocate, sur le décès de son fils de 13 ans, Lucas, qui était scolarisé dans un collège de Golbey (Vosges), et qui s'est donné la mort le 7 janvier dernier. 

Dans cette affaire, quatre collégiens, également âgés de 13 ans, seront jugés au printemps pour l'avoir harcelé et poussé au suicide, avait annoncé vendredi le procureur de la République d'Epinal, Frédéric Nahon. Celui-ci a aussi annoncé l'ouverture d'une «enquête incidente contre X pour non dénonciation de mauvais traitements sur mineurs».

5 ans de prison et 75.000 euros d'amende

«Présumés innocents, inconnus de la justice, ils feront l'objet d'une évaluation par la protection judiciaire de la jeunesse avant leur jugement», a souligné le procureur. Ils seront jugés «au printemps» et «à huis clos» devant un juge des enfants, a précisé Me Faivre, l'avocate de la mère de Lucas, qui a prévenu que sa cliente, soumise à une intense «pression» médiatique, ne s'exprimerait plus publiquement jusqu'à l'audience.

Les peines encourues dans ce type de cas sont normalement de 10 ans de prison et 150.000 euros d'amende, mais les quatre auteurs bénéficient de «l'excuse de minorité», et les peines encourues sont ainsi divisées par deux, a précisé Me Faivre.

Toutefois, en raison de leur jeune âge, il est probable que les peines accordées à ces enfants soient plutôt socio-éducatives, avec des stages, un suivi psychologique, ainsi que d'autres sanctions éducatives prévues parmi tout un panel de sanctions destinées à des jeunes adolescents qui ne peuvent naturellement pas être jugés comme des adultes. 

Le corps enseignant sur le banc des accusés

«Des choses n'ont pas été faites, le corps enseignant aurait pu», aurait «dû faire plus», a-t-elle ajouté. Elle aurait ainsi souhaité que des mesures «disciplinaires» soient prises bien plus tôt contre les harceleurs de son fils. Séverine a toutefois appelé à ne pas s'en prendre à eux, estimant que cela reviendrait «à nourrir la haine. La justice doit faire son travail».

«Ça reste des gamins», a-t-elle souligné. Mais «je suis quand même obligée de leur en vouloir, mon fils n'est plus là» parce qu'ils «ont été méchants avec lui», a-t-elle ajouté, la voix étranglée par l'émotion. Elle leur a malgré tout tendu la main, souhaitant que leur comparution devant la justice les fasse «réfléchir» et qu'ils «ne recommencent plus».

Elle a ainsi expliqué vouloir à l'avenir intervenir dans des établissements scolaires pour sensibiliser contre le harcèlement. «Quand on ira faire des interventions, qu'ils (les quatre adolescents, ndlr) viennent avec nous, ça pourrait être bien qu'ils interviennent avec nous», pour expliquer les conséquences de ce «qu'ils ont fait», a-t-elle encore estimé. «Si je pouvais aider les autres, avec leur ressenti à eux, ça serait une victoire de plus, un pas en avant pour faire réfléchir tout le monde», a ajouté Séverine.

Une marche blanche organisée à Épinal

Une marche blanche en hommage à Lucas se tiendra dimanche à Epinal, a-t-elle par ailleurs annoncé. «C'est notre manière de rendre hommage» à Lucas et de le «maintenir en vie», a-t-elle expliqué.

La mort de l'adolescent, qui avait indiqué dans son journal intime sa volonté de mettre fin à ses jours, avait provoqué une vive émotion et déclenché de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.

«Je pense à tous les élèves comme lui harcelés: leur désespoir fonde ma détermination à empêcher toute forme de harcèlement», avait indiqué sur Twitter le ministre de l'Education, Pap Ndiaye. «Aucun enfant ne doit trouver comme issue ultime le suicide», s'était-il ému. 

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