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Souveraineté alimentaire, gestion de l’eau … Quels sont les enjeux du Salon de l’agriculture ?

Le Salon de l'agriculture est l'occasion pour les professionnels du secteur d'exposer leurs maux. [MARTIN BUREAU / AFP]

Le Salon International de l’Agriculture a ouvert ses portes samedi 25 février. L’occasion pour tout un secteur d’exposer les difficultés qu’il peut rencontrer. Entre la gestion des prix, une communication parfois floue ou encore la sécheresse, les enjeux sont nombreux pour les travailleurs de la terre.

C’est le grand rendez-vous annuel de la profession. Depuis samedi 25 février, le Salon International de l’Agriculture a ouvert ses portes au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris. Si cet événement annuel permet aux curieux de rencontrer les producteurs, les éleveurs et leurs bêtes, c’est aussi l’occasion pour un secteur d’exposer ses maux.

Depuis quelques années, l’agriculture n’a pas spécialement bénéficié d’une image reluisante. «Le métier est souvent comparé au personnage de "Jacquou le Croquant", ce qui est évidemment totalement faux», déplore auprès de CNEWS Nicolas Turquois, agriculteur et député de la 4e circonscription de la Vienne. «Il est extrêmement dommage que l’on mette plus en avant celui qui travaille mal, au mépris des milliers qui travaillent bien», regrette de son côté Eric Martineau, député MoDem de la Sarthe et arboriculteur.

Une image parfois en demi-teinte, qui peut refroidir certains enfants d’agriculteurs avant de reprendre l'affaire familiale. L'agriculture française n'a jamais connu aussi peu de jeunes dans ses rangs. En effet, seulement 20% des agriculteurs ont moins de 40 ans, selon un dernier recensement. L'âge moyen est de 51,4 ans. 

Pour tenter de rajeunir la profession, le syndicat des Jeunes agriculteurs a demandé un meilleur accompagnement de l'Etat pour la transmission des exploitations, «angle mort des politiques agricoles», dans sa contribution à la concertation sur la future loi d'orientation et d'avenir (LOA) agricole.

Outre cette communication à revoir et même à «positiver» pour certains acteurs de la profession, l’agriculture est confrontée à d’autres défis majeurs.

L'eau

La sécheresse hivernale subie par la France (un record de 32 jours sans pluie) est un phénomène climatique très préoccupant pour les agriculteurs. En effet, cette problématique pose la question des conditions de stockage de l’eau pour des professionnels inquiets de subir des restrictions d’accès. «J’entends que l’eau est un bien commun, mais notre agriculture aussi», juge Eric Martineau.

Pour faire face à ce manque d’irrigation, d’autres alternatives sont explorées. Mercredi, devant la presse, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, a confirmé que 60 nouveaux projets d’ouvrages hydrauliques à vocation agricole allaient être «mis en service d'ici à juin». Or ces projets suscitent de vives tensions avec les militants écologistes, qui réclament de repenser le modèle agricole pour s'adapter au changement climatique. Eric Martineau estime toutefois «qu’il ne faut pas que les agriculteurs portent toute la charge du changement climatique sur le dos».

Parmi les alternatives face à cette sécheresse, celle des «retenues collinaires» est citée. Cette solution consiste à remplir des ouvrages d’eau l’hiver et au printemps, afin de disposer d'une réserve au moment des forts besoins en eau en été. En année sèche, ces volumes ne peuvent pas être fournis par le milieu en été. S’ils sont stockés, la réserve permet de traverser la période sèche sans problème et d’assurer les productions tout en ne sollicitant pas le milieu naturel. Bien sûr, pour cela, le volume stocké doit être calculé par rapport aux besoins de l’exploitation.

Si les agriculteurs venaient à être privés d’eau, l’ensemble de la chaîne pourrait ainsi se retrouver en danger et la France «dans l’incapacité d’être auto-suffisante sur certaines productions». 

La crise des néonicotinoïdes

L’interdiction des néonicotinoïdes dans l’agriculture betteravière fait beaucoup parler avant l’ouverture de ce Salon de l’agriculture.

Ces pesticides sont reconnus comme étant très nocifs pour les abeilles. Ils avaient été interdits une première fois en France en 2018. Mais après l'épisode de jaunisse en 2020, qui avait mis à mal la production de betteraves en France, le gouvernement français avait finalement obtenu une dérogation. Ainsi ce pesticide est aujourd'hui jugé illégale par la Cour de justice de l'Union européenne.

Depuis, les agriculteurs réclament des solutions pour éviter de se retrouver dans une situation similaire à celle de 2020, où bon nombre d'entre eux avaient perdu la quasi-totalité de leur production.

Mercredi, des centaines d’agriculteurs ont défilé à bord de leurs tracteurs à Paris. Les engins, pouvant atteindre les sept tonnes, sont partis dès 9h du matin depuis la Porte de Versailles afin de rejoindre les Invalides, encadrés par un important cortège de policiers. Cette longue file de tracteurs a provoqué jusqu’à 425km de bouchon en région parisienne.

Assurer une «souveraineté alimentaire»

Les agriculteurs ont subi les conséquences de la guerre en Ukraine, pays considéré comme le «grenier de l’Europe». Dans un contexte de conflit, Emmanuel Macron avait appelé à «acheter» et «consommer» français car la défense de la «souveraineté agricole et alimentaire» est «la mère des batailles».

Malgré l'existence d'aides comme l'«amortisseur électricité» ouvert aux entreprises de moins de 250 salariés et moins de 50 millions de chiffre d'affaires, agriculteurs et éleveurs appellent l'Etat à l'aide depuis plusieurs mois pour faire face à la hausse des prix du gaz et de l'électricité, alertant sur le risque de faillites.

«Il faut que nous créions les conditions du développement et de l'amplification de cette double souveraineté, tout en répondant à la question de la résilience des exploitations ou de la planification écologique», avait estimé Christiane Lambert, la présidente du syndicat agricole majoritaire FNSEA.

Défendant la voix des agriculteurs à l’Assemblée nationale, Eric Martineau milite lui en faveur «d'une hausse des prix, pour une vie plus digne». «Je ne suis pas d’accord pour que l’on exploite des gens. Les agriculteurs ont le droit de vivre comme les autres», confie-t-il.

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