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Un cadavre sans tête modifie la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas

La Meuse et ses ramifications ont donné au fil de l'histoire des frontières étrangement tordues et faites d'enclaves entre la Belgique, la Hollande et l'Allemagne. [CC / Alain Alele].

La découverte d'un corps sans tête dans une zone isolée et criminogène de la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas a poussé les deux pays a remettre à plat le tracé de leurs territoires. Un "échange de terres" qui devrait être entériné dans un accord en 2016.

L’histoire est d’autant plus étonnante que cette modification des contours des deux pays s’est faite sans anicroches, comme l'a rapporté cette semaine le journal britannique The Guardian. Interrogé sur la raison d’une telle magnanimité au sujet de ce surprenant échange de terres, Marcel Neven, le maire de la commune de Visé en Belgique, répond simplement : «parce qu’il était logique de le faire».

Le point de départ de cette histoire peu banale est la découverte par des promeneurs il y a trois ans d’un corps sans tête sur les bords de la Meuse, le fleuve qui fait office de frontière naturelle entre la Belgique et les Pays-Bas. Un endroit à la réputation sulfureuse, connu pour constituer une zone de non droit, un refuge pour les trafiquants de drogue et la prostitution.

Alertées, les autorités néerlandaises ont tout d’abord indiqué que le cadavre était situé en territoire belge. Et les Belges de répondre qu’il s’agissait de la Hollande. Après plusieurs renvois de balle et vérification, les Hollandais se sont rendus compte qu’ils avaient raison et qu’ils ne pouvaient pas aller sur les lieux du crime car il s’agissait donc bien du territoire belge.

Pour y accéder, les Belges devaient de leur côté tout d’abord passer par les Pays-Bas ce qu’ils n’étaient pas autorisés à faire sans autorisation. Un sésame indispensable pour la police belge qui éprouvait toute la peine du monde à se rendre sur place car il s’agit d’un endroit très isolé.

Devant cet imbroglio géographico-judiciaire et pour mieux contrôler une zone qui échappait jusqu'ici à tout contrôle, les autorités des deux pays ont donc opté pour une solution radicale : procéder à un échange de territoires. «Nous aurions dû le faire depuis longtemps », a indiqué Marcel Neven. Et les travaux parlementaires préalables des deux pays pour ce drôle d’échange ont commencé, lesquels devraient déboucher sur un accord en 2016.

En taille, la Belgique devrait perdre au change. Amputé d’un territoire d’une taille équivalente à 15 terrains de football, le plat-pays devrait toutefois hériter d’une zone plus homogène non seulement plus facile à contrôler et à administrer mais facilitant également le commerce avec son voisin Hollandais.

«Ce genre d’accord est très rare mais cela peut arriver» a déclaré au Guardian Malcolm Shaw, un expert sur les différends frontaliers internationaux. Rien d’étonnant selon lui au regard de l'histoire compliquée dans cette zone géographique où la Belgique, la Hollande et l'Allemagne ont constitué des frontières étrangement tordues faites d’enclaves. Ce qu’il est moins c’est que cet échange se fait dans un contexte pacifié et apaisé. Quant au cadavre, la dépouille a été récupérée par les Belges et l'enquête est toujours en cours.

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