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Qu'est-ce que le «Gongbang», cette nouvelle pratique qui séduit les étudiants du monde entier ?

Certaines vidéos peuvent durer des heures entières. [Capture YouTube / CC Study with Love].

La crise sanitaire continue d'avoir d'étonnantes répercussions. Pour rompre l'isolement et la solitude imposés par le coronavirus, des étudiants sud-coréens ont eu l'idée surprenante de se filmer en train de réviser. Ce phénomène, appelé «gongbang», rencontre depuis un succès inattendu et s'exporte dans le monde entier.

En lisant un peu vite, on pourrait avoir l'esprit mal tourné. Pourtant le «gongbang» n'a rien de sexuel et le cerveau est le seul «organe» concerné.

Dérivé de «gongbu bangsong», qui signifie littéralement «émission d'étude» en coréen, le «gongbang» est même assez basique et pourrait se résumer ainsi : un ou étudiant(e) se filme seul(e) à son bureau ou dans une bibliothèque, en train de réviser et de travailler ses cours.

Le ou la protagoniste de la vidéo ne parle pas ou très peu et, surtout, n'interagit jamais avec les internautes. Concrètement, tout est donc fait pour que la personne apparaisse à l'image en condition réelle d'étude, seule, et telle que la verrait une autre personne qui serait dans la même pièce, en l'occurrence ici le téléspectateur.

Des abonnés par milliers dans le monde

Des déclinaisons du concept existent toutefois, certains étudiants ne montrant pas leur visage, par exemple, pour protéger leur anonymat. D'autres séances encore sont filmées en direct, certaines parfois pendant plusieurs heures, accompagnées ou non de musique ou rythmées par le son des pages d'un livre tournées ou le frottement du stylo sur le papier.

Si, historiquement, la pratique n'est pas née avec la pandémie mais aurait été lancée bien avant par un étudiant sud-coréen qui voulait prouver à ses parents son dévouement, elle n'a plus rien de confidentiel, mais connaît au contraire un succès aussi spectaculaire qu'imprévu.

Une chaîne dédiée «The Man Sitting Next to Me» (L’homme assis à côté de moi en français, NDLR) a ainsi même été créée et compte plus de 50.000 abonnés.

Mais alors pourquoi ces vidéos, anodines de prime abord, voire carrément sans intérêt, sont à ce point plébiscitées ? La raison est en fait assez simple et est affaire de logique.

Tout est affaire de stimulation

Leur esthétique d'abord, qui, en présentant une situation somme toute commune, est tout de suite assimilée et reconnue par le cerveau. Puis les sons qui y sont associés, faits pour stimuler le télespectateur, le plaçant ainsi dans les meilleures conditions possibles d'apprentissage.

Certaines vidéos rappellent même étrangement les désormais connues vidéos d'ASMR, où des personnes se filment en train de chuchoter, tapoter ou souffloter devant leur écran, sur un micro, ou croquer à pleines dents dans une pomme ou un quelconque légume dans le but de provoquer une sorte d'orgasme cérébral aux personnes qui y sont sensibles.

Résultat : le «gongbang» s'est exporté en Inde, au Japon, au Royaume-Uni, ou encore aux Etats-Unis et gagne un peu plus d'adeptes chaque jour. Il existe même une chaîne YouTube, baptisée «Study with me in France» (d'une durée de sept heures !) dans laquelle on peut voir une fenêtre ouverte sur un village d'apparence provençale, mettant l'Hexagone à l'honneur.

Parmi toutes celles qui existent, les plus sceptiques pourront lire des commentaires dithyrambiques pour se convaincre de son intérêt : «Cela m’aide à me sentir moins seule pour travailler grâce à ces vidéos !», témoigne ainsi une étudiante américaine sur YouTube, repérée par Ouest-France. Une autre avoue « mieux gérer [son] anxiété » grâce aux créateurs de gongbangs.

La preuve, s'il en fallait une, qu'en matière d'études, l'émulation est affaire de cognition.

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