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Sonic Frontiers témoigne du succès inespéré d'une mascotte qui a failli être mise au placard

Le premier épisode de Sonic The Hedgehog est paru sur Mega Drive le 23 juin 1991. [© Sega Sammy Group]

Sonic, le plus célèbre des hérissons, est désormais trentenaire. Mascotte des consoles de Sega, admiré par Michael Jackson et adulé par une génération de joueurs, il a traversé les âges avec des hauts et des bas. Mais ce petit bolide n'a pas encore couru sa dernière course, et revient cette semaine avec Sonic Frontiers. Retour sur ses 31 ans de carrière.

Longtemps rival de Mario, la grande mascotte de Nintendo, Sonic s'est rapidement posé en joyeux trublion dans la guerre commerciale que se livrait Sega avec son éternel concurrent japonais. Perçu dans les années 1990 comme «plus cool» et dans l'air du temps que le petit plombier moustachu, le hérisson a rapidement eu toutes les cartes en main pour ajouter un peu de piquant dans l'univers des jeux vidéo. Et la sortie ce mardi 8 novembre de Sonic Frontiers, alliée à son succès international au cinéma avec deux films plutôt réussis, témoignent d'une vitalité quasi-inespérée après une décennie en demi-teinte chez Sega.

Un jeu rock'n roll

«Lorsqu'il est sorti sur Mega Drive le 23 juin 1991, Sonic The Hedgehog était perçu comme un défi technologique. La vitesse à laquelle bougeait le hérisson était dingue et démontrait les capacités techniques de la console 16-bits de Sega. Cela paraît normal aujourd'hui, mais à l'époque c'était une révolution en soi, comme ce fut le cas pour la 3D ou le Ray Traycing», se remémore Jean-François Morisse, journaliste jeux vidéo qui débutait sa carrière à 18 ans cette année-là. «Sonic permettait surtout à la Mega Drive de marquer son style. "On va à 100 à l'heure !" C'était rock'n roll contrairement à Mario chez Nintendo, qui proposait de la plate-forme plus pépère», ajoute-t-il.

Des niveaux que les joueurs les plus expérimentés pouvaient traverser en quelques secondes, avec des tonnes de chemins et secrets à découvrir, des boss hauts en couleurs et les inventions du loufoque Docteur Ivo Robotnik, alias Eggman. La réputation des jeux Sonic s'est bâtie principalement sur les trois hits sortis sur Mega Drive en 1991, 1992 et 1994, ainsi qu'une version Mega CD particulièrement réussie. Et pourtant rien n'était vraiment écrit pour l'animal bleu, qui devait «à l'origine s'appeler SuperSonic et être un petit lapin et non pas un hérisson», précise Jean-François Morisse.

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© Sega

Toutefois, aussi rapide soit-il, notre ami va vite se heurter à un mur, celui de la 3D. «On peut dire que la 3D a tué Sonic. Car il repose sur un concept fort mais il est difficile de le décliner. La mascotte de Sega a connu trois ans de gloire, car à l'époque on pouvait quasiment sortir un jeu par an. Mais en 1994, la PlayStation de Sony a mis en avant la 3D et Sega n'a pas su résister malgré sa console Saturn et la Dreamcast, qui ont été un échec commercial», poursuit Jean-François Morisse.

Les opus 3D que sont Sonic Adventure 1 et 2, sortis en 1998 et 2001, s'affichent comme des jeux de bonne qualité, mais ont du mal à supporter la comparaison avec la souplesse de gameplay posée par Super Mario 64, sorti en 1996 sur Nintendo 64. Des Sonic Dreamcast qui sont aussi le témoin de la fin de Sega en tant que constructeur de consoles.

Une popularité loin des jeux vidéo

Notre hérisson tentera bien de rebondir dans les années 2000 en se déclinant à tout va sur Game Boy Advance, Neo Geo Pocket, Wii et même dans des jeux le mettant en scène aux côté de Mario, dans Mario et Sonic aux Jeux Olympiques. La flamme bleue n'était pas au meilleure de sa forme sur les consoles de jeu. Il faudra presque attendre 2017 et la sortie de Sonic Mania pour que les fans de la première heure retrouvent le héros en 2D de leur enfance, dans un titre hommage et particulièrement réussi.

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© Paramount Pictures/Sega Sammy Group

«Le salut de Sonic vient essentiellement de son statut de big star des années 1990. Loin des consoles, Sonic brille encore aujourd'hui par la popularité que d'autres médias lui ont apporté», commente Jean-François Morisse. Des séries animées comme Sonic X (2003) ou Sonic Boom (2014), de multiples BD et une floppée de produits marketing (jouets, t-shirts...) ont su prolonger la popularité du petit hérisson aux chaussures rouges.

C'est d'ailleurs le film sorti en 2020 avec Jim Carrey en Eggman, et ses 300 millions de dollars de recettes (2 millions d'entrées en France), qui démontre encore le mieux la reconnaissance de Sonic à l'international.

Une ambition à réévaluer

Et la course en avant de ce héros téméraire ne devrait pas s'interrompre, puisque Sega envisage encore de nombreux projets pour sa mascotte. Si les deux premiers film auront droit à un troisième épisode, mettant en scène Shadow en 2024, Sega mise sur le retour de son héros en cette fin d'année 2022 avec une nouvelle série Netflix baptisée Sonic Prime mais aussi, et surtout, Sonic Frontiers.

Un opus tout en 3D qui semblait ambitieux pour offrir à son héros son grand retour sur consoles. Problème, les premières critiques (publiées ce lundi 7 novembre) ne témoignent pas d'un plaisir renouvelé. Sans doute un coup dur pour son créateur Takashi Iizuka, patron de la Sonic Team chez Sega, qui entendait poser ici les bases des futurs jeux Sonic pour les vingt années à venir... 

Pour aller plus loin dans l'univers de Sonic, nous vous recommandons deux ouvrages particulièrement riches. Sonic The Hedgehog paru chez Mana Books se présente comme un beau livre pour explorer l'univers artistique de Sonic à travers les années. Du côté des éditions Pix'n Love, L'Histoire de Sonic The Hedgehog revient avec force détails sur les origines du petit hérisson.

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