En direct
A suivre

La semaine de Philippe Labro : l'enquête de Lesieur, la quête de Vavasseur

Dans un «meurtre à Georgetown», Jean Lesieur évoque l'assassinat de Mary Pinchot Meyer, qui fut l'amante de JFK.[RONALD MARTINEZ / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Cinéma, littérature – deux passions que je partage avec des millions de Français. Dans vingt jours aura lieu le Salon du livre, à Paris. Existe-t-il encore une chance pour lui ? Oui, bien sûr, même si certains chiffres indiquent un ralentissement du marché.

Il n’empêche : nous sommes une nation littéraire, nous aimons les librairies et nous savons écouter les libraires – seuls vrais prescripteurs auprès des lecteurs. Nous sommes un des rares pays qui n’a pas encore cédé à l’e-book, à faire autant de place à la littérature étrangère. Les auteurs viennent de partout – et souvent du journalisme, ma troisième passion. Aussi, plutôt que des titres dont tout le monde parle, ai-je envie de signaler trois ouvrages écrits par des confrères.

Un meurtre à Georgetown, Jean Lesieur, éditions L’Artilleur

En mai 2017, on va célébrer les 100 ans de la naissance de John Fitzgerald Kennedy. Il y a eu tellement de publications sur JFK qu’on se demande encore ce que l’on peut apporter d’inédit. Avec sa contre-enquête sur la mort de Mary Pinchot Meyer, assassinée en octobre 1964 sur les bords du Potomac, à Washington, Jean Lesieur veut pouvoir apporter la vérité sur la disparition de cette belle quadragénaire, qui fut l’un des amours les plus durables du volage JFK. Selon Lesieur, qui s’appuie sur les témoignages, des enquêtes, des livres parus aux Etats-Unis, la CIA serait responsable aussi bien de l’attentat de Dallas que de la mort de Mary, «celle qui en savait trop».

J’ai tellement travaillé sur ces dossiers que je suis, aujourd’hui encore, sceptique sur toutes ces thèses autour d’un complot. Certes, les sombres et paranoïaques personnages qui ont joué un rôle au cours de ces années effra­yantes peuvent avoir tout manigancé. Je demeure prudent et nuancé. De nombreux faits ou éléments ne sont ni vérifiés, ni corroborés, et l’on attend toujours la «preuve». Lesieur, lui, ne doute pas.

A lire aussi : Anna Gavalda, le plaisir, c'est tout

Outre-Terre, Jean-Paul Kauffmann, éditions Gallimard (Folio)

Réédition, en poche, d’un des meilleurs livres de Kauffmann, journaliste et écrivain, qui a toujours eu la pudeur de ne pas faire commerce de son expérience d’otage au Liban entre 1985 et 1988. Avec ce retour sur le terrain où s’est déroulée la terrible bataille d’Eylau, Kauffmann revisite Napoléon, le colonel Chabert, l’Histoire et ses rebonds. C’est talentueux et passionnant, car Kauffmann mêle le présent au passé.

Un pas de danse, Pierre Vavasseur, éditions Jean-Claude Lattès

Pierre Vavasseur, journaliste au Parisien, n’écrit pas un roman comme ses chroniques. Au contraire, il se lâche, lyrique, poétique, parfois cru, parfois tendre, dans l’histoire d’une recherche à travers la France, en quête d’un mystérieux biographe du poète René Char. On y trouve portraits, dialogues, séquences et aphorismes, humour et nostalgie. On y lit la critique de notre monde : «A la télévision, il s’agissait de divertir. Ses animateurs hilares soumettaient les candidats ou leurs propres troupes au ridicule. Tout était bon pour paraître.»

Le talent pour décrire un bistrot nommé «Drôles de douleurs» et définir ensuite ce qu’est un «mannequin pharmacie» ; les citations de Léo Ferré ou d’Aragon, Victor Hugo et Google, il y a un foisonnement d’ironie, une force de vie, aussi. Le magazine (fictif) pour lequel travaille le narrateur s’appelle Tout voir. Vavasseur va surprendre avec ce roman du «tout dire».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités