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Françoise Laborde (CSA) : "L'éducation sexuelle se fait sur téléphone portable"

Françoise Laborde Françoise Laborde, membre du CSA, préside le groupe de travail Protection de l'enfance[DR / CSA]

Le CSA a fait évaluer la dernière campagne de sensibilisation à la signalétique des programmes télévisés. L’institut TNS-Sofres a rendu ses conclusions mardi matin. Violence, porno : les usages évoluent et les attentes aussi.

Françoise Laborde, membre du CSA et présidente du groupe de travail « Jeunesse et protection des mineurs », les analyse pour DirectMatin.fr

Quel est le bilan de la dernière campagne de sensibilisation ?

Nous sommes très contents. Les chaînes de télévision ont joué le jeu. Les spots de cette campagne ont été diffusés massivement. On estime qu’ils ont débouché sur 274 millions de contacts dont 19 millions sur les 4-10 ans.

Quantitativement un succès, mais qualitativement ?

Ici encore, nous sommes satisfaits. Il est vrai que nous avons un vrai défi avec les adolescents. Ils disent qu’aucune campagne ne peut marcher avec eux. Selon eux, la télé serait leur véritable espace de liberté : elle n’est pas là pour leur faire la morale.

Concrètement, sur quoi cette campagne peut déboucher ?

Elle suscite beaucoup d’interrogations et une véritable demande de dialogue. J’aimerais vraiment que le CSA joue un rôle de tuteur  en la matière. Je songe notamment à la création d’un forum sur le site du CSA mais nous n’y sommes pas encore.

L’étude TNS-Sofres confirme aussi une nouvelle façon de regarder les programmes.

On ne regarde plus la télévision en famille, c’est fini. Surtout pour les ados pour qui c’est un « plaisir solitaire ». Par ailleurs, on visionne les programmes sur les smartphones, les ordinateurs portables, ou  les tablettes. Ce nouveau mode de consommation appelle de nouvelles réponses.

Cette campagne porte surtout sur la violence, mais la question du porno est incontournable…

Les ados ne comprennent pas que la pornographie pose un problème. Quand ils voient un homme avec trois femmes, ou une femme avec un cheval, ils pensent que c’est comme cela dans la vraie vie. Ils n’ont aucune idée de ce que sont les relations amoureuses.

Et comment se positionnent les parents face à cette question ?

Il n’y a plus aucun dialogue sur les questions sexuelles avec les parents. Désormais, l’éducation sexuelle se fait sur un téléphone portable sous le préau de la cour de récréation avec les copains. Et les jeunes sont pour les outils de contrôle parental… car ils veulent les utiliser pour empêcher leurs parents d’accéder à leurs contenus !

Le CSA prévoit-t-il de sensibiliser aussi l’opinion à la question du porno ?

Nous allons sans doute mener une réflexion sur les programmes classés en catégorie 5 (interdit aux moins de 18 ans). De plus en plus d’émissions proposent ainsi des reportages – par exemple l’itinéraire professionnel d’un comédien du X – qui s’apparentent parfois aux contenus pornos « classiques ».

Peut-on imaginer que le CSA intervienne aussi sur ces nouveaux modes de diffusion ?

Le CSA a toujours souhaité intervenir et le président Boyon a évoqué ce projet récemment encore. Il faut dire que des fournisseurs d’accès s’apparentent parfois à des producteurs de télévision en mettant bout à bout des programmes. Il n’est pas illogique qu’ils contribuent aussi au financement de la production audiovisuelle par une taxation appropriée. Et que eux aussi adoptent la signalétique commune.

 

 

Lire aussi notre article : Sur le web, les ados ne regardent pas que des séries

 

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