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Distribution des journaux : le conflit se durcit

Des présentoirs vides dans un kiosque à Paris [Emmanuel Glachant / AFP/Archives] Des présentoirs vides dans un kiosque à Paris [Emmanuel Glachant / AFP/Archives]

Le blocage des quotidiens nationaux par des employés en colère provoque une exaspération généralisée des éditeurs et de la direction du distributeur Presstalis qui veut diviser par deux le nombre de ses salariés considérés comme privilégiés.

Faute de pouvoir faire assurer la distribution de leurs titres, les éditeurs ont choisi collectivement de ne pas les faire imprimer.

L'appel à cesser le travail vise à peser sur les négociations du plan de restructuration de Presstalis, qui prévoit notamment la suppression de 1.250 postes sur 2.500 salariés.

Pour Marc Feuillée, patron du Figaro et président du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN, patronat) , il s'agit d'"un conflit insoutenable, un véritable scandale, la presse quotidienne est systématiquement prise en otage. Il faut que le SGLC- CGT arrête ces actes violents", a-t-il dit sur France Info.

Concernant le plan social chez Presstalis, "il y a des reclassements proposés, notamment à la Poste, probablement à la RATP et dans d'autres entreprises publiques. Les conditions sociales de travail des ouvriers du Livre sont extrêmement favorables, les salaires sont élevés et les indemnités de départ sont exceptionnelles", a encore assuré M. Feuillée.

En cas de licenciement, la convention collective de la presse prévoit des indemnités de départ au minimum dix fois supérieures à celles inscrites dans le code du travail.

Chez Presstalis, "les coûts salariaux sont le double de ce qui existe dans d'autres sociétés de logistique équivalentes, nous pouvions le supporter il y trente ans, maintenant c'est insupportable", selon M. Feuillée.

Compte tenu du niveau des salaires chez Presstalis, un salarié avec 30 ans d'ancienneté quitterait l'entreprise avec au minimum 100.000 euros d'indemnités.

Pour Nicolas Demorand, patron de Libération, "les ouvriers du Livre, en tout cas ceux qui ont décidé d’aller à la politique du pire, pensent qu’en mourant ensemble, nous vivrons plus longtemps. Funeste erreur", écrit-il dans un éditorial sur libération.fr.

"Qui subit ce conflit? Nos lecteurs évidemment et les diffuseurs, soit 30.000 kiosquiers, 1.000 d'entre-eux ont fermé l'an dernier", a déclare de son coté Louis Dreyfus, président du directoire du Monde sur les ondes de France Inter.

Le siège social de Presstalis à Paris, le 3 juillet 2012 [Mehdi Fedouach / AFP/Archives]
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Le siège social de Presstalis à Paris, le 3 juillet 2012
 

"Quand on ferme on touche rien"

"L'an dernier, on était a une non-parution par mois, maintenant c'est une par semaine (...). Les petits quotidiens et les petits magazines ne peuvent plus tenir financièrement", a-t-il affirmé.

"On n'arrive plus à assumer les charges et toutes les factures à payer", assure Ali Thazem, marchand de journaux à Paris. Son confrère d'un autre kiosque, Guy Rollot, est quant à lui indigné: "Je ne vais pas verser une larme pour Presstalis, nous, quand on ferme, on ne touche rien".

Près d'une trentaine d'actions de blocage total ou partiel de la sortie des journaux sont intervenues depuis octobre. Plusieurs dizaines de salariés du secteur de la distribution se sont rassemblés mercredi matin devant l'imprimerie du Monde à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) avant se rendre à Bonneuil pour bloquer une plate-forme de distribution de la presse magazine du groupe Geodis, sous-traitant de Presstalis.

"On veut la suppression du plan de licenciement schez Presstalis et l'organisation d'une table ronde avec les pouvoirs publics, les éditeurs et les représentants des salariés", a déclaré à l'AFP Marc Norguez, secrétaire général du SGLCE.

Les syndicats s'opposent aussi au projet de la direction de Presstalis de recourir à la sous-traitance pour certaines activités.

"J'appelle à un peu de responsabilité de la part de tous et notamment de ceux qui ont décidé de l'opération de blocage", a déclaré le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, à l'émission "Questions d'Info" LCP/FranceInfo/LeMonde/AFP.

"J'aimerais que tous les partenaires voient bien la situation extrêmement difficile dans laquelle se trouve cette entreprise en dépit des efforts considérables que l'État a pu consentir depuis maintenant 10 ans", a-t-il ajouté.

Même le dessinateur Plantu y est allé de son croquis à la Une du Monde. Le bras coupé et ensanglanté d'un journaliste au milieu d'un fatras de journaux: "Charia ? Non, distribution de la presse".

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