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En Syrie, une poignée de jihadistes étrangers aux côtés des insurgés

Aux côtés des insurgés syriens, une poignée de jihadistes sunnites combat le président Bachar al-Assad. Elle constitue l'extrême minorité des opposants armés au régime, mais le phénomène pourrait s'amplifier.[AFP/Archives]

Aux côtés des insurgés syriens, une poignée de jihadistes sunnites combat le président Bachar al-Assad. Elle constitue l'extrême minorité des opposants armés au régime, mais le phénomène pourrait s'amplifier.

Sur les 22 millions de Syriens, quelque 70% sont sunnites, 20% appartiennent à d'autres branches de l'islam (chiites, druzes, ismaéliens, mais surtout 12% d'alaouites, variante sectaire du chiisme à laquelle appartient le président syrien), et 10% sont chrétiens.

Le nombre de jihadistes étrangers est difficile à évaluer à l'échelle du pays. Les combattants rencontrés pendant près d'une semaine par un journaliste de l'AFP autour de Homs, ville-symbole de la révolte reprise le 1er mars par l'armée, étaient essentiellement des Syriens sunnites, avec parfois quelques étrangers de même confession, et très rarement des chrétiens du pays.

"Cinq Libyens se battaient à Homs avec nous. Ils ont tous été tués", a expliqué un chef de groupe de l'Armée syrienne libre (ASL, formée de déserteurs) ayant combattu dans la ville, confirmé par d'autres témoignages.

Il a réfuté la présence de nombreux étrangers. "Il y en a quelques-uns, de différentes nationalités, mais on est essentiellement des Syriens. Et Al-Qaïda n'a rien à voir avec nous, Al-Qaïda ne nous intéresse pas", a-t-il assuré.

"Dans un pays où le chaos s’installe, il va de soi qu’un espace se crée pour des volontaires étrangers", mais leur rôle "restera dérisoire à moins que les combattants syriens ne voient un intérêt à leur présence", estime Peter Harling, expert à l'International crisis group (ICG).

Mi-février, un observateur de la Ligue arabe à Homs avait dit à l'AFP sous le couvert d'anonymat que "de nombreux combattants étrangers" -islamistes pakistanais, afghans, libanais, irakiens, soudanais, libyens et yéménites- y menaient l'essentiel des actions armées et "dominaient tout le monde", l'ASL comme les activistes civils.

"C'est un produit de son imagination", rétorque M. Harling, "je ne vois pas comment des étrangers, à ce stade du conflit, imposeraient quoi que ce soit" aux Syriens, et "je ne crois pas non plus qu'ils soient nombreux".

La proportion d'étrangers "est probablement très mince", confirme Karim Emile Bitar, de l'Institut français de relations internationales et stratégiques (IRIS), mais "appelée à croître maintenant que le Qatar et l’Arabie saoudite ont ouvertement annoncé qu’ils étaient favorables à une militarisation de la révolution syrienne".

L'armement de l'opposition est vivement discuté dans les sphères arabes et occidentales, mais Washington y est réticent, craignant que les armes ne soient récupérées par Al-Qaïda.

Rejoignant les craintes occidentales, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a affirmé récemment qu'Al-Qaïda, très implantée en Irak, avait commencé à migrer vers la Syrie.

Mais pour Peter Harling, "rien ne permet de penser, à ce stade, que le conflit syrien évoluera" comme en Irak, régulièrement endeuillé par des attentats suicide meurtriers perpétrés par des volontaires locaux et étrangers.

Quelque part dans la campagne syrienne, Al-Baghdadi, grand Libanais barbu de 29 ans a été "enrôlé" dans l'ASL. Il affirme avoir été sniper à Bagdad pour soutenir l'ex-dictateur Saddam Hussein lors de l'invasion américaine avant de rentrer au Liban après la chute du régime.

Dans l'actuelle révolte, la religion "n'a pas d'importance", assure-t-il en désignant un compagnon d'arme chrétien. Et d'expliquer qu'il combat "le régime injuste d'Assad" pour "protéger les enfants syriens contre la mort", et de réclamer "l'aide de l'Otan" car sinon "le régime va gagner".

Un autre jihadiste qui tait sa nationalité, Abou Kassim, vêtu d'un shalwar kamiz -une tunique portée notamment en Afghanistan-, raconte avoir combattu l'armée américaine en Afghanistan et en Irak dans les années 2000. Ses frères d'armes le surnomment en riant "le taliban".

Il demande que la France mette en place "une zone d'exclusion aérienne" au-dessus du pays, "sinon on attaquera la France après avoir tué Bachar", lance-t-il hilare. Et ajoute, soudain sérieux: "On ne veut rien des Américains, ce sont nos ennemis".

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