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Afghanistan: la stratégie de sortie du conflit, un casse-tête pour Obama

La stratégie de sortie du conflit afghan devient un vrai casse-tête pour le président américain Barack Obama, confronté à une accumulation de revers, un homologue afghan furieux et une opinion publique lasse de la guerre.[AFP]

La stratégie de sortie du conflit afghan devient un vrai casse-tête pour le président américain Barack Obama, confronté à une accumulation de revers, un homologue afghan furieux et une opinion publique lasse de la guerre.

L'objectif de quitter fin 2014 un Afghanistan doté d'un gouvernement stable, capable d'assurer la sécurité sur son territoire et d'y empêcher une renaissance d'Al-Qaïda, est de plus en plus mis en doute.

Exemplaires du Coran incinérés, tuerie de villageois par un sous-officier américain, soldats afghans retournant leur arme contre leurs collègues de la force internationale : la multiplication des incidents a tendu un peu plus les relations entre le président Hamid Karzaï et son homologue américain. Elle conduit beaucoup d'experts à s'interroger: la guerre en vaut-elle encore la peine?

L'annonce jeudi par les talibans qu'ils se retiraient des discussions préliminaires entamées avec les Etats-Unis pour mettre un terme au conflit n'a rien arrangé, alors que l'espoir d'une solution négociée est la seule option viable pour l'après 2014, estiment nombre d'analystes.

Le transfèrement vendredi dans une prison militaire aux Etats-Unis de l'auteur présumé de l'assassinat de 16 civils afghans a ulcéré Hamid Karzaï. Il a fustigé le manque de coopération américain qui "ne peut plus être toléré", forçant Barack Obama à l'appeler à deux reprises au cours de la semaine.

Pour Moeed Yusuf, de l'Institut américain pour la Paix (USIP), face à ces incidents répétés, il est de plus en plus compliqué pour les deux chefs d'Etat d'être "sur la même longueur d'ondes". "Si cela continue, je ne vois pas comment on peut s'accrocher à cette stratégie, qui dépend en grande partie de la bonne volonté de l'Afghan moyen", affirme-t-il à l'AFP.

L'annonce par Hamid Karzaï, qui a depuis fait marche arrière, selon laquelle Kaboul entendait assurer dès 2013 la sécurité du pays à la place de l'Otan, et non à la fin 2014 comme prévu, ajoute aux doutes sur la possibilité pour la force internationale d'accomplir sa mission de sécurisation du pays.

"Dans le meilleur des cas, ce sera une impasse", juge Stephen Biddle, expert au Conseil pour les relations étrangères (CFR), en évoquant la situation militaire quand la coalition se retirera. "Je pense que personne ne peut raisonnablement s'attendre à ce que les forces afghanes soient capables de sécuriser des zones autres que celles que nous leur remettrons", affirme-t-il.

Comme de nombreux Américains, certains experts estiment donc qu'il est temps d'arrêter les frais et d'adopter une stratégie limitant l'exposition aux dangers des 90.000 soldats américains et 30.000 de l'Otan sur place.

Selon Charles Dunlap, de l'Université Duke, pour limiter la présence militaire étrangère en Afghanistan, il faudrait que les soldats afghans soient formés à l'extérieur du pays. "Ce que je propose, c'est une présence beaucoup plus réduite avec les Afghans en chefs de file. On y vient, mais je pense qu'il faut accélérer le mouvement".

Les Etats-Unis doivent retirer 23.000 hommes d'Afghanistan d'ici à la fin de l'été. Barack Obama a réaffirmé qu'il n'envisageait pas de modification "brutale" de cette stratégie mais beaucoup prévoient des réductions d'effectifs supplémentaires en 2013.

En plein année électorale, le président Barack Obama s'enorgueillit d'avoir mis fin à l'intervention américaine en Irak et souhaite pouvoir dire qu'il ramènera les soldats d'Afghanistan. Selon un sondage de la chaîne ABC, 60% des Américains considèrent que la guerre ne vaut pas la peine d'être menée. Mais il sait aussi que les répercussions d'un retrait précipité pourraient avoir de sombres conséquences qu'il lui faudra gérer lors d'un éventuel second mandat.

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