En direct
A suivre

Copenhague: un squat géant devient une attraction touristique

"Deviens dès aujourd'hui actionnaire de Christiania": sur sa page Facebook, un squat géant créé par des hippies dans le centre de Copenhague et devenu une attraction touristique phare de la capitale danoise appelle aux dons pour assurer son avenir.[AFP]

"Deviens dès aujourd'hui actionnaire de Christiania": sur sa page Facebook, un squat géant créé par des hippies dans le centre de Copenhague et devenu une attraction touristique phare de la capitale danoise appelle aux dons pour assurer son avenir.

Sous le coup d'une décision judiciaire, la communauté hippie autogérée doit réunir 76 millions de couronnes (10,2 millions d'euros) pour racheter une partie de ce bastion désaffecté qu'elle occupe illégalement.

Christiania a été fondée le 26 septembre 1971 par un groupe de hippies qui ont élu domicile dans des casernes militaires désaffectées du centre de Copenhague. Ils ont hissé leur "drapeau de la liberté" et baptisé cette enclave de non-droit d'une trentaine d'hectares "Christiania, Ville libre".

Un million de touristes visitent chaque année ce squat qui compte un millier de résidents, artistes, militants, marginaux...

Mais aujourd'hui, les baraquements bariolés de graffitis et abritant logements, cafés, restaurants ou commerces, ainsi que les coquettes maisons en bois aux décorations personnelles plus ou moins psychédéliques, sont menacés d'une reprise en main par l'Etat.

Finies, alors, les promenades sur l'emblématique Pusher Street où marginaux et touristes dévergondés déambulent devant des étals garnis de haschisch et de têtes de cannabis.

Sans l'interdiction d'y prendre des photos pour ne pas gêner les trafiquants de drogue, cette allée évoquerait la rue commerçante d'un village, un jour de marché.

Christiania doit trouver 50 millions de couronnes (6,7 millions d'euros) d'ici au 1er juillet, sous peine d'être fermé.

Alors une Fondation Christiania a été créée en juillet dernier pour racheter le terrain. L'Etat garantissant 100% du prêt, elle peut sans problème négocier un emprunt auprès des banques, affirme l'avocate de la Ville libre, Line Barfod.

Mais les squatteurs rechignent à restreindre le budget consacré aux activités culturelles pour rembourser de lourdes mensualités, explique Risenga Manghezi, un porte-parole de la communauté.

Christiania peut compter sur un revenu annuel de 20 millions de couronnes (2,6 M euros) constitué des loyers volontairement versés par son millier d'occupants dont bon nombre mènent une vie professionnelle ordinaire à l'extérieur de l'enclave, explique M. Manghezi, employé à mi-temps dans une école de Copenhague.

En septembre, ils ont lancé une collecte. Ils ont mis en vente, sur internet ou sur place, des "actions populaires", qui sont en réalité des affichettes affirmant en plusieurs langues "Action de Christiania - vaut davantage que l'argent".

Acupunctrice de 47 ans, Nulle verse 100 couronnes (13 euros) à un guichet aménagé dans l'une des nombreuses maisonnettes.

"C'est super d'avoir un lieu qui ne soit pas nécessairement réglementé et où cohabitent des gens de toutes sortes!", lance cette fidèle des concerts organisés dans la Ville libre.

Birthe et Kurt pénètrent rarement à Christiania, où chiens et vélos circulent librement sur des chemins verdoyants interdits aux véhicules motorisés.

Mais, inquiet de lire dans les journaux que les dons ne décollent pas, ce couple d'une soixantaine d'années est venu verser son obole de 500 couronnes.

Environ 50.000 personnes ont pour l'instant donné de l'argent. Mais en mars, la collecte ne s'élevait qu'à près de 7 millions de couronnes (900.000 euros), loin de l'accompte de 50 millions dû le 1er juillet.

Pour Me Barfod, "il a toujours été convenu que la Fondation devrait emprunter la plupart de cette somme", alors le montant récolté est déjà "fantastique".

Certains refusent de donner à cause du trafic de cannabis, tenu par la "criminalité organisée", reconnaît Risenga Manghezi.

"Tant qu'ils n'auront pas mis les Hell's Angels dehors, je n'investirai pas!", martèle Torben Vemmelund, un conseiller en communication de 37 ans.

Pourtant, la communauté subit cette criminalité et ne touche aucun argent de la drogue, assure M. Manghezi.

Mais pour Kjeld Amundsen, un artiste de 72 ans, les habitants sont complices en laissant les trafiquants louer des habitations dans le squat.

La "Ville libre" "a perdu la sympathie des Danois" car elle est devenue "le plus grand foyer de criminalité du Danemark", pense-t-il.

Christianite de la première heure, Tanja Fox se veut optimiste: les dons s'envoleront "au printemps, avec le retour du soleil et des touristes."

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités