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Kofi Annan à Moscou pour évoquer la crise syrienne

Kofi Annan Kofi Annan. [PHILIPPE MERLE / AFP]

L'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, est attendu dimanche à Moscou pour évaluer jusqu'où la Russie est prête à aller pour faire pression sur son allié syrien après avoir voté une déclaration de l'ONU soutenant le plan de paix Annan.

Kofi Annan doit rencontrer le président Dmitri Medvedev et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pour analyser les "moyens de parvenir à un règlement du conflit inter-syrien", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un bref communiqué.

M. Annan doit également se rendre à Pékin mardi et mercredi pour des entretiens avec les dirigeants chinois.

La Russie et la Chine, fidèles alliés de Damas, ont bloqué deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie qui a fait plus de 9.000 morts depuis le début de la révolte il y a un an, selon une ONG.

Sous la pression des Occidentaux depuis plusieurs semaines, Moscou et Pékin ont voté mercredi une déclaration du Conseil de sécurité soutenant la médiation de Kofi Annan pour mettre fin à un an de violences en Syrie et demandant instamment à Damas d'appliquer sans tarder ses propositions de règlement.

Le plan Annan préconise notamment la cessation de toutes formes de violence armée par toutes les parties sous supervision de l'ONU, la fourniture d'aide humanitaire à toutes les zones affectées par les combats et la libération des personnes détenues arbitrairement.

Allie de la Syrie depuis la période soviétique et fournisseur d'armes à ce pays, la Russie avait appelé Damas, le 19 mars, à accepter "immédiatement" la demande du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d'une trêve quotidienne.

Quelques jours plus tôt, Moscou avait critiqué le président syrien Bachar al-Assad pour les "gros retards" dans l'application des réformes et mis en garde Damas contre un risque d'escalade de la crise si le régime n'écoutait pas les conseils de la Russie.

Les Etats-Unis ont constaté une "évolution" positive de la position russe sur la Syrie, le chef de la diplomatie française Alain Juppé estimant pour sa part que Moscou avait "un peu bougé" au Conseil de sécurité.

Aux yeux de certains experts russes, Moscou cherche à aplanir les divergences avec ses partenaires sur la question syrienne après l'élection de Vladimir Poutine à la présidentielle du 4 mars, mais les intérêts de la Russie en Syrie sont trop importants pour qu'elle lâche complètement Bachar al-Assad.

Par ailleurs, les chefs de l'insurrection syrienne ont décidé samedi d'unifier leurs rangs avant une réunion de l'opposition politique, elle aussi déterminée à présenter un front uni face au régime syrien, qui pilonne toujours les villes rebelles au prix de dizaines de morts.

Le colonel Riad Assaad, chef de l'Armée syrienne libre (ASL), composée de militaires dissidents, a annoncé à l'AFP la création d'un Conseil militaire regroupant ses forces avec celles du général Moustapha Al-Cheikh, l'officier dissident parmi les plus haut gradés.

Joint en Turquie, il a affirmé que ce Conseil était "un pas pour garantir l'unité des troupes et des forces armées (de l'opposition) sur le sol syrien" et a appelé tous les militaires dissidents à se placer sous le commandement de ce Conseil.

Le général Al-Cheikh présidera le Conseil militaire, mais le colonel Assaad restera "en charge de l'ensemble des opérations militaires, des bataillons et de tous les conseils militaires des villes qui devraient se placer sous son autorité", selon Khaled Ali, un proche du général Al-Cheikh.

Cette annonce intervient avant une réunion lundi et mardi à Istanbul des courants politiques de l'opposition qui, fragmentée, peine à s'organiser en un front uni contre le régime qui réprime dans le sang depuis un an une révolte populaire désormais de plus en plus militarisée.

Mohammed al-Sarmini, membre du Conseil national syrien (CNS), la principale coalition de l'opposition, a invité l'ensemble des composantes et personnalités de l'opposition à se rendre à Istanbul, dont Haitham al-Maleh, Kamal al-Labwani et la militante Catherine al-Telli, qui avaient démissionné du CNS.

Les indépendants Aref Dalila et Michel Kilo, ainsi que le Comité de coordination national pour le changement national et démocratique (CCNCD), qui regroupe des opposants à l'intérieur de la Syrie, ont également été invités, selon lui.

Dans un communiqué, le CNS a affirmé que la réunion visait à élaborer un "Pacte national pour une nouvelle Syrie", regroupant les "objectifs communs de l'opposition pour mettre fin à la dictature du régime et aboutir à l'objectif final de l'établissement d'un Etat civil et démocratique, pluraliste".

Sur le terrain, la répression ne montrait aucun signe de répit, avec le pilonnage des villes rebelles, alors que les combats entre soldats et déserteurs se sont intensifiés.

Au total, 46 personnes ont péri samedi dans les violences: 28 civils dont deux femmes et deux enfants tués par les tirs des forces de sécurité, en majorité à Homs (centre), ainsi que 16 soldats et 2 déserteurs lors de combats à Idleb (nord-ouest), Hassaka (nord-est), Deraa (sud) et Alep (nord), selon l'OSDH.

Les forces du régime ont ainsi bombardé au mortier et à la mitrailleuse lourde Homs, Qousseir, et Hama (centre). En soirée, de violents combats se déroulaient entre déserteurs et soldats à Aazaz dans la province d'Alep, dont un grand nombre de ses habitants a pris la fuite, selon la même source.

Des affrontements avaient aussi lieu à Douma, dans la province de Damas, après des combats nocturnes jusque dans certains quartiers de la capitale, selon un militant.

Les autorités syriennes ne reconnaissent pas l'ampleur de la contestation et affirment pourchasser des "groupes terroristes". Elles sont restées imperturbables face aux appels internationaux à cesser l'effusion de sang et aux sanctions occidentales dont les dernières, de l'Union européenne, ont visé l'épouse, la mère, la soeur et la belle-soeur de M. Assad.

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