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La province d'Aceh en Indonésie élit son gouverneur

Après un tsunami dévastateur et trente ans de rébellion indépendantiste, la province indonésienne d'Aceh a élu lundi son gouverneur dans l'espoir de consolider une paix fragilisée par une série d'assassinats politiques.[AFP]

Après un tsunami dévastateur et trente ans de rébellion indépendantiste, la province indonésienne d'Aceh a élu lundi son gouverneur dans l'espoir de consolider une paix fragilisée par une série d'assassinats politiques.

"Nous revenons de loin": Saodah, mère au foyer de 60 ans, a voté dans la mosquée Baiturrahim de Ulee Lheue, village située dans la capitale provinciale Banda Aceh. L'édifice est le seul à avoir survécu au raz-de-marée qui a englouti 170.000 Acehnais le 26 décembre 2004, sur les 220.000 personnes tuées dans l'ensemble de l'Asie.

"Nous avons reconstruit notre port, nos maisons. Nous avons rebâti des familles. J'ai voté pour le gouverneur sortant car il a prouvé que le beau temps pouvait succéder à la pluie", explique à l'AFP Saodah, qui ne porte qu'un nom comme beaucoup d'Indonésiens.

C'est avec cet espoir de renouveau que les Acehnais (3,2 millions d'électeurs) ont choisi leur gouverneur, aux pouvoirs accrus par l'autonomie concédée il y a une dizaine d'années à la province, située sur la partie la plus septentrionale de l'île de Sumatra (nord-ouest).

Le scrutin n'est que le deuxième depuis le tsunami de 2004 et la fin, en 2005, de trente ans d'un conflit séparatiste qui a fait 15.000 morts.

Les mois précédant la campagne ont été marqués par une dizaine d'assassinats imputés par la presse locale au schisme survenu dans le mouvement indépendantiste après la signature de la paix, le 15 août 2005.

Le Mouvement Aceh Libre (GAM), la guérilla indépendantiste aujourd'hui dissoute, s'est scindé entre sa "vieille garde", formée de dirigeants historiques qui sont restés une trentaine d'années en exil en Suède, et les "jeunes Turcs" puisant leur légitimité dans les combats qu'ils ont menés sur le terrain.

Le scrutin de lundi se résume ainsi à un duel entre Zaini Abdullah, 71 ans, sorte de "dinosaure" du GAM qui a vécu longtemps en exil, et l'actuel gouverneur Irwandi Yusuf, grand favori et symbole de la nouvelle garde. A 51 ans, cet ancien rebelle est crédité de la reconstruction réussie de l'après-tsunami.

Les résultats du scrutin, qui devraient être annoncés vers le 15 avril, promettent d'être passés à la loupe dans le reste de l'Indonésie, pays musulman le plus peuplé de la planète: Aceh est la seule province à appliquer la charia (loi islamique), qui punit de coups de bambou assénés en public les consommateurs d'alcool ou les parieurs. Le reste des 240 millions d'Indonésiens pratiquent majoritairement un islam modéré.

Aucun candidat au poste de gouverneur ne veut toucher à la charia, largement populaire dans cette province très religieuse. En revanche, certains postulants n'ont pas exclu de céder aux demandes de religieux en vue d'une sévérité accrue, en rendant par exemple possible la lapidation en public pour les femmes adultères.

Mais le sujet est loin d'avoir monopolisé la campagne, plus axée sur la paix et le développement.

"Je veux un bon dirigeant musulman qui fasse appliquer la loi islamique mais le plus important est d'assurer la paix et le progrès économique. Nous avons souffert pendant longtemps lors du conflit (indépendantiste) et l'heure n'est plus aux combats", explique Nuzurul, un chauffeur de taxi de 35 ans.

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