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Québec : une petite ville prise malgré elle au coeur du conflit étudiant

Des policiers devant le centre des congrès de Victoriaville, au Canada, le 4 mai 2012, où le Parti Libéral du Québec (PLQ) doit se réunir[AFP]

Policiers omniprésents, dans les rues jusqu'au toit d'un hôtel, commerces fermés, afflux massif de jeunes: la municipalité paisible de Victoriaville était le théâtre malgré elle vendredi d'un chassé-croisé entre le gouvernement et les étudiants québécois en colère.

C'est l'histoire d'un parti politique au pouvoir depuis neuf ans qui se retrouve confronté à une gronde étudiante sans précédent pour avoir décrété une hausse de 75% sur cinq ans des droits de scolarité à l'université afin de les ramener à 3.800 dollars, plus près de la moyenne nord-américaine.

Le Parti libéral du Québec (PLQ) devait tenir son conseil national ce week-end à Montréal mais, craignant des débordements à cause du conflit, il a déménagé presque à la dernière minute son congrès à Victoriaville. Les étudiants de cette municipalité de 42.000 habitants située à 170 kilomètres à l'est de la métropole s'étaient prononcés contre la "grève" qui, selon les points de vue, anime ou perturbe le Québec depuis douze semaines.

Les étudiants du Québec ont alors décidé de jouer jusqu'au bout le jeu du chat et de la souris et d'affluer vers Victoriaville.

Vendredi soir, plus de 2.000 étudiants, professeurs et membres de la société civile étaient déjà arrivés en ville en scandant: "Colère générale contre le Parti Libéral". Par mesure de précaution, quelques commerces ont fermé avant le début de la grand-messe à l'instar de la succursale locale du numéro un mondial de la distribution Wal-Mart.

"Je me bats pour ce que je crois et je crois en la gratuité scolaire", souffle Antoine Perreault, 18 ans, écharpe rouge, casquette vissée sur ses cheveux bruns en bataille. Cet étudiant en musique au Cégep (lycée, ndlr) d'Alma a fait plus de 300 kilomètres en auto-stop pour participer à une manifestation étudiante qui pourrait s'étirer sur tout le week-end.

"Je ne sais pas où je vais dormir", dit-il, doucement. Les rares hôtels de la ville affichent complets et les chambres étaient de toute façon trop onéreuses pour ces étudiants. "Moi, j'héberge des jeunes chez moi", assure Luc, un père de famille qui grille une cigarette sous un ciel gris et pluvieux.

Quelque 170.000 étudiants de la province francophone de huit millions d'habitants sont toujours en grève pour marquer leur opposition à la hausse des droits de scolarité, un mouvement ponctué de heurts avec la police et marqué aussi par la créativité des manifestants dont la grande majorité refusent l'usage de la violence.

"Nous souhaitons que tout se passe dans le respect et le calme sur notre territoire", a exhorté le maire de Victoriaville, Alain Rayes, dans un message aux étudiants diffusé sur le site de partage de vidéos YouTube. "Les manifestations pourront se faire de façon sécuritaire, calme et pacifique", a-t-il ajouté.

La Sûreté du Québec (SQ, police provinciale) quadrillait littéralement la ville vendredi. Des agents s'étaient d'ailleurs regroupés sur le parking du Wal-Mart où sont arrivés des cars jaunes d'étudiants provenant de l'ensemble de la province.

Des barrières métalliques ont été érigées devant le centre des Congrès local où 600 membres du Parti Libéral du Premier ministre Jean Charest sont attendus en soirée pour un congrès prévu sur tout le week-end.

Jusqu'à présent, M. Charest a opté pour la ligne dure avec les étudiants dans ce conflit, une attitude qui semble lui avoir bénéficié. Selon un sondage publié vendredi, sa formation aurait la chance de remporter une quatrième victoire consécutive si des élections anticipées étaient déclenchées.

Le gouvernement a, cependant, convié vendredi soir les dirigeants des trois associations étudiantes en grève, ce qui a fait naître l'espoir d'un dénouement à ce conflit aux accents de crise sociale.

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