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Les Ouïghours luttent face à la répression chinoise

La dissidente ouïghoure en exil Rebiya Kadeer prononce un discours à Tokyo le 14 mai 2012[AFP]

La dissidente ouïghoure en exil Rebiya Kadeer a affirmé lundi que son peuple était confronté à une lutte pour son existence face à la répression chinoise, propos tenus à l'ouverture d'une réunion du Congrès mondial ouïghour tenue à Tokyo malgré l'opposition de Pékin.

La militante, qui vit aux Etats-Unis depuis sa libération d'une prison chinoise en 2005, a par ailleurs fait un geste de défi à l'égard des autorités chinoises en se rendant dans l'après-midi au sanctuaire Yasukuni, considéré comme le symbole du Japon militariste des années 30 et 40 qui avait occupé la Chine et la Corée.

"Avant, nous nous battions pour nos droits, nous protestions contre l'oppression de la Chine", a dit Rebiya Kadeer devant les journalistes après l'ouverture de la conférence qui durera cinq jours.

"Mais aujourd'hui, nous sommes face à une lutte pour notre existence."

"La situation est pire que ce qu'elle était en 2009" lorsque les Ouïghours manifestaient et affrontaient les autorités chinoises, a-t-elle estimé.

De nombreux Ouïghours, musulmans turcophones, se plaignent d'être victimes de persécutions de l'Etat chinois et d'être marginalisés au Xinjiang, leur province natale située dans le nord-ouest de la Chine, en raison de l'installation de millions de Han, l'ethnie dominante chinoise.

La Chine considère le Congrès mondial ouïghour, basé à Munich (Allemagne), comme une organisation "séparatiste" et a critiqué le Japon pour avoir délivré un visa à Mme Kadeer, qui est déjà venue dans l'archipel en 2009.

Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei, a accusé lundi le Congrès d'être "étroitement lié à des organisations terroristes".

"Nous demandons urgemment à la partie japonaise de respecter dans les actes les exigences de la Chine, d'adopter des mesures pour réparer les dommages et de prendre des mesures concrètes dans le plus grand intérêt des relations sino-nippones", a-t-il dit.

La dissidente a indiqué que les participants à la conférence de Tokyo étaient venus de plus de 20 pays et a exprimé sa "reconnaissance" à l'égard du gouvernement nippon pour avoir accordé des visas en dépit des pressions de la Chine.

"Nous avions espéré que 200 ou 300 Ouïghours pourraient participer, mais certains d'entre eux n'ont pas été autorisés à obtenir des visas en raison des pressions chinoises sur leur pays de résidence", a-t-elle dit.

Le Xinjiang est une région autonome régulièrement secouée par des troubles en raison des fortes tensions entre Ouïghours et Hans.

Mme Kadeer a affirmé que la politique de Pékin d'"assimilation forcée" n'était pas acceptable dans une démocratie moderne.

"Nous luttons pacifiquement et espérons que le gouvernement chinois mettra un terme à la répression du peuple ouïghour (..) et adoptera des réformes politiques afin de changer sa gouvernance autoritaire", a-t-elle dit.

La visite de la dissidente et d'autres représentants ouïghours au sanctuaire Yasukuni, dont les autorités nippones se seraient bien passées, va certainement déclencher les foudres de Pékin.

Ce sanctuaire shinto est en effet dédié aux 2,5 millions de Japonais morts pour la patrie, parmi lesquels figurent 14 criminels de guerre condamnés lors du procès de Tokyo qui s'est tenu après la défaite du Japon en août 1945.

La Chine et les deux Corées protestent vigoureusement à chaque fois qu'un responsable japonais visite ce lieu de culte qui symbolise pour elles l'agression et l'occupation militaire nippones avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale.

"Nous avons organisé cette visite au sanctuaire car les Ouïghours se rendent toujours dans les endroits dédiés aux personnes mortes pour leur pays", a déclaré Tomoyuki Hirose, membre de l'Association ouïghoure du Japon.

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