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Les cartels mexicains en pleine surenchère morbide

Des soldats mexicains à Monterrey, où a été découvert un charnier le 18 mai 2012[AFP]

La barbarie des crimes commis par les cartels mexicains ces derniers mois met en exergue une surenchère morbide entre groupes criminels rivaux qui terrorisent la population à coups de décapitations, de mutilations et de mises en scènes macabres.

"Ce niveau de violence n'a pas de précédent dans le monde. En Italie, avec la mafia, la violence était très ponctuelle, directe. En Colombie, on a vu des cas comme celui du +meurtrier à la tronçonneuse+, mais rien n'est comparable" à ce qui se passe au Mexique actuellement, estime Martin Barron, expert de l'Institut national de sciences pénales.

Alors que la découverte de cinq têtes humaines dans un bar d'Uruapan (ouest) avait fortement marqué les esprits en septembre 2006, les faits divers de ce type sont devenues quasi-quotidiens. Là où ils se contentaient auparavant d'exécutions sommaires, les cartels torturent désormais leurs victimes et mettent en scène la plupart de leurs tueries.

Dernier épisode en date: la découverte le 13 mai de 49 cadavres décapités, mains et pieds sectionnés, dans des sacs en plastique au bord d'une route du Nord du Mexique.

Ce massacre a été revendiqué par le groupe criminel des Zetas, réputé pour la cruauté et la brutalité de ses crimes, en lutte avec d'autres cartels -notamment ceux de Sinaloa et du Golfe, leurs anciens alliés - pour contrôler la route de la cocaïne vers les Etats-Unis.

Quatre jours auparavant, 18 crânes et des membres humains avaient été trouvés dans deux véhicules abandonnés près de Guadalajara (centre-ouest), la deuxième ville du Mexique.

Cette tuerie a été vue par les autorités comme un acte de représailles après 23 assassinats commis quelques jours plus tôt dans l'Etat du Tamaulipas (nord-est). On y avait alors retrouvé neuf cadavres pendus à un pont et 14 autres décapités. La plupart du temps, les victimes portent des traces de tortures.

Un autre point culminant avait été atteint en septembre 2011 avec la découverte de cinq têtes humaines dans un sac en plastique placé aux portes d'une école d'Acapulco (ouest), provoquant des scènes de panique parmi les parents d'élèves.

Quelle motivation se cache derrière ces mises en scène? Pour M. Barron, les cartels espèrent ainsi "envoyer un message à leurs ennemis" et afficher des "démonstrations de force" face aux autorités.

L'expert y voit également une manière d'attirer l'attention des médias devenus aujourd'hui presque blasés des exécutions "classiques".

Pour Feggy Ostrosky, chercheur de l'Université nationale autonome de Mexico qui tente d'établir le profil psychologique des auteurs de ces crimes, cette extrême cruauté est rendue possible par le fait que les recrues des cartels sont très influençables.

Ces jeunes au chômage ont majoritairement grandi sans repères, devenant ainsi des "hommes manquant de contrôle, d'autocritique et de responsabilité sociale", estime-t-elle.

"Ces personnes intègrent le crime organisé parque qu'il leur offre de fortes sommes d'argent pour des +emplois+ rapides comme l'assassinat", souligne Mme Ostrosky, qui écarte à la fois les profils du fou inconscient et du psychopathe violent.

Le chercheur préfère parler de "sociopathes culturels". Ce sont des gens normaux "qui commencent à fonctionner comme de véritables psychopathes parce qu'il arrivent à considérer leurs victimes comme des +choses+ qu'ils peuvent maltraiter", analyse-t-elle.

Un des exemples les plus célèbre du citoyen ordinaire qui bascule dans l'horreur est celui de Santiago Meza, un maçon payé 50 dollars hebdomadaires qui a fini par céder aux sirènes des narcos et toucher 600 dollars par corps dissous dans l'acide. Il en a torturé et fait disparaître plus de 300 avant son arrestation en 2009.

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