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"Promenade artistique" contre Poutine dans Moscou

Un artiste tient une toile représentant le président russe Vladimir Poutine, lors d'une "promenade artistique" contre le pouvoir, le 19 mai 2012 à Moscou[AFP]

Plusieurs milliers de personnes ont pris part samedi soir à une "promenade artistique" dans Moscou, une semaine après celle organisée par des écrivains qui s'était transformée en une marche d'au moins 10.000 personnes hostiles au pouvoir de Vladimir Poutine.

La "promenade", organisée à l'initiative d'un groupe d'artistes, comprenait un défilé d'oeuvres telles un tank en carton blanc, un lit en fil de fer barbelé, un mannequin de policier en fauteuil roulant, ou un portrait de Vladimir Poutine en débardeur et pantalons de cuir.

Environ 3.000 personnes ont accompagné ce défilé sur le boulevard circulaire du centre de Moscou, selon l'estimation d'un photographe de l'AFP.

Selon le site d'information gazeta.ru, un incident est survenu au début du défilé, lorsqu'un homme a arraché une image de crucifixion ornant une des oeuvres, criant au "blasphème".

Un militant du mouvement Autre Russie d'Edouard Limonov a été interpellé alors qu'il distribuait des tracts appelant à manifester le 31 mai, selon un représentant du mouvement cité par Interfax.

Un des organisateurs du défilé, Iouri Samodourov, a affirmé que les autorités avaient exigé qu'il abrège le défilé de samedi.

"J'ai refusé", a-t-il déclaré à l'agence Interfax.

Le défilé s'est achevé à 21H00 locales comme prévu.

L'opposition russe a entrepris depuis le retour au Kremlin de Vladimir Poutine le 7 mai de trouver de nouvelles formes de mobilisation, à la fois pour échapper à l'essoufflement des grandes manifestations politiques, et pour parer aux contraintes imposées par les autorités.

Dans la même mouvance, un groupe de poètes moscovites s'est rassemblé vendredi pour lire des vers devant un monument érigé en hommage à Ossip Mandelstam, mort dans les camps staliniens en 1938. Des musiciens comptent à leur tour organiser une "promenade" prochainement.

Vladimir Poutine, qui vient de commencer un troisième mandat au Kremlin après ceux de 2000-2008 et un intermède au poste de Premier ministre, n'a guère réagi à ces actions qui mobilisent pour l'essentiel de jeunes citadins de catégories favorisées.

Il a nommé vendredi au poste de représentant du Kremlin dans l'Oural le chef d'atelier d'une usine d'armement, représentant, selon lui, de la "vraie" Russie face aux "fainéants" qui manifestent à Moscou.

La police a dispersé plusieurs campements et sit-in de l'opposition cette semaine dans la capitale, interpellant des dizaines de personnes dont une vingtaine samedi sur la célèbre rue de l'Arbat en plein centre de la capitale.

Les opposants avaient auparavant été délogés samedi matin du boulevard Nikitski, où les forces de l'ordre avaient interpellé 14 personnes, selon gazeta.ru.

Dans la nuit, la police avait dispersé un campement que les militants avaient tenté d'installer depuis deux jours sur une place du centre-ville, après avoir été chassés mercredi matin d'un boulevard où ils avaient campé plus d'une semaine.

La police russe a fait savoir cette semaine qu'elle ne tolérerait plus d'actions de ce type.

Le parti au pouvoir Russie unie a de son côté affiché son intention de faire adopter au Parlement une loi instaurant des amendes pouvant atteindre jusqu'à un million de roubles (25.000 euros) pour les organisateurs ou "participants actifs" de manifestations non autorisées.

Un des dirigeants du mouvement d'opposition Solidarnost, Ilia Iachine, a été condamné jeudi à dix jours de détention pour "refus d'obtempérer".

L'antenne russe d'Amnesty International a annoncé de son côté qu'elle considérait comme "prisonniers d'opinion" les opposants russes Sergueï Oudaltsov et Alexeï Navalny, condamnés la semaine dernière à 15 jours de détention pour les mêmes motifs.

Sergueï Oudaltsov, qui observe une grève de la faim, a été hospitalisé samedi, a indiqué son épouse.

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