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Lima simule le scénario catastrophe d'un séisme

Un étudiant participe à la simulation de séisme à Lima, le 31 mai 2012[AFP]

Les habitants de Lima, mégalopole péruvienne chaotique de huit millions d'habitants située sur la "Ceinture de feu du Pacifique", étaient appelés jeudi à participer à une simulation de tremblement de terre pour tenter d'atténuer le spectre d'un désastre annoncé.

Ce scénario catastrophe donne des sueurs froides aux autorités de la capitale péruvienne, confrontées au manque criant de préparation et de prévention.

"Un tremblement de terre d'une magnitude 8 ou plus pourrait se produire à Lima, faisant plus de 50.000 morts, détruisant des dizaines de milliers d'habitations et causant des dégâts incalculables", explique Susana Villaran, maire de Lima.

"Au Pérou, nous ne sommes pas préparés", dit-elle à l'AFP, "l'ampleur d'un désastre peut être considérablement réduite si nous investissons dans la prévention".

Le Pérou, sur le littoral Pacifique, est situé sur une zone de subduction entre plaques tectoniques et les secousses de magnitude 4 à 5, voire 6, y sont fréquentes. Depuis le début de cette année, au moins cent séismes de moyenne intensité ont été enregistrés.

Mercredi et jeudi, deux séismes de 4 et 4,7 degrés sur l'échelle de Richter ont été ressentis à Lima et dans l'est amazonien quelques heures avant une simulation géante de séisme accompagné d'un tsunami jeudi dans la capitale.

Lima, poumon économique et financier du pays, représentant 47% du PIB, est particulièrement vulnérable en raison de l'urbanisation sauvage de ces dernières années et du manque de prévention.

La capitale péruvienne est construite sur un désert de sable et des sols meubles où plus de 5.000 bidonvilles, comptant deux millions d'habitants, forment une ceinture de pauvreté.

"Sur ces 5.000 bidonvilles, 3.000 se trouvent dans des zones à risque", estime Susana Villaran.

Ces 50 dernières années, deux séismes d'une magnitude supérieure à 7,5 se sont produits à Lima, respectivement en 1966 (200 morts) et 1974 (252 morts).

Un séisme majeur en 1746 détruisit cette ville, où seules 25 maisons restèrent debout, faisant entre 15.000 et 20.000 morts et provoquant un tsunami qui rasa le port voisin d'El Callao. Les répliques se poursuivirent pendant deux mois, selon les historiens.

"Nous devons nous habituer à l'idée que les séismes sont cycliques et doivent se répéter", relève Hernan Tavera, directeur de sismologie de l'Institut de géophysique du Pérou.

Le "silence sismique" de Lima est de plus de 250 ans en ce qui concerne un tremblement de terre majeur de magnitude 8 ou plus sur l'échelle de Richter, comme celui qui a frappé le Chili voisin en 2010, et augmente la probabilité qu'il se reproduise, dit-il à l'AFP.

La vulnérabilité des quartiers portuaires du Callao - où se trouve également l'aéroport international - face à un tsunami, d'anciens quartiers du centre construits en pisé et des faubourgs pauvres sans dispositifs antisismiques, contribueraient à un bilan extrêmement lourd, avertit la Défense civile.

Ces conclusions coïncident avec l'activation de plans de prévention prévoyant en particulier des séries d'inspections de l'habitat et de zones de sécurité, mais plusieurs sismologues reprochent au Pérou d'avoir une "culture sismique" insuffisante.

"Nous avons progressé depuis les séismes en Haïti et au Chili", assure néanmoins la maire de Lima qui relève que les exercices de simulation aident la population à prendre conscience que dans un pays sismique "il faut savoir quoi faire et qui doit faire quoi dans les premières 24 à 72 heures d'un tremblement de terre".

"Il vaut mieux s'alarmer et sauver des vies plutôt que de dire que rien n'arrivera avant 20, 30 ans ou 50 ans", dit Susana Villaran.

Mais, reconnaît-elle dans un sourire, "tous n'ont pas le niveau d'angoisse de la mairie de Lima".

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