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La "mode" à Guantanamo, source de polémique

Des détenus de Guantanamo en tenue orange, réservée dans les prisons américaines Etats-Unis aux plus récalcitrants, le 18 janvier 2002 à Cuba[US navy/AFP/Archives]

La tenue comme arme de combat: les vêtements des détenus de Guantanamo font polémique depuis que les accusés du 11-Septembre ont voulu comparaître en combinaison orange, treillis ou tunique afghane, autant de "modes" interdites par la justice militaire américaine.

Khaled Cheikh Mohammed, le cerveau autoproclamé des attentats du 11-Septembre, voulait porter un treillis paramilitaire revêtu, selon sa défense, "par les combattants et miliciens en conflit armé".

Son neveu et co-accusé Mohammed al-Baluchi avait demandé une coiffe et une veste traditionnelles pakistanaises.

Un autre complice présumé, Moustapha al-Houssaoui, avait réclamé la fameuse combinaison orange des prisonniers, "rappel silencieux de l'héritage de torture de Guantanamo et défi pacifique d'un système bâti pour tuer", a déclaré à l'AFP l'un de ses avocats, Walter Ruiz.

A la veille de leur mise en accusation, le 5 mai dernier, les autorités de la prison, craignant que ces habits ne deviennent outils de propagande, ont remisé au placard les vêtements préparés par les avocats.

Une série de documents judiciaires et de photos, dévoilée cette semaine par le Pentagone, montre les échanges entre l'accusation, les autorités et les avocats des détenus expliquant leur choix et s'offusquant du refus qu'ils ont encaissé.

Le commandant de la prison, l'amiral Walter Woods, "a violé le règlement des tribunaux militaires et a pris une décision arbitraire et capricieuse en refusant aux accusés le droit de revêtir la tenue de leur choix", a écrit la défense dans son recours, qui relève d'un "procès équitable" et de la "présomption d'innocence".

"Les vêtements d'un détenu ne doivent pas transformer ce tribunal en un outil de propagande et entacher l'atmosphère propice à une délibération calme et indépendante", a rétorqué l'accusation.

Le 4 mai, l'amiral Woods a inspecté les vêtements que les détenus souhaitaient porter le jour de leur mise en accusation. Il en a retoqué une bonne partie aux motifs qu'ils pourraient "saper le bon ordre et la discipline" dans le tribunal, "compliquer la capacité des gardes à reprendre contrôle d'un détenu si nécessaire" ou permettre à un accusé "de soustraire des objets non autorisés de la salle d'audience", selon la déposition du chef de la prison.

Il a refusé la combinaison orange réservée aux détenus désobéissants et la veste afghane car "traditionnellement portée en hiver ou par temps froid".

Devant un nombre record de journalistes du monde entier, les cinq accusés des attentats les plus meurtriers de l'histoire américaine sont finalement apparus en tuniques et coiffes blanches traditionnelles. Ils avaient été autorisés à apporter des tapis de prière qu'ils ont déroulés à intervalles réguliers pendant les treize heures d'audience.

La tenue vestimentaire avait alors déjà fait polémique quand Cheryl Bormann, avocate civile de Wallid ben-Attach, un autre accusé, avait fait une entrée remarquée, couverte d'un voile et d'une abaya (robe islamique) noirs, ne laissant apparaître que son visage, et soulignant qu'elle le faisait par "respect" pour les accusés.

Le lendemain Me Bormann était apparue en robe décolletée pour protester contre l'habillement qu'elle jugeait provocateur de la gent féminine servant l'accusation à l'audience.

Le juge militaire James Pohl avait été alerté de la controverse dès l'entrée en scène des cinq hommes. "La règle est que (les accusés) sont autorisés à porter des vêtements non-pénitentiaires appropriés", avait-il dit à l'audience. Et d'annoncer qu'il pourrait bien "revoir" si nécessaire la "mode" à Guantanamo.

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