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Une petite favela de Rio résiste aux JO

A Vila Autodromo, en bordure du lac de Jacarepagua à l'ouest de Rio, il n'y a ni trafiquants ni miliciens. Les 3.000 habitants de cette favela verdoyante dorment la porte ouverte mais ils vivent aujourd'hui sous la menace d'une expulsion en vue des JO de 2016.[AFP] A Vila Autodromo, en bordure du lac de Jacarepagua à l'ouest de Rio, il n'y a ni trafiquants ni miliciens. Les 3.000 habitants de cette favela verdoyante dorment la porte ouverte mais ils vivent aujourd'hui sous la menace d'une expulsion en vue des JO de 2016.[AFP]

A Vila Autodromo, en bordure du lac de Jacarepagua à l'ouest de Rio, il n'y a ni trafiquants ni miliciens. Les 3.000 habitants de cette favela verdoyante dorment la porte ouverte mais ils vivent aujourd'hui sous la menace d'une expulsion en vue des JO de 2016.

Cette petite communauté où les cocotiers sont bercés par la brise est située près du parc olympique que la mairie va construire pour les JO de 2016 et une nouvelle voie rapide doit la traverser. Le prix de l'immobilier a explosé dans la zone et la mairie veut transférer cette favela sur un terrain proche, où elle a prévu de construire des logements sociaux.

Les habitants ont décidé de résister et, avec l'aide d'urbanistes, ont élaboré un plan alternatif.

Dans le jardin de la confortable maison où il réside depuis 23 ans avec sa femme, ses filles et petits-enfants, Pedro Paulo Franklin montre avec fierté ses cocotiers et d'autres arbres fruitiers.

"Le déplacement est absurde. C'est à la sueur de notre front que nous avons construit cela dans ce petit paradis", déclare à l'AFP cet ancien pompier de 71 ans.

 

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Ces habitants de Vila Autodromo, dans le quartier de Barra da Tijuca, où la ville ne cesse de croître depuis plus de vingt ans, ont obtenu un "droit de possession" octroyé par l'Etat pour occuper légalement les terres sur lesquelles ils vivent.

Mais depuis un certain temps et sous divers prétextes -depuis la pollution visuelle jusqu'aux besoins des JO-, ils vivent sous la menace d'être délogés.

"Notre gouvernement c'est Robin des bois à l'envers: on retire aux pauvres pour donner aux riches. Je résisterai de toutes mes forces car ce terrain est légalement à nous", explique Altair Guimaraes, président de l'Association des habitants de Vila Autodromo.

Adossée au portail de sa maisonnette qui donne sur un beau jardin, Antonia Henrique Macena, 70 ans, s'inquiète.

"Je ne comprends pas bien car je ne sais ni lire ni écrire. Mais il y a tellement longtemps que nous habitons ici. Où veulent-ils nous emmener?", demande-t-elle à l'AFP.

Le plan B des habitants

Les habitants se sont organisés et, avec l'aide d'un groupe d'experts universitaires, ont élaboré un plan d'urbanisation qui prévoit l'asphaltage des ruelles, la mise en place du tout à l'égout, et la construction d'une école et d'une crèche. Ils ont remis ce plan la semaine dernière au maire de Rio, Eduardo Paes qui, en pleine campagne pour sa réélection, a promis de l'étudier.

"Nous avons acquis un terrain à 500 m de là pour construire des logements populaires (...) Nous allons tout faire pour respecter les droits de l'homme", a répondu le maire.

Le gouvernement veut expulser la communauté "parce qu'elle se trouve dans une zone d'intense valorisation immobilière", affirme à l'AFP le professeur Carlos Vainer, l'un des experts ayant participé au plan alternatif.

"Du point de vue politique, environnemental, urbanistique et financier, le plan des habitants est bien meilleur", assure-t-il.

Selon M. Vainer, il n'est pas nécessaire que la nouvelle voie rapide traverse la favela : "dans le projet, ont voit que la route +transolympique+ va en ligne droite et fait un détour pour traverser la favela. C'est uniquement pour créer un argument en vue de l'expulsion".

Interrogée par l'AFP, la mairie a avancé que la raison du déplacement était que "les deux tiers de la favela se trouvent dans une zone protégée" et que la plupart des habitants vivent dans des conditions "insalubres".

A Rio, plus de 22.000 personnes courent le risque d'être déplacées et 8.000 l'ont déjà été, selon le comité populaire de la Coupe du monde de football 2014 et des JO 2016 (CPCO), un réseau de mouvements sociaux contre les expulsions.

"Vila Autodromo est un symbole, mais cela se passe dans toute la ville", a déploré Renato Cosentino, porte-parole du CPCO.

 

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